La trêve est terminée

Fuir les combats
(Photo AFP)

Le Hamas a reçu sans fléchir toutes les pressions pour prolonger la trêve, que d’aucuns voulaient transformer en cessez-le-feu.  Déjà l’attentat qui a fait deux morts et plusieurs blessés hier matin à Jérusalem était de mauvais augure. Il a brisé la dynamique de la paix.

ISRAËL n’a pas d’autre choix que de reprendre les bombardements, qui font rage depuis ce matin. La rupture de la trêve est d’autant plus prématurée qu’il y a encore quelque 150 otages et plus à libérer. Il manque aussi la volonté du gouvernement israélien de procéder à un échange complet de détenus. Il est vrai qu’une fois libérés, les prisonniers palestiniens s’engageraient aussitôt dans la bataille contre Israël. Il faut faire une offre au Hamas pour qu’il sorte du cycle où il s’est installé.

La méthode Hamas.

La recherche d’une solution négociée au problème palestinien se fait, plus que jamais, cruellement sentir.  Elle est de facto retardée. Le Hamas, en effet, fait exactement ce qu’il veut : il accepte, puis rompt une trêve ; il annonce son retour dans les combats en lançant un attentat à Jérusalem contre des civils israéliens qui attendaient le bus ; il confirme sa cruauté et que sa politique repose exclusivement sur la violence ; ses soutiens, du Qatar à l’Iran, le soutiennent activement ou préfèrent ignorer ses actions délétères. Il se livre à un spectacle superficiel en feignant d’avoir, pour ses victimes, mortes ou vivantes, la plus grande considération.

Personne n’influence le Hamas.

Israël doit s’en tenir à la ligne qu’il a adoptée dès le 7 octobre : chacun des attentats, chacune des provocations du Hamas doivent être traités par l’intolérance. Aucun processus politique, par exemple sur la création d’un État palestinien, ne peut être engagé sans l’élimination préalable du Hamas. Ce qui est sûr, c’est que les terroristes ont peur de la reprise des combats. Le temps ne joue pas pour eux, ils risquent de disparaître tous avant de dresser leur bilan abject. On n’a cessé de tenter d’évaluer l’influence du Qatar, des États-Unis ou de l’Iran. Le Hamas s’en moque, c’est un électron libre avec une durée de vie courte et cela lui semble normal puisqu’il croit à une seconde vie au paradis.

Des initiatives plus efficaces. 

Le Hamas est-il approuvé ou détesté par les Gazaouis ? Personne ne se fiera aux résultats des sondages faits sur place, même s’ils semblent indiquer que les Palestiniens prennent leurs distances avec le Hamas. Il faudra du temps pour retourner à la diplomatie. Il faut d’abord anéantir le Hamas, donner des responsabilités au Fatah (Cisjordanie), négocier, sans doute avec un autre gouvernement israélien, la création d’un État palestinien. La tâche semble se situer en dehors de toutes compétences connues, mais la souffrance vécue par tous les civils, juifs et palestiniens, servira de tremplin à des initiatives diplomatiques plus audacieuses que celles qui ont cours en ce moment.

RICHARD LISCIA

 

 

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Dupont-Moretti relaxé

Dupond-Moretti les yeux au ciel
(Photo AFP)

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a été relaxé par la Cour de Justice de la République (CJR). Il y était jugé pour « prise illégale d’intérêts ».

POUR le garde des sceaux, pour la majorité et pour l’exécutif, la relaxe de M. Dupond-Moretti est un soulagement. S’il avait été condamné, il aurait fallu procéder à un remaniement ministériel alors que le ministre en exercice est embarqué dans une réforme et a obtenu pour son ministère un financement abondant. La CJR est composé de magistrats et d’élus et on voit mal pourquoi il n’y aurait pas de frictions entre les uns et les autres quand il s’agit de trancher entre la magistrature et le suffrage universel.

Une justice indulgente.

La CJR a été très critiquée, elle l’est encore plus depuis hier. Son action ne convient à personne parce que ses membres sont soupçonnés, à tort ou à raison, d’être proches de ceux qu’ils jugent. On a proposé de supprimer la CJR, Macron s’y est engagé sans l’avoir jamais fait. Elle a de beaux jours devant elle, mais elle se contente d’une justice indulgente: l’institution n’a jamais condamné un suspect autrement qu’avec le sursis.

