Un incident russo-US

Un « Reaper » au-dessus du Nevada
(Phot AFP)

Deux avions Soukhoï russes ont abattu un drone Reaper au dessus des eaux internationales de la mer Noire, au sud de l’Ukraine. Malgré la gravité de l’incident, les autorités américaines l’ont attribué à une « acte irréfléchi » de l’aviation russe tandis que le Kremlin se dégageait de toute responsabilité, comme d’habitude.

LA CONCEPTION des rapports internationaux de la Russie est plutôt mal adaptée aux situations de crise. Les Russes ne peuvent pas cacher un acte délibéré d’agression qu’ils ont commis, mais ils le font quand même, grâce à leur capacité de transformer un accrochage sérieux en « fake news ». Ce qui est intéressant, c’est non seulement le déni russe, mais la  sémantique élaborée de la Russie, qui rêve, en quelque sorte, de conduire une guerre clandestine.

La grande faucheuse.

Reaper, en français, veut dire moissonneuse, mais loin de contribuer à la récolte du blé, le mot devrait être traduit par grande faucheuse, la mort munie de sa faux. Le drone américain se trouvait dans les eaux internationales, il était désarmé et n’avait à accomplir qu’une mission de reconnaissance. Les deux Soukhoï ont fait une sorte de danse du ventre autour de lui, d’abord en l’aspergeant de carburant, puis en touchant malencontreusement son hélice, ce qui a précipité sa chute dans les eaux de la mer Noire. Les Russes n’ont donc respecté aucune des règles du droit international et devraient, dans ces conditions subir une rétribution militaire.

Indulgence du Pentagone.

Ce n’est pas l’avis du Pentagone, dont l’indulgence a atteint un sommet. Le gouvernement américain, avec un sang-froid remarquable, s’est contenté de dénoncer la maladresse des pilotes russes, prêts à appuyer sur la gâchette, mais pas très ingénieux quand il s’agit de se débarrasser d’un drone. La réaction des États-Unis était tellement inattendue que le Kremlin a préféré nier toute l’affaire, en attendant de trouver une explication sur le largage de carburant et un rodéo aérien avec prise de risque maximale.

Fatigue mentale.

D’aucuns diront que, si bien traités par la sémantique américaine, les Russes seront tentés de récidiver. En réalité, ils ont besoin d’une leçon et la prochaine fois, ils éviteront de prendre le risque de déclencher un conflit militaire avec les États-Unis. L’affaire témoigne de la fatigue mentale de l’aviation russe, sans doute peuplée de têtes brûlées qui veulent en découdre et ont assimilé sans réserves la propagande du Kremlin. Les pilotes russes n’ont sans doute pas appris qu’un seul de leurs gestes risquait de conduire à une guerre nucléaire. C’est parce qu’ils se nourrisent aux « talk-shows » qui, tous les jours, grâce à des commentateurs aussi compétents qu’eux, ils pulvérisent dans leurs rêves les puissances ennemies.

Une forme de folie.

On veut bien ne pas paniquer, garder son sang-froid et ignorer une affaire où l’avant-garde technologique heurte de plein fouet l’épaisse bêtise d’esprits plus demandeurs de violences que de logique. Cette bétise est, en quelque sorte, une forme de folie : la course aux médailles et aux honneurs sur la place Rouge a infiniment plus de valeur que la paix. Consentira-t-on enfin à reconnaître que Joe Biden, traîné dans la boue urbi et orbi a plus de maîtrise de soi et même d’humour que le sieur Poutine ? Voilà un maître d’école coriace, qui, d’un mot (irréfléchi), a ridiculisé l’aviation militaire russe, pas plus fûtée que la civile ? Si cette guerre, avec son cortège de crimes, n’était aussi horrible, il y aurait de quoi rire tous les jours à assister à cette pantomime kremlinesque peuplée de guignols qui, à défaut de nous épouvanter, nous offrent sans discontinuer leur patriotisme de circonstance.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Un incident russo-US

  1. Liberty8 dit :

    Après visionnage de la vidéo américaine, le chasseur russe à fait une manoeuvre très limite juste devant le drone et à basse vitesse, le drone lui est rentré dedans sous son ventre. Une idiotie de la part du chasseur qui aurait pu l’envoyer au sol si le drone avait été armé. Le pilote a du se faire remonter les bretelles à l’atterrissage. C’est aussi une raison de l’indulgence du Pentagone qui, en montrant la vidéo, prouve que les pilotes russes sont loin d’être au sommet. Pour jouer à « top gun », il faut en avoir les moyens.

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