Brigitte Macron critiquée

Brigitte Macron lance l’opération « Pièces jaunes »
(Photo AFP)

Il ne suffisait pas à l’opposition de passer le plus clair de son temps à brocarder Emmanuel Macron. Voilà maintenant qu’elle s’en prend à son épouse, jugeant qu’elle exprime trop souvent son opinion. 

CE NE SERA pas un débat historique, mais le comportement de ceux qui font métier de battre la macronie matin et soir se sont trouvé une nouvelle cible, en l’occurrence Brigitte Macron. Elle n’aurait pas soufflé mot que, de toute façon, ils lui auraient reproché sa coiffure ou sa tenue. Il n’y a aucune limite à ce torrent de haine. Il est consubstantiel à la politique telle qu’on la pratique aujourd’hui contre un président qui n’a pas la pudeur de cacher l’amour que lui inspire son épouse, mais a le courage de le faire savoir.

La main dans la main.

Il est certain que Brigitte Macron apporte un soutien à son mari. En serait-il autrement que nous aurions affaire à un cas flagrant de déloyauté conjugale. Inutile d’espérer ce genre d’évolution : les Macron vont main dans la main, totalement indifférents aux regards courroucés et aux propos abjects qu’il vaut mieux ne pas relever si on ne veut pas se doucher après. Que le jeune Emmanuel soit tombé amoureux de sa professeure de théâtre à Amiens fait partie de la chronique des tabloïds, n’a rien à voir avec la politique, sinon que ce genre d’événement est assez rare pour que, appliqué à la présidence de la République, il puisse être positif ou négatif.

Une attitude importée d’Iran.

Mais la présidente n’est pas obligée de soumettre ses propos à la censure avant d’obtenir l’autorisation de s’exprimer. Nous sommes tous vent debout contre le sort que les ayatollahs réservent aux femmes iraniennes, mais en exprimant la gêne ou l’embarras que sa liberté  apporte à certains d’entre nous, nous ne faisons qu’imiter, de la manière la plus atroce et dérisoire, les prêtres qui croient détenir la parole de Dieu mais en réalité donnent une traduction sociale à leur propre refoulement. Personne ne peut nier la classe de Mme Macron, son abondante culture et son ambition pour la jeunesse française. Au nom de la réforme des retraites, on ne saurait piétiner toutes les valeurs que porte notre société.

Ni un sacerdoce ni une vocation.

Ce que dit ou fait Brigitte Macron relève de la vie privée et il y a beaucoup d’indécence à la surveiller comme le lait sur le feu. Être la femme d’un président n’est ni un sacerdoce, ni  une vocation, ni un poste électif. Sa parole ne compte que dans le cadre de la communication, celle qui a embrasé toute la vie politique. Si on l’attaque, c’est pour la forcer  à rejoindre le camp politique de son époux, ce qu’elle a fait depuis longtemps puisqu’elle ne lui cache pas les idées que lui inspirent, à elle, ses actions à lui.

Procès de la féminité.

Les raisonnements les plus éculés roulent sur des notions périmées : la femme du président n’est pas élue, elle doit donc se taire et même pas s’extasier devant un beau tableau. Dites-moi un peu, a-t-il été réélu parce qu’elle admire la Joconde ? Sans doute la bataille politique, aujourd’hui, se déroule-t-elle dans une obscurité croissante qui augmente les tensions et la peur. Mais il ne faut jamais ignorer le moment de recourir à l’humour ni oublier que certains comportements sont parfaitements dérisoires. Trop d’élus ont l’air d’avoir avalé un parapluie, qui se promènent en jetant l’anathème sur la liberté d’expression. Ils ont décidé de passer au scanner la coiffure et le maquillage de Mme Macron, ils plaisantent sur son âge, autre forme particulièrement sournoise de leur méchanceté, et ils espèrent ainsi atteindre Emmanuel Macron.

Félicitations.

Du coup, ils en oublient la guerre en Ukraine qui les rend muets, les régimes autoritaires qui sèment la terreur dans les populations, et le réchauffement climatique, sujets autrement plus sérieux que la mine et l’âge de Mme Macron : nous devrions, en réalité, la féliciter d’être ce qu’elle est, comme elle l’est et de résister, avec la force gracile des femmes sûres de leurs droits, aux manœuvres mesquines d’une classe politique qui bouscule toutes les frontières.

RICHARD LISCIA