Une vague suspicion.

Cependant, si la CJR sort toutes ses griffes, elle sera en mesure de déstabiliser le gouvernement. Cela en ferait une cellule inspirée par la Terreur à la façon de Robespierre. Cela dit, Éric Dupond-Moretti, l’homme qui terrorisait ls prétoires, est devenu tout doux. « Je veux tourner la page », a-t-il affirmé hier, comme s’il avait senti passer le vent du boulet. Il y aura toujours une vague suspicion de la population à propos d’une CJR qui, quoi qu’elle décide, ne satisfait vraiment personne.

L’affaire Dussopt.

Le gouvernement a passé ce cap et il en aura d’autres à franchir. La prochaine affaire est celle d’Olivier Dussopt, actuel ministre du Travail et ancien maire d’Annecy, accusé de favoritisme. L’affaire remonte à 2009 et il a fallu 14 ans pour que le tribunal correctionnel de Paris oblige le maire devenu ministre à comparaître. Les débats sont terminés, le verdict sera rendu plus tard. On peut s’interroger sur une démarche judiciaire qui a pris un temps aussi long, se demander s’il n’y a pas prescription et si cette guérilla interminable entre juges et citoyens a encore une signification.

Un tribunal pour les corrompus.

Il ressort de tout cela que, si nous sommes tous égaux devant la justice, elle omet trop souvent d’examiner le contexte du procès. Il n’est pas dit qu’un scandale ou une polémique représentent un désordre voulu par ceux qui souhaitent contourner la loi. La justice française doit être plus accessible et écouter les vecteurs de l’opinion (presse et médias).  Certes, la corruption étant partout, il faut bien avoir une institution pour juger ceux qui en profitent. Les juges doivent participer à la réforme. Sinon, ils en seront les victimes.

RICHARD LISCIA

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Le piège du cessez-le-feu

Otages israéliens libérés hier soir
(Photo AFP)

La trêve à Gaza a été prolongée et, de toutes parts, fusent des appels à de nouvelles prolongations. Israël doit  donc résoudre un dilemme : soit il reprend les combats, soit il les arrête sine die.

DEPUIS le déclenchement du conflit, le 7 octobre dernier, la tentation est grande, pour le gouvernement israélien, d’obtenir du Hamas le plus grand nombre de libérations, sinon toutes. La rançon, c’est la capacité offerte au Hamas de reconstruire ses forces dans la perspective d’une nouvelle guerre. La pression en faveur d’un cessez-le-feu ne vient pas seulement de l’allié américain, elle vient aussi des familles des victimes.

Maltraitance.

Les otages n’ont pas été bien traités par leurs geôliers. Ils ont été soumis, notamment les enfants, à une torture psychique, mal nourris, contraints de voir les horribles video de l’enlèvement massif, considérés avec mépris. La libération des hommes, puis des soldats, prendra des semaines de trêve, car d’autres factions palestiniennes en détiennent. Plus on s’informe sur ce qui s’est passé depuis le 7 octobre, plus on constate que les otages ont vécu un enfer, notamment les enfants, terrorisés, perdus et pour lesquels la détention n’a pas duré quelques semaines mais plus d’un an.

Deux tâches contradictoires.

Le gouvernement a promis non seulement de libérer les quelque 240 otages, mais de détruire le Hamas. Pour le moment, les deux tâches sont contradictoires. Poursuivre la libération, c’est renforcer le Hamas. Y mettre un terme, c’est trahir la promesse faite aux familles. Joe Biden, Emmanuel Macron, les pays arabo-musulmans sont unanimes à réclamer un processus qui, dans leur conception, doit aboutir à un accord de paix. Ils se situent sur un plan plus politique qu’humanitaire, la compassion pour les civils palestiniens, qui, pourtant, n’ont pas manqué de frapper les otages à mesure qu’ils arrivaient à Gaza, avec une perspective de règlement global.

Le Hamas gagnerait des élections.

