Le chaos vu de Sirius

C’est Macron qui s’en sort le mieux
(Photo AFP)

Il ne fait aucun doute que le recours au 49/3 a alimenté, au delà de toutes les craintes, la colère des élus, des syndicats et de l’opinion publique.  Les Français ont voulu y voir un affaissement des institutions, une perte d’autorité de l’exécutif et des perspectves alarmantes. Pourtant, certains des censeurs les plus virulents du gouvernement pensent qu’il a bien manœuvré.

D’ABORD, le 49/3 est perçu comme arbitraire et illégitime parce qu’on a bien voulu le diffamer. C’est un instrument parfaitement constitutionnel du réformisme, dans un pays ou le « niet » représente l’arme ultime des entêtés. Élisabeth Borne a expliqué avec pas mal de persuasion jeudi soir que la réforme a bel et bien été acquise grâce à un vote : celui qui, lundi prochain rejettera les trois motions de censure déposées par l’opposition. Ce vote signifiera qu’il n’y a pas de majorité pour renverser le gouvernement.

Macron reste vaillant.

Ensuite, pendant combien de temps les syndicats vont-ils rester dans leur posture actuelle, celle des grèves, manifestations et chômage ? La réforme des retraites peut être encore peaufinée et finalement, l’idée que travailler deux ans de plus dans une Europe où nous voisins travaillent jusqu’à 67 ans devient de moins en moins inacceptable. La première victime du 49/3 n’est pas Emmanuel Macron. Ce sont les syndicats placés devant le fait accompli et qui devront, tôt ou tard, s’habituer à la nouvelle donne ; c’est Élisabeth Borne, plus fragile que le président et prête à se sacrifier. Ce sont les Républicains, totalement incontrôlables, indisciplinés, amateurs du coup de force et bêtes au point qu’ils tuent le projet qu’ils soutenaient naguère.

Un message à nos amis européens.

Quant au chef de l’État, il vient d’envoyer à l’Europe un message transparent : la réforme en France se poursuivra dans tous les domaines, ce qui devrait améliorer la position de notre pays sur les marchés financiers. Voici donc que le président redevient en un jour l’un des leaders européens les plus respectés en dehors de son territoire.  Je me posais hier la question du vide abyssal des quatre ans de mandat qu’il lui reste. Mais en tenant compte de son caractère déterminé et de l’importance de la réforme, et surtout de l’esprit réformiste, il ne restera pas les bras ballants pendant quatre ans.

Vivre avec la crise.

Il ne s’agit pas de minimiser une crise exceptionnellement grave qui menace les institutions et les grands équilibres du pays. Il s’agit de dire que la crise est celle d’un moment et qu’elle ne va pas durer, que nous allons vivre avec elle comme nous avons vécu avec le Covid. Il s’agit de montrer que, si la maison brûle, nos partenaires voient moins les flammes que l’engagement réformiste, qui est une valeur européenne de première grandeur.  49/3 ou pas, motions de censure ou pas, changement ou non de Premier ministre, ce qui compte, c’est la fin du laisser-faire en France et la prise en main de son destin par ce gouvernement, celui de M. Macron.

Un dessein utile.

Voilà de quoi donner à réfléchir à ceux qui, soutenant Macron, ont été déçus par lui hier, peut-être parce qu’ils se sont laissé impressionner par les manifestations et les blocages. Vouloir le calme à tout prix, ce peut être aussi une forme de timidité ; affronter la tempête pour qu’enfn le pays se dépasse lui-même est nettement plus souhaitable. Le consensus de toutes les oppositions contre la réforme des retraites n’est pas autre chose que la démolition systématique de tous nos repères. Ce n’est pas que l’exécutif n’ait pas commis de lourdes fautes, c’est qu’il a un dessein utile qui dépasse une réformette, un tohu-bohu, un chahut estudiantin, une révolte.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le chaos vu de Sirius

  1. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, très bonne analyse. Ne nous laissons pas « enfumer » par les effets de manche et médiatique de la NUPES et par les sondages. Qui comprend quoi que soit à ce charivari (sauf la volonté de chaos) ? Le principe de réalité est que la société vieillit régulièrement et en bonne santé pour une large majorité mais, avec moins de travailleurs pour payer les cotisations ! Cela s’appelle du bon sens, largement partagé dans toute l’Europe sauf … en France où, cerise sur le gâteau, le RN prône le retour à 60 ans ! Chanter la Marseillaise pour couvrir la parole de la Première ministre est une insulte à la nation, à la démocratie et aux femmes en responsabilité. Ils brocardent Mme Borne issue d’une famille populaire et qui s’est hissée à ce poste par son travail. C’est navrant et cela donne la mesure de la dérive morale et éthique de la gauche actuelle, obsédée et aveuglée par sa haine contre Macron alors qu’elle est l’actrice principale de la possible arrivée du RN au pouvoir. La droite dite les Républicains a sombré, comme le parti socialiste. Ils ne savent plus quelles sont les valeurs qu’ils ont défendues pendant 20 ans en prônant la réforme des retraites. E. Borne leur a pourtant donné de nombreux gages et ils sabordent la réforme. Souhaitons que la bêtise ne soit pas contagieuse. J’espère et crois qu’une partie de la population française raisonne encore « normalement », loin de ces pitreries navrantes. Continuez à dénoncer ces impostures (même si ce gouvernement et le président ne sont pas exempts de reproches).

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