Le calvaire de l’hôpital

François Braun et Arnaud Robinet, maire de Reims
(Photo AFP)

Deux femmes, une infirmière de 38 ans et une secrétaire médicale, ont été agressées au couteau par un homme déséquilibré de 59 ans à l’hôpital de Reims. L’infirmière est décédée.

CE TRÈS GRAVE incident illustre la crise hospitalière : le manque d’effectifs et l’absence d’une sécurité élémentaire sont criants et mettent dans l’embarras le ministre de la Santé, François Braun, qui a prévu une réunion cette semaine avec les institutions concernées, dont on ne peut pas attendre des mesures efficaces dans l’immédiat. Un rapport indique que les hôpitaux ont besoin, dès cette année, d’un milliard et demi d’euros. Le gouvernement essaie de ramener à leur travail les soignants qui ont refusé d’être vaccinés contre le Covid et, pendant que les discussions vont bon train, des incidents fatals se produisent.

Connu des services de police.

D’autant que l’assassin s’est déjà fait remarquer à plusieurs reprses en se livrant des provocations au sein des hôpitaux et qu’il était relativement facile de le repérer. Personne ne remplacera l’infirmière décédée. Si la colère des infirmiers est compréhensible et naturelle, le manque de moyens financiers pour doter les hôpitaux des effectifs dont ils ont besoin n’a jamais été comblé.  Il nous semble évident que l’accès à l’hôpital doit être contrôlé, ce qui n’est pas toujours le cas et que les éléments indésirables ne doivent pas dépasser le stade de l’accueil. Des vigiles costauds doivent être mis en place pour refouler les perturbateurs, avant qu’ils ne passent à l’acte.

Chagrin et solidarité.

Nous nous associons à toutes les marques de chagrin et de solidarité avec la famille de l’infimière décédée, mais nous avons le sentiment qu’un tel incident va se reproduire, parce que nous restons dans la conception familiale de l’hôpital, censé être un lieu d’accueil ouvert à tous. Il est temps d’adapter nos structures à la nouvelle réalité : c’est celle d’une violence qui a atteint toutes les strates de la société française. L’hôpital ne doit pas rester ouvert à tous les pervers et à tous les détraqués. Il ne peut remplir ses fonctions que si la sécurité y est inviolable.

Borne doit traiter le dossier.

Faute de pouvoir espérer une réaction immédiate et utile des autorités, nous sommes condamnés à craindre qu’une nouvelle agression mortelle se produise. De doctes observateurs préconisent une « refonte » des structures hospitalières françaises, comme si elle était rapide et efficace. La vérité se situe au niveau des moyens financiers accordés à l’hôpital dans un contexte de déficit budgétaire et de dette. Le ministre, à lui seul, n’a pas la solution. La Première ministre, Élisabeth Borne, doit s’emparer du dossier et rassurer les soignants en apportant la preuve qu’infirmiers et médecins seront dorénavant mieux protégés dans l’enceinte de l’hôpital.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Le calvaire de l’hôpital

  1. Etienne Robin, néphrologue dit :

    En réclamant des moyens financiers supplémentaires pour l’hôpital, n’oubliez-vous pas que la France, troisième pays du monde pour les dépenses de santé, a largement fait la démonstration que son déclin sanitaire consternant, ainsi que la souffrance croissante des soignants au travail, ne sont pas dus à un financement insuffisant ?

  2. Jean Vilanova dit :

    Je ne suis pas loin de penser comme le docteur Robin. Comment, en finalement peu de temps, est-on passé de l’un des meilleurs, sinon le meilleur système de santé du monde, à ce grand n’importe quoi où les patients s’inquiètent tandis que nombre de soignants usés, déconsidérés, maltraités servent leur art dans des conditions parfois ou souvent indignes ? Un désastre, qu’il soit économique, industriel ou sanitaire ne tombe pas du ciel. Il répond d’une mécanique dont il faut parfois remonter très loin en amont pour en déceler les premiers rouages. Et le désastre sanitaire peut se lire comme un livre ouvert. Du numerus clausus des années 70 pensé comme un instrument de régulation économique alors que, dans une France déjà vieillissante, il convenait d’en faire un instrument de régulation de l’offre de soins jusqu’au New Public Management (anglicisme débile !) quand des technocrates à l’esprit asséché et contrefait ont guidé la main inexperte de politiciens médiocres (et tous bien recasés depuis, merci pour eux), leur vendant l’idée calamiteuse que « l’hôpital est une entreprise comme les autres ». Alors on peut se réunir, élaborer d’autres plans, injecter d’autres milliards… je reste infiniment circonspect. C’est tout l’édifice qu’il faut rebâtir, des fondations jusqu’au toit. Mais pour l’heure, ma pensée et ma peine vont à cette jeune infirmière assassinée et à sa collègue blessée.

  3. Gourdol dit :

    Sur le fond, je suis d’accord avec les textes précédents. Mais je regrette le terme d' »incident » employé deux fois par M. Liscia (même s’il est qualifié de « très grave »). C’est un « mot malheureux », me semble-t-il ! Comment les proches de l’infirmière assassinée pourraient-ils le ressentir? Est-ce que « meurtre » n’aurait pas été plus exact? Une « agression au couteau » qui entraîne la mort de l’agressée, c’est juste un « incident »?
    Pourquoi une telle indulgence, au moins verbale ?
    « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde… » disait A.Camus.
    Yves Gourdol, médecin retraité.
    Réponse
    Incident très grave dit très bien les choses. Ce n’est pas un accident. Ce n’est pas un meurtre, car il y aussi une blessée. Vu l’état psychique du meurtrier, ce n’est pas non plus un assassinat. Cher Dr Gourdol, laissons Camus en paix, il a traité de problèmes plus sérieux que ceux de la sémantique. Vous y allez un peu fort quand vous prétendez que j’aurais aggravé le chagrin des familles. Un peu de calme, SVP. Je vous suggère de m’adresser des critiques plus utiles, mais bien entendu, nul n’est parfait.
    R. L.

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