Un double bras d’honneur

Olivier Marleix
(Photo AFP)

Un incident s’est produit hier à l’Assemblée nationale. Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a fait un double bras d’honneur au président du groupe LR, Olivier Marleix, après que celui-ci eut récité la litanie des affaires où sont compromis des élus de la macronie.

ASSURÉMENT, l’ambiance à l’Assemblée nationale reste extrêmement tendue. C’est le résultat normal d’une tension née du régime des partis si peu adapté à la Cinquième République. Le discours de M. Marleix n’avait rien à voir avec l’actualité. Son texte avait pour seul objectif de prendre ses distances avec la majorité au moment où les Républicains sont tentés de la rejoindre pour voter la réforme des retraites.

Pas besoin d’ennemis.

Ce n’est pas la première fois que M. Marleix adopte une telle attitude. Pas un mot n’est dit dans les tractations sur la réforme qui ne soit assorti d’une agression verbale contre la macronie : avec de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis ! Cependant, la majorité, cernée par les oppositions, n’a pas d’autre choix que de trouver l’indispensable réserve de suffrages chez les Républicains. On mesure ainsi le rôle essentiel que joue LR qui, conformément au schéma formé par la dispersion des suffrages, se retrouve, dans cette affaire, dans un rôle d’arbitre, largement supérieur à l’influence de ses propres effectifs.

Un rôle négatif.

Le Garde des Sceaux s’est fait beaucoup prier avant de s’excuser enfin auprès de LR.  Mais, sous la pression de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, il a fini par comprendre que sa position personnelle devenait intenable. Ainsi se déroule une procédure parlementaire gonflée par la haine qui va à l’accord avec des arrière-pensées assassines. La question posée porte sur le rôle négatif que jouent quelques ténors de tous les partis, prompts à abaisser le niveau de dignité de la représentation nationale, alors que le Sénat donne l’exemple en organisant des débats apaisés.

Déloyal et grotesque.

Un remaniement devient l’issue certaine de tous ces dérapages. Il faut que les ministres sachent garder leur calme. L’hémicycle ne peut pas se transformer en bataille de chiffonniers permanente. De l’autre côté, M. Marleix ne peut pas continuer son petit jeu pervers, qui consiste à assassiner la majorité tous les jours pendant qu’il compte les voix susceptibles  d’aller au oui à la réforme. C’est d’abord un stratagème déloyal. C’est ensuite grotesque parce que personne n’est dupe et que tout le monde sait que les Républicains sont obligés de voter la réforme, s’ils ne veulent pas décevoir leurs électeurs. L’opinion sera médusée par la médiocrité de ces débats marécageux où la question n’est pas l’intérêt général mais les complots  qui se veulent secrets et affleurent à la surface des choses.

L’Assemblée a revêtu le masque du pays, elle est lasse et peuplée de jeunes désabusés. On s’y insulte, on s’y bat. C’est totalement contraire à la démocratie. Il y a un langage élégant qui a fait les meilleures heures de l’hémicycle, il y a une décence qui forme l’armure de la démocratie. Le sentiment croissant, en France, c’est qu’il va être nécessaire de repartir de zéro et de changer nos têtes pensantes.

 

 

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Une réponse à Un double bras d’honneur

  1. Dominique S dit :

    Giscard et Macron sont arrivés au pouvoir en prenant bien soin de ne pas agresser directement le camp adverse. Depuis 2017, la droite et la gauche cherchent à revenir au pouvoir en faisant exactement l’inverse. La méthode est curieuse et l’échec est évidemment garanti.

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