Retraites : fin du premier épisode

Elisabeth Borne avec Franck Riester
(Photo AFP)

La discussion, incomplète à l’Assemblée, se poursuivra au Sénat. On verra alors si la majorité des Républicains votera en faveur de la réforme. Il suffirait qu’une partie des Républicains votent en fonction de leurs convictions pour que Macron obtienne sa majorité. Mais la marque des partis est devenue l’indiscipline. Il y a  une confusion complète entre la défense des citoyens inscrits à LR et leur engagement en faveur de la réforme. La tentation est trop grande de contribuer à un échec majeur de Macron. 

IL SE PEUT que la majorité droite classique plus majorité relative de M. Macron suffise à faire le travail. Les Républicains ont préféré avoir quelques dissidents témoins de leur liberté que d’obliger tous leurs bataillons à voter en faveur de la réf0rme. La majorité s’est fait énormément d’illusions jusqu’à présent. Si elle continue sur cette voie, elle est certaine de courir à un échec. La situation parlementaire, marquée par des alliances et des mésalliances veut convaincre les sénateurs républicains de rallier la réforme,  ce que n’ont pas fait leurs homologues de l’Assemblée. L’ambiance est de se méfier.  On ne fait cofiance à personne.

LR veut un destin exceptionnel.

M. Macron conscient des enjeux et cherche un ultime moyen de convertir assez de Républicains pour trouver une majorité. Il est arrivé à l’heure de vérité. Les élus républicains se cherchent un destin exceptionnel et pourraient préférer être associés à la chute de la réforme qu’à son succès. On se permettra alors de rappeler que ce gouvernement n’est pas exactement une bande de bras cassés. Il a surmonté le Covid et permis  à l’économie de rebondir. Le taux de chômage n’a jamais été aussi bas, les perspectives pour les années à venir sont encourageantes et il n’y a aucune raison, sinon celles de la politique qui incite la droite à voter contre son propre programme, de renoncer à la réforme. Mais, aussi bizarre que soit le vote de LR contre ses propres idées, la politique a changé de direction.

On ne peut plus compter sur LR.

On ne plaisante plus. Si LR s’estime libre de voter au cas pas cas, c’en sera fera fini de la croissance et de la stabilité. On n’est pas libre si on vote contre soi-même. D’autant que le bilan de Macron, ramené à sa réforme des retraites serait bien insuffisant. Il a fait autre chose et peut exciper de quelques succès socio-économiques que les partis ne sont pas prêts à reconnaître. On avait écarté le 49/3 pour la réforme des retraites, voilà qu’on y retourne ; et dans les cabinets ministériels, on n’a jamais autant parlé d’une dissolution de l’Assemblée. Ce qui veut dire que cette réforme, mère de toutes les batailles, ne passera pas si Macron ne se livre pas à un exercice de sidération. Il est même question d’un remaniement.

Le « quoi qu’il en coûte » n’était pas éternel.

Ça passe ou ça casse. Les réformes ne sont jamais terminées, il faut sans cesse penser à la prochaine ; la France ne se portera mieux que si elle réduit son déficit public et sa dette. Le procès que les syndicats font à Macron n’a aucun sens : je ne vois pas pourquoi nous ne pouvons pas viser une retraite à 65 ans qui existe ailleurs en Europe. En outre, nous ne relèverons pas le défi environnemental si nous ne comblons pas d’abord le trou des retraites. Nous ne pouvons pas réindustrialiser le pays si nous n’offrons pas aux entreprises un contexte favorable. Notre voix ne portera pas en Europe si, en matière d’endettement, nous sommes le plus mauvais élève. Une partie de l’opinion est étonnée parce qu’elle a cru  un « quoi qu’il en coûte » éternel. Il y a un temps pour l’indiscipline et un temps pour l’avarice.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Retraites : fin du premier épisode

  1. Laurent Liscia dit :

    Mais c’est comme Star Wars! Episode 1 : le Mal progresse. Episode 2 : De Mal en Pis. Episode 3: La République vaincra peut-être ?

  2. doriel pebin dit :

    Merci pour la lucidité de votre billet. Il n’y a rien à ajouter sauf constater l’état d' »adulescence » d’une bonne partie de la société française. Où est l’intérêt commun pour la nation ? Pourquoi sommes-nous de plus en plus incapables de nous réformer avec un dialogue social comme en Allemagne ? Nous devons tous balayer devant notre porte. Quand la guerre frappe à notre porte et que le dérèglement climatique devient plus visible chaque année, l’objectif n°1 actuel est-il la retraite avant 64 ans ! C’est bien triste quand on pense qu’elle était à 65 ans avant Mitterrand (?).

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