LR : une crise profonde

Aurélien Pradié
(Photo AFP)

Les dommages collatéraux de la crise sociale sont innombrables : pouvoir affaibli, oppositions azimutées, contexte intérieur et extérieur alarmants, Les Français semblent se venger de leurs succès contre le Covid et l’inflation ou regretter la baisse du taux de chômage. À l’heure du bilan, on s’apercevra que les partis d’opposition ont tout autant souffert que le majorité.

La sortie d’Aurélien Pradié, député du Lot, soudain soucieux du sort des carrière longues ou commencées avant  20 ans, n’en est que plus surprenante. On peut très bien, par souci d’équité, croire à sa parole : ses remarques ou exigences sont calquées sur son engagement politique auquel se sont ralliés quelque autres députés LR. Mais qu’il admette aussi qu’il n’est pas insensible au chaos parlementaire, qu’il fait le jeu de la Nupes et du RN, et que sa démarche a tous les attributs de la surenchère.

Quelle alternative ?

Le vent de la liberté emporte beaucoup trop de scrupules sur son passage ; on ouvre de nouvelles portes avant d’avoir examiné le fonds de l’affaire ; on exerce nonchalamment son droit à ses quinze minutes de gloire médiatisée, la crise, le bruit, la fureur, tout conspire à la mise en œuvre d’une salade niçoise.  Depuis des mois, Macron, pourtant réélu, est éreinté de toutes parts ; s’il était utile de confondre le président, je serais le plus enragé de ses censeurs ; ce qui m’étonne, de fait, c’est que personne, ni à gauche ni à droite, ne s’inquiète de l’alternative.

Le choix.

Il n’y en a aucune. Macron a été réélu jusqu’en 2027. À vous de voir si vous voulez une France apathique, sensible aux sirènes de l’extrême droite ou soumise au lavage de cerveau par l’adorateur de Castro, Chavez et Poutine. Il ne s’agit pas d’inaugurer les chrysanthèmes ni de céder au tout-verbal. S’il est indispensable que s’expriment toutes les convictions nationales, il n’est pas utile de traiter l’adversaire politique d’assassin.

Ces juges de l’Assemblée.

Il est surprenant que l’Assemblée nationale n’ait pas été plus critiquée par la presse. Les agresseurs professionnels qui ont empoisonné les débats ont été sanctionnés mais seulement pour quelques jours. Il y a toujours une méfiance à l’égard du juge, car il n’est que le collègue du député puni. Un élu RN ou Nupes ne reconnaîtra jamais la décision négative du bureau de l’Assemblée ou se lovent ces serpents que sont les députés de la majorité.

Parlez, Macron !

La France est affaiblie. La démocratie tangue et frôle le naufrage. M. Pradié, lui, fait comme si jamais la République n’avait été aussi solide et peut s’offrir le luxe du perfectionnisme social. Les Français sont difficiles à comprendre, eux qui rejettent finalement le principe d’une réforme indispensable, il n’empêche qu’ils ne savent nullement où les conduit la voie royale où elle les a engagés. Il ne suffit pas que le président tienne bon. Il ne suffit pas qu’il s’arqueboute sur son pré-carré. Il faut qu’il tonne de la voix, qu’il cogne la table, qu’il élève le ton et qu’il exige que la droite classique cesse de tourner au tour du pot : elle doit voter avec la majorité une réforme qu’elle ne peut pas désavouer.

Les bras ouverts.

La visibilité, d’ici à l’horizon, est à peu près nulle. Nous ne savons pas qui l’emportera, les destructeurs de l’opposition ou les partisans de la retraite. Mais la question n’a jamais été la défaite du président. L’enjeu, c’est la cohérence des actions politiques : nous sommes pour la réforme de la même manière que nous sommes avec l’Ukraine ; contre la guerre et contre le cynisme russe ; pour l’occidentalisation du monde et non pour l’obscurantisme. La majorité n’est pas un groupe fanatique lié par un serment. Ce sont des bras ouverts à d’autres Français de bonne volonté.

RICHARD LISCIA 

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Une réponse à LR : une crise profonde

  1. Jean Vilanova dit :

    Il y a quelques mois, lors de la présidentielle, Aurélien Pradié était le porte-parole de Valérie Pécresse qui, au nom des LR, prônait un départ en retraite à 65 ans. Aujourd’hui, changement de ton. Il fustige le projet gouvernemental, certes mal ficelé et bancal mais quelque peu en retrait par rapport à celui de la candidate LR après les aménagements consentis par Elisabeth Borne, justement pour obtenir le soutien de ce parti en vue du vote de la loi par l’Assemblée. Où est sa cohérence, comme celle des LR d’ailleurs ? En vérité, derrière son discours martial, je ne peux m’empêcher de penser que le jeune homme a une colonne vertébrale en caoutchouc. Et puis le quart d’heure warholien de gloire, quel doux vertige ! Enfin, comme il est visiblement de ces hommes politiques dont on lit les arrières pensées à peine ont-ils ouvert la bouche – en général, ceux-là ne sont guère les plus étincelants – on le devine devant sa glace en train de rêver à un destin présidentiel, près à en découdre avec Philippe, Wauquiez, Lemaire, Darmanin, Bayrou et qui d’autres encore. La droite picrocholine se met en ordre de bataille, sans même parler de la gauche noyée dans les eaux glacées de la Bérézina. Quant à Marine Le Pen, tranquille, elle file sa pelote. La France est décidément bonne fille.

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