Cela pourrait s’appeler mettre la charrue devant les bœufs. Israël a déjà payé un prix très lourd avec les exactions indescriptibles du Hamas et du Djihad islamique. Il ne peut ni oublier les otages ni renoncer à terminer sa riposte. Il en est ainsi pour une raison simple : tout se sait dans l’État juif et les dirigeants ne peuvent agir que dans un totale transparence. Du point de vue des hommes de bonne volonté, la perspective se limite à la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale. Les mêmes croient qu’il est possible de ranimer Mahmoud Abbas, de tenir des élections et de créer un État. Malheureusement, c’est le Hamas qui est le plus populaire et qui emporterait des élections.

Biden embarrassé.

L’alternative est de continuer à bombarder des victimes innocentes, ce qui ruine l’image d’Israël dans le monde. On notera d’ailleurs que les chiffres du nombre de victimes palestiniennes gonflés par le Hamas ne sont désormais plus sourcés et sont présentés comme une réalité indiscutable. Mais, même si en vérité le nombre des victimes est moitié moindre, c’est trop et ce sera toujours trop. Ce qui explique la réaction de Biden, contraint de présenter, à un an des élections présidentielles, un programme de gauche.  On revient sur la présence de Netanyahu au pouvoir, mais il n’existe aucune friction au sein du gouvernement israélien sur la question du cessez-le-feu. Même l’opposition israélienne n’y est pas favorable.

Plat périmé.

Il s’agit, de fait, d’une question de timing. Même une paix fragile ne saurait être conclue pendant une guerre. Simplement, en durant plusieurs semaines, le processus de libération peut conduire à un apaisement qui serait alors présenté comme un cheminement amorcé vers la paix et la création d’un État palestinien au côté d’Israël. La vengeance est un plat qui se mange froid sauf si, avec le temps, le mets n’est plus comestible.

RICHARD LISCIA

 

 

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Immigration : loi sur mesures

Olivier Marleix
(Photo AFP)

Le gouvernement ne risque pas d’encourir une motion de censure au sujet du projet de loi sur l’immigration. Il y a une majorité pour l’adopter, grâce au Sénat et à la brusque adhésion, dimanche dernier, de 17 députés les Républicains.

DANS LE CHAOS international, la grâce semble enfin avoir touché les élus français, prêts au consensus sur l’immigration. L’exécutif cache son enthousiasme, tant l’équilibre trouvé avec la droite est fragile. Mais les chiffres sont rassurants. D’abord le Sénat a adopté un texte qui ne s’écarte pas trop de son contenu initial. Ensuite la prise de position de 17 députés LR ruine tout projet de motion de censure. Il faut 58 voix pour en déposer une. LR dispose de 62 suffrages, moins les 17 qui souhaitent voter le texte adopté par le Sénat. Des écologistes et des socialistes voteront pour également.

Un échec pour Marleix.

Le gouvernement ne peut que se réjouir face à une situation qui s’est améliorée spontanément et sans qu’il eût recours à l’article 49/3 de la Constitution. Non seulement le travail des deux Chambres a ramené le calme à l’Assemblée, mais le spectre d’une nouvelle bronca s’éloigne. C’est en outre un échec pour le chef des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, qui s’était engagé à faire en sorte que le projet de loi ne passe pas et qui, d’un seul coup, est privé des moyens habituellement utilisés par l’opposition.

Un parti divisé. 

La déchirure au sein de LR s’élargit. Le parti va divisé vers les européennes. M. Marleix espérait en faire le fer de lance  contre la politique de Macron, il n’en est rien. Il n’est pas suivi par les élus LR qui veulent rester dans une mouvance susceptible d’empêcher Marine Le Pen  de faire des scores très élevés aux prochains rendez-vous électoraux. Le bilan de LR est sinistre et présage des résultats plus qu’insuffisants aux européennes et, plus tard, à la présidentielle.

Une coalition est possible.

En tout cas, une stratégie (dire toujours non pour humilier l’exécutif) n’a pas fonctionné. Il dépend de LR  qu’il s’engage dans une voie constructive telle qu’elle est exigée par ses électeurs ou au contraire qu’il continue à pourfendre Emmanuel Macron, ce qui contribue à réduire les effectifs de la droite dite classique. M. Marleix est convaincu que ses postures véhémentes sont applