Le Graet se rebiffe

Noël Le Graet
(Photo AFP)

L’affaire Le Graet n’est pas terminée. L’ex-président de la Fédératioon française de football (FFF) a démissionné de ses fonctions, mais il reste dans la « maison » à des titres divers, sans responsabilité. Accablé par un rapport qu’a commandé la ministre des Sports, Amélie Oudéa Castéra, il estime que ce texte a été rédigé à charge et il intente un procès en diffamation contre la ministre. 

EN SE LIVRANT à du harcèlement et à des agressions sexuelles, Noël Le Graet a commis des actes incompatibles avec le sens de l’éthique qu’est obligé d’avoir tout patron de la FFF. D’aucuns en concluront que le jeu se complique, mais on ne voit pas comment des juges seront en mesure de rendre à M. Le Graet ses fonctions antérieures. D’emblée, l’ex-président aurait dû comprendre qu’avec une femme ministre, il avait tout intérêt à faire profil bas, d’autant que Mme Oudéa Castéra est connue pour son ferme caractère. Tous les propos de la ministre sur Noël Le Graet trahissent son indignation et même sa colère. Et on peut soupçonner M. Le Graet de dénoncer un texte qu’il prétend mensonger mais qui décrit une réalité fréquente dans tous les milieux.

Un abus de pouvoir.

La gravité des faits reprochés à M. Le Graet est liée aux fonctions qui ont fait de lui le monarque absolu auquel les femmes n’oseraient pas dire « non ». C’est donc aussi un abus de pouvoir et la juste sanction est de châtier le coupable. Si M. Le Graet avait brillé à la tête de la FFF, il aurait réformé l’institution car son procès  est aussi celui de la Fédération. Les spectateurs de football ne sont pas tous choqués par la corruption ou les passe-droits consentis à des amis. Pourtant il s’agit de la contamination d’une grande entreprise publique et l’affaire Le Graet n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Une forme d’aveuglement.

Ce n’est pas un hasard si le procès en diffamation oppose un homme à une femme. M. Le Graet croit que Mme Oudéa Castéra est plus vulnérable qu’un homme. C’est tout le contraire. L’ascension du féminisme dans notre société est de plus en plus crainte par les hommes, de sorte qu’ils se mettent souvent sur la défensive. L’autre aspect du comportement de Noël Le Graet, c’est la certitude qu’il serait indéboulonnable en toute circonstance. C’est une forme d’aveuglement.

Un procès boomerang.

Cet aveuglement explique que M. Le Graet persiste et signe. Il n’a jamais pensé que courir le guilledou était répréhensible, que les hommes doivent respecter les femmes, que lui-même devait donner l’exemple en s’adressant aux femmes d’une manière strictement professionnelle. Le procès va agir comme un boomerang qui lui reviendra à la figure. Les accusations risquent d’être confirmées et d’ouvrir la voie à une condamnation pénale. Voilà comment une affaire de faible amplitude peut se transformer en désastre personnel.

La justice passera.

De toute façon, le pouvoir est fugace et seule compte la FFF, qui a un furieux besoin de se réformer comme beaucoup d’institutions françaises. L’ordre établi dans le foot français est assis sur de nombreux conflits personnels et, parfois, sur la corruption. C’est parce que le foot est le lieu des émotions les plus extrêmes. Assister à un match, cela revient à sortir de soi et à éprouver un immense enthousiasme pour le spectacle. La justice, en tout cas, fera son travail ; elle jugera en toute impartialité et en toute souveraineté.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Le Graet se rebiffe

  1. Jean Vilanova dit :

    Ce triste personnage me fait penser au notaire Ferrand des Mystères de Paris d’Eugène Sue, livre que je viens de relire. Vulgaire, relâché, sinistre, de surcroît prédateur à en croire les témoignages des femmes qui ont eu la malchance de le côtoyer professionnellement. Il est bien à l’image de son sport aujourd’hui gangrené par le racisme et la violence, où des mercenaires incultes, multi-millionnaires à grosses montres et voitures de sport vont au plus offrant, y courant plus vite encore que derrière leur ballon. Indécent.

    • Vous faites le procés du foot professionnel, ce n’est pas le sujet. Par ailleurs, vous vous basez sur des affirmations sans preuves, cela me gêne beaucoup.
      Réponse
      Je vous propose d’attendre le verdict au terme du procès. Je n’en dis pas plus pour ma part.
      R. L.

  2. Cette curée anti-Le Graet est ridicule. Quand je lis ou écoute la seule femme identifiée dans cette histoire où est le harcèlement sexuel (qu’elle suggère mais n’affirme pas) ?
    Les articles de l’Équipe (interview de cette femme et de Le Graet) n’apportent aucun élément probant. Il y a de plus conflit d’intérêt pour cette agente de joueurs. Le Graet n’est pas homme à se laisser faire et ne lâchera pas la ministre sans preuve formelle. La seule chose qu’on peut lui reprocher, c’est son amour du champagne !

    Réponse
    Amour du champagne qui est sans doute la cause du harcèlement sexuel.
    R. L.

  3. M. Liscia pouvez-vous publier in extenso le rapport contre le Graet…et qu’il conteste. Pardonnez-moi mais dans votre article il n’y a que votre avis, je crois pouvoir dire à charge. Aucune description du travail effectué par le Graet, travail reconnu par beaucoup de vos confrères sportifs…pourquoi ?

    Réponse
    Dans mon article, il n’y a pas que mon article. Il y a aussi le vôtre. Publier le rapport in extenso serait absurde. Personne ne le lirait. Si Le Graet vous inspire beaucoup d’affection, ce n’est pas mon cas. Enfin, personne ne nie que Le Graet a beaucoup travaillé ; moi aussi et peut-être que vous aussi vous avez beaucoup travaillé. Mais il est anormal qu’un bureau soit transformé en alcôve.Merci néanmoins d’avoir signé vos interventions. Mais si le rapport est à charge, les faits sont incontestables.
    R. L.

Répondre à daniel herbert Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.