Attal à Matignon

Gabriel Attal au poivoir
(Photo AFP)

Au terme de 24 heures d’incertitudes, Gabriel Attal a été nommé Premier ministre. C’est, comme le souligne avec fierté l’Élysée, « le plus jeune chef du gouvernement (34 ans) dans l’histoire de la Cinquième République ».

ON NE VOIT PAS pourquoi l’âge du capitaine serait son atout majeur. Pour n’importe quel chef,  la jeunesse est une carte. M. Attal a déjà démontré qu’il  savait mettre un terme à une polémique nationale en interdisant purement et simplement l’abaya à l’école. On dirait que c’est un fait d’armes si les exploits ne se raréfiaient pas.  Gabriel Attal apparaît donc comme un bébé-Macron qui a au moins appris une chose, à savoir qu’on applique un principe et qu’on continue son chemin. C’est utile sinon glorieux et de toute évidence, cela plaît à l’opinion qui a vite fait de récuser les états d’âme de la classe politique.

Les jeunots de la République.

Le choix de Gabriel Attal n’a de signification que s’il permet d’affaiblir Marine Le Pen dans sa marche triomphale vers les élections européennes.  D’un côté, on s’est demandé pourquoi Emmanuel Macron hésitait, de l’autre on voit bien que ce qui compte, c’est de reprendre au Rassemblement national une partie de son électorat. Du coup, voilà que la presse dresse un ring et y présentent les jeunots de la République, Attal et Jordan Bardella qui n’a pas trente ans ! De sorte que toute l’entreprise prend son sens complet. Bien sûr, on ne donne pas des coups de ciseaux dans l’histoire sans broyer des âmes. Mais personne n’a jamais cru que Macron  est privé de cynisme.

Une discrétion absolue.

Ce qui lui a permis de « limoger » Elisabeth Borne tout en louant ses qualités. Mais il est apparaît que le chef de l’État veut préserver les chances du macronisme. Comme si Mme Borne n’avait pas exécuté sa politique à la lettre, comme si elle n’était pas partie avec toute la discrétion requise, comme si elle allait convoquer les journalistes pour dire les sentiments que lui inspirait une collaboration qui lui laisse, à n’en pas douter, un mauvais goût dans la bouche.

Nouvelles têtes.

L’autre inquiétude, c’est la manière cavalière dont Emmanuel Macron continue à faire de la politique. Il n’y avait rien de plus urgent que de placer à l’Éducation nationale un ministre à poigne, voilà qu’une tâche est encore plus urgente, celle d’accorder au nouveau Premier ministre la baguette du chef d’orchestre. On saura dans la journée qui succède à Attal à l’Éducation. Et il y aura de nouvelles têtes au gouvernement. Mais toute cette séquence politique n’est inspirée que par les élections européennes.

Le chef de l’État ne dormira jusqu’au prochain combat électoral que d’une seule oreille et d’un seul œil. Il aime tant ces moments où l’on ne sait s’il s’agit de tout perdre ou de ramasser la mise, et s’il y a encore un peu d’énergie à ramasser dans ses viscères.  La politique fait peur tant la ligne est brouillée entre le triomphe et l’échec.

RICHARD LISCIA

PS-Je dois au lecteur une explication : il y a un mois, j’ai fait deux chutes et j’ai été hospitalisé. Ce qui a entraîné une disparition du blog. Le voici qui est de nouveau publié, pour autant que vous vous y intéresserez.

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

13 réponses à Attal à Matignon

  1. Thierry Rème dit :

    Bon retour et prompt rétablissement, M. Liscia.
    Et merci, nous étions effectivement en manque de vos savoureux billets si souvent, malheureusement, lucides.

  2. FROMENTIN dit :

    Bon rétablissement ; c’est toujours un plaisir de lire vos billets plein de bon sens

  3. madariaga dit :

    Prompt rétablissement. Vos billets nous manquaient!!

  4. anonyme dit :

    Oui, bon rétablissement, M.Liscia, et continuez à nous donner votre éclairage sur ces actualités souvent tourmentées
    et grand Merci !

  5. nja21 dit :

    ouf quel plaisir de vous retrouver! d’autant que les messages envoyés à la rédaction du Quotidien sont restés comme d’habitude sans réponse au sujet de votre absence. Déjà que vous avez « disparu » de la version papier, au moins il nous reste le blog pour bénéficier de vos pertinentes analyses. Bonne continuation !

  6. anne-marie stucky dit :

    Inquiétude que vous venez de balayer ! Vos prises de position élargissent l’horizon de l’actualité, merci !

  7. guinard dit :

    Je me joins à mes confrères pour saluer votre retour : vous nous manquiez !
    Remettez-vous bien.

  8. Faurie dit :

    Merci de reprendre la plume, très bon rétablissement.

  9. Picot Francois dit :

    Je suis rarement d’accord avec vous mais je vous souhaite un bon rétablissement Mr Liscia

  10. Alain Duhay dit :

    Effectivement cela paraissait bizarre et entrainait un vrai syndrome de manque…
    Bon rétablissement, à très bientôt, et souvent.
    Dr ALAIN DUHAY

  11. Dominique S. dit :

    J’étais un peu inquiet fin décembre de votre absence prolongée. Depuis que le QDM ne nous donne plus accès direct à votre blog, nous devons le rechercher nous même sur Google. Je comprends ce soir le pourquoi de ces périodes de silence. Remettez vous bien! Bonne année!

  12. Num dit :

    Reposez en paix, cher Richard Liscia
    Merci pour vous éditoriaux que j’ai lus avec plaisir durant tant d’années, malgré mes désaccords fréquents avec leur contenu, caractérisés par la qualité de votre plume et votre grande culture. Vous allez nous manquer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.