Macron au Salon

Un moment agréable
(Photo AFP)

Le Salon de l’agriculture est-il la clé du succès présidentiel ? En tout cas, divers présidents, sinon tous, ont estimé que, sans ce Salon, ils n’avaient pas d’avenir. Dimanche, Emmanuel Macron y a passé quelque 14 heures. S’il y était resté quelques heures de moins, aurait-il perdu la confiance des agriculteurs ? Et, inversement, l’a-t-il gagnée en leur accordant autant de son temps précieux ?

ON SE SOUVIENT que François Mitterrand n’aimait pas trop se rendre au Salon de l’agriculture, mais que Jacques Chirac adorait la visite (et l’enthousiasme qu’il y trouvait). Le Salon, pourtant, est une immense caverne où, pour mieux défendre la qualité des produits agricoles et viticoles, le président est censé manger et boire un peu de tout. La France produisant 360 types de fromage et un nombre élevé de vins, la pression gastronomique sur le président est forte. Je me demande si, au lendemain de cette très pénible expérience, il n’a pas été un peu malade. La tradition a créé un marathon culinaire forcé qui met à l’épreuve l’organisme présidentiel. En outre, bien qu’entouré par ses gardes du corps, le président doit engager des conversations qui tournent parfois au vinaigre, par exemple quand Nicolas Sarkozy a dit « Casse-toi, pauvre con ! » a un paysan particulièrement agressif.

Peuple supérieur à ses élus.

M. Macron s’est bien gardé de provoquer l’assistance. Ce qui n’a pas empêché un jeune homme de s’en prendre à lui au sujet de la politique environnementale du gouvernement. Comme le président tentait de lui donner la réplique, le jeune homme a déclaré qu’il avait dit ce qu’il avait à dire et que la réponse ne l’intéressait pas. Ce serait humiliant pour le chef de l’État si son interlocteur ne s’était montré désagréable et hargneux, au mépris de toute bienséance, courtoisie et respect dû à la fonction. Dans l’esprit de nombre de nos concitoyens, l’égalité commence par la supériorité du peuple sur celui qu’ils ont élu. Dès lors qu’il bénéficie du privilège présidentiel, il devient taillable et corvéable à merci ; et lors des manifestations publiques, on peut le démolir, le briser, le torturer.

Une affaire guignolesque.

Macron a regretté de n’avoir pu ouvrir son millième débat sur son millième dossier. Car il s’était donné le temps d’engager plusieurs dialogues et, s’il était parti plus tôt, il aurait échappé à l’agression verbale. Célébrer l’industrie agro-alimentaire, c’est certes encourager la filière. En faire un théâtre de Guignol où le spectacle vient des spectateurs avides de tirer sur les marionnettes, c’est une autre affaire. Vous me direz que M. Macron n’est pas président à vie et qu’il sera déchargé de toute inauguration des chrysanthèmes en 2027. Encore quatre ans… À n’en pas douter, il y a des compensations aux corvées présidentielles. L’exercice du pouvoir ne va pas sans un certain décorum et l’art personnel de Macron, c’est d’agir en toute simplicité dans un moment où tous les feux convergent vers lui.

Au-delà du mandat.

Après un second mandat très agité, on ignore ce que le président Macron voudra faire. Je ne crois pas qu’il se rende en simple citoyen au Salon de l’agriculture, ni qu’il s’adresse aux gens pendant les entractes à l’opéra, ni qu’il essaie de jouer un rôle dans les coulisses. La politique et les élections sont devenus des terrains extrêmement dangereux pour les candidats. On ne s’y aventure pas sans rencontrer les obstacles que dressent des rivaux. Je suis sûr de la solitude de Macron : naïvement, il a cru qu’il serait aimé pour sa prestance et son éloquence, et très vite, il s’est heurté à une montagne de colère et de rancœurs. Ce n’est pas quelqu’un qui se dira déçu au terme de sa carrière.  Et il commencera une activité « civile » avec courage et sans nostalgie.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Macron au Salon

  1. Martin dit :

    Vous oubliez de parler du mépris de cet homme pour ce qui n’est pas lui. Ce qui ne justifie évidemment pas l’intervention agressivement arrogante du jeune environnementaliste du salon.

    Réponse
    Ce « mépris » a uniquement été fabriqué par les médias et l’opinion. Macron s’est exposé constamment à des discussions dangereuses pour lui physiquement.
    R.L.

  2. Dominique S dit :

    Sarkozy avait tout à fait raison en disant que Macron, c’était lui en mieux. Le test de l’agression verbale au salon de l’agriculture l’a montré une fois de plus. J’aimerais que votre lecteur « Martin » nous dise sur quoi il se base pour affirmer que Macron est méprisant. Ne serait-ce pas plutôt de la jalousie vis-à-vis de ce président quadragénaire à qui tout réussit (même de se faire réélire) ?

Répondre à Dominique S Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.