Ne l’a-t-il pas giflée ?

Quattenens en août à l’Assemblée
(Photo AFP)

Élu de la France insoumise, Adrien Quatennens s’est soumis à la procédure du plaider-coupable et a été condamné à quatre mois de prison avec sursis. La question se pose maintenant de savoir s’il doit ou non démissionner.

DE TOUTE évidence, M. Quatennens a bel et bien l’intention de revenir à l’Assemblée. Son respect de la procédure judiciaire est immense, mais le voici qui fournit une explication exclusivement politique à ses déboires : il accuse le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’avoir fomenté un complot contre lui. C’est un genre d’accusation plausible dans le microcosme politique actuel, mais pas dans le cas de M. Quatennens : il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, le harcèlement auquel il s’est livré contre sa propre épouse et la gifle qu’il lui a administrée un jour.

Il y a d’autres suspects.

Certes, on ne l’aurait jamais su si la presse n’avait pas fait son travail, et les informations publiées sont livrées en général par des sources politiques mal intentionnées. Encore faudrait-il que M. Quatennens dispose de munitions, c’est-à-dire de preuves, contre M. Darmanin. Sur lequel les soupçons pèsent naturellement car il est d’une droite très hostile à la gauche, et surtout celle de M. Mélenchon ; mais il se trouve, que si M. Quatennens a été condamné, c’est principalement parce que les féministes du mouvement écologiste et aussi ceux de la France insoumise se sont rués sur l’affaire sans indulgence pour le député LFI et qu’il serait logique de chercher ses accusateurs à gauche plus qu’à droite.

Un procès en diffamation.

M. Darmanin, qui n’aime pas être instrumentalisé, a aussitôt intenté à M. Quatennens un procès en diffamation. De sorte que le député LFI, à peine sorti d’une pénible affaire, risque d’être condamné une seconde fois. Surtout, son système de défense est à la fois simpliste et enfantin : même si son sort a été décidé par des politiciens mal intentionnés, la réalité des faits établis par la justice et que lui-même reconnaît demeure.

L’important, c’est de cacher le délit.

De sorte que si, en définitive, il s’est rendu à la justice, il n’éprouve aucun regret. Ce n’est pas sa faute. Pire, ce n’est pas grave de harceler sa femme et de la gifler. L’essentiel est que cela ne se sache pas. Un point de vue que partagent tous les maris intolérants et violents, qui est très justement combattu par les féministes, qui a donné naissance à MeToo et à un formidable changement d’attitude de tous les hommes d’une bonne partie de la planète.

Au fond, il s’estime innocent.

Faut-il que M. Quatennens soit désespéré pour tenter d’effacer sa faute en accusant un autre précipitamment, c’est-à-dire sans preuves ? Au fond, dès lors que le député LFI veut retourner à l’Assemblée, c’est qu’il s’estime innocent et, s’il a plaidé coupable, c’est pour ménager les féministes de son camp auxquelles il a généreusement donné une livre de chair, mais sans y croire lui-même. Un élu de la République qui ne croit ni à la justice de son pays ni à la force juste du féminisme ne devrait-il pas renoncer à la politique ?

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Ne l’a-t-il pas giflée ?

  1. Jean Vilanova dit :

    La mécanique glaçante du discours d’Adrien Quatennens m’a toujours étonné. Et inquiété. Dans un monde d’une extraordinaire complexité, en soubresauts permanents, dont personne ne peut prédire ce qu’il adviendra la semaine prochaine, voilà un jeune homme qui a réponse à tout et qui méconnaît le doute, ce même doute qui, pourtant, ouvre voie à la sagesse et nourrit l’intelligence.
    Mais Adrien Quatennens est la parfaite voix de son maître, le petit conducator agité pour qui, à l’instar de tout apprenti dictateur, le monde est simple.
    Or voilà que l’affaire de la gifle infligée à son épouse dévoile un autre aspect de sa personnalité. A le lire depuis deux jours – et cela m’est pénible – il se pare carrément du manteau de la victime. Pour autant, il y a pire encore quand il laisse entendre dans un twitt que si, comme « les autres », il avait nié l’agression, il n’en serait pas là.
    « Les autres » en question, plus précisément les lâches peuvent se frotter les mains!
    Si j’ai bien compris le message en effet, il semble qu’il vaut mieux nier les violences à une compagne afin de s’éviter les suites judiciaires et avoir la paix, médiatique en ce qui le concerne. Quel bel exemple de la part d’un représentant du peuple !
    Adrien Quatennens a-t-il seulement conscience de la gravité d’un tel propos ? A-t-il conscience de la gifle qu’il inflige, cette fois non plus seulement à son épouse mais à toutes les femmes, battues ou non ?
    A l’indignation que je ressens se mêle aussi un sentiment de tristesse face à la dérive d’un homme.

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