Une crise inéluctable

C’est Martinez (CGT) qui est content !
(Photo AFP)

Le gouvernement et les syndicats se sont ligués pour déclencher un orage parfait : la mise en place de la réforme de la retraite se traduira par des grèves et manifestations les 19 et 26 janvier et une immobilisation des salariés du secteur pétrolier.

ET CE NE SERA qu’un début. Une sorte de fatalité nationale veut qu’un conflit social se déroule dans la protestation. Pour la première fois depuis longtemps, les syndicats son unis dans un consensus hostile à la réforme, alors que le gouvernement est en train de passer un accord avec les Républicains qui lui assure la majorité absolue à l’Assemblée.À quoi les syndicats objectent que, selon les sondages, une grosse majorité (70 %) est hostile à la grève. En outre, les syndicats appellent à un retrait pur et simple du projet.

Un hiver dur.

Ce que l’exécutif n’a nulle intention de faire dès lors qu’il n’est plus seul et ne sera pas obligé de recourir à l’article 49/3 de la Constitution. À l’intransigeance  absolue des syndicats et de l’opposition politique répond celle du gouvernement qui estime disposer des éléments indispensables à l’adoption du projet. La fin de l’hiver sera donc dure et coûteuse et seul l’horizon des grandes vacances permet vaguement d’espérer un retour au calme. L’attitude totalement irréductible des syndicats ne laisse pas croire qu’ils finiront  par prendre le train en marche.

Une crise politique.

Tout cela est fort regrettable dans la mesure où, par une sorte d’auto-imprégnation collective, la réforme est récusée et enterrée. L’exécutif ne peut pas la réaliser sans le concours de ceux qui lui sont hostiles. Le piège était donc tendu depuis que le président de la République a annoncé la réforme. La crise ouverte par le lancement du projet n’est pas vraiment sociale, mais politique. C’est une façon de rappeler au président qu’il ne dispose que d’une majorité relative ; de récuser l’idée, cent fois mentionnée par lui, que la légitimité de sa politique lui vient de sa réélection à une second mandat ; et d’envoyer aux pelotes ceux qui, depuis l’année dernière, le déclarent minoritaire alors que le terme est infiniment plus applicable à eux qu’à lui.

La satisfaction discrète des syndicats.

La complexité du projet ne permet pas à ses détracteurs d’en faire publiquement l’analyse. Pourquoi il faut le réaliser, en quoi il serait plus juste que le précédent système, résout-il le problème posé par les inégalités, ces questions restent dans l’ombre car elles élicitent des réponses trop alambiquées. Ce qui ne signifie pas que le débat est impossible, il existe et il se poursuit, chaque jour avec de nouveaux éléments. Pourquoi le pouvoir lui est-il si favorable et les syndicats si hostiles, on ne le sait pas vraiment. On se demande donc si la crise n’est pas le terrain de jeu favori des partenaires sociaux, s’ils ne sont pas  contents de s’ébrouer dans un espace qu’ils ont créé d’un coup de boutoir.

« Président des riches ».

Après tout, s’ils en sont à « poursuivre la lutte pour la retraite à 60 ans », c’est que leur combat sert à maintenir indéfiniment le statu quo. Tout, dans le comportement syndical, pourtant héritier de Germinal, relève d’un conservatisme crasse. Ils ont condamné Macron à être éternellement le président des riches, et ils s’en satisfont, comme s’ils ne pouvaient trouver de meilleur slogan. Le chef de l’État sait tout cela depuis longtemps. Son idée, c’est de prendre à parti ceux qui sont prêts à faire tant de sacrices pour empêher la réforme de passer. Entre le pouvoir et ceux qui le contestent, l’électorat se brise comme une coque de noix.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Une crise inéluctable

  1. Dominique S dit :

    Cette réforme est-elle juste ou injuste ? Combien de personnes en France ont la compétence technique pour répondre à cette question ? En tout cas, je n’en fais pas partie.

  2. woznica dit :

    Le rôle des syndicats, est social, et non politique, conservateur, et d’ exhaler la haine de certains

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