Macron et la laïcité

Macron est un laïc
(Photo AFP)

Le président de la République a décidé de recevoir une délégation de dignitaires juifs à l’occasion de la fête de Hanukkah. On le critique, comme d’habitude, parce qu’il aurait, de ce fait, favorisé une religion plutôt qu’une autre. Polémique absurde.

LA LAÏCITÉ n’est rien d’autre que la neutralité de l’État à l’égard de toutes les religions. La meilleure façon d’en comprendre le sens ne consiste pas à vitupérer les religions, mais à les respecter. Il est vrai que le temps politique a apporté de terribles convulsions au Proche-Orient. C’est donc le moment de montrer que, en France, il n’est pas question de tourner le dos à une tradition ou à un rite. De toute façon, Hanukkah est une fête gaie, pas un sinistre repli sur soi. C’est la partie la plus conviviale du « peuple dominateur et sûr de lui ».

Notre-Dame : un incendie qui a concerné tout le monde.

Souvenez-vous : quand Notre-Dame de Paris a failli succomber aux flammes, le désarroi a atteint toutes les communautés et pas seulement la catholique. Les gens, quelle que fût leur allégeance religieuse, déploraient un désastre qu’ils considéraient comme national, ce qui explique d’ailleurs l’émoi des nantis et leur subite charité. Ils ont contribué à la reconstruction de la cathédrale et personne ne s’est soucié de la religion des bâtisseurs.

Ferrailler constamment.

Bien sûr, c’est la bataille de Gaza qui explique le regain d’antisémitisme auquel on voudrait associer le président qui est tout ce qu’on voudra, mais n’est pas antisémite. Le chef de l’État est suffisamment occupé pour ne pas avoir à ferrailler contre ses censeurs. Il devrait y avoir, à l’entrée de l’Élysée, un panneau exigeant des critiques qu’ils aillent se faire voir ailleurs.

Une crise politique.

Je ne doute pas un instant que l’entrevue de la délégation juive apportera aux visiteurs un peu de sérénité. Parce que tout juif du monde a cent raisons de s’inquiéter du sort d’Israël et de celui de la diaspora. Israël est en train de gagner la guerre contre le Hamas mais à quel prix pour son image ? Combien de morts palestiniens ? Qu’en est-il des otages dont la Croix-Rouge ne se préoccupe guère, tout engagée qu’elle est dans la défense des civils palestiniens ?

Un question d’identité.

Trop souvent, on confond la religion avec l’identité. Pour la plupart des juifs, l’essentiel n’est pas de faire des prières, mais de se sentir juifs, donc quelque peu différents de ceux qui ne le sont pas. Un sentiment capable de donner lieu à des conversions pour échapper à un danger lié à l’antisémitisme ou au contraire à ressentir cette différence comme une force particulière. Les juifs ne sont ni plus malins ni plus efficaces que les non-juifs. Mais accablés par les persécutions depuis 3 000 ans, ils travaillent plus, afin de se donner les moyens de leur protection au sein de sociétés qui leur deviennent hostiles, parfois sans crier gare.

Le pays les protégera.

L’ironie du sort, c’est que président de la République voudrait bien rassurer la communauté juive de France, mais  les événements au Proche-Orient sont d’une telle violence que les sujets juifs sont en réalité terriblement menacés.  Cependant, dans un moment de désarroi, les juifs acceptent n’importe quelle forme de sympathie, un sourire ou un mot de connivence. Ils peuvent compter sur un pouvoir politique qui leur est totalement acquis. Ils sont plutôt inquiets, mais ils ont toutes les raisons de croire que la France les protègera en toute circonstance, et même si Marine Le Pen est élue en 2027.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Macron et la laïcité

  1. VIGNON dit :

    Le début de cette célébration symbolisée par l’allumage de la première bougie du chandelier à 9 branches a été réalisée par le rabbin Khorsia dont l’attitude a toujours été très conciliante et surtout ouverte. Quand Jean-Paul II est venu a Reims, M. Khorsia était rabbin de la ville. La venue du pape le lendemain coïncidait avec Yom Kippour. Question à M. Korsia : »Que faites vous demain ? » Réponse : « Je fais comme tout le monde, je vais à la messe ». Ce fut d’ailleurs l’occasion pour le pape de le saluer en début d’homélie et le remercier de sa venue en dépit de Kippour. N’est-ce pas là aussi un exemple de respect de l’autre c’est-à-dire de laïcité ?

  2. PERBOS Nicole dit :

    Bonjour,
    Merci à Richard Liscia pour sa lucidité et sa modération, vertus remarquables dans les conflits actuels.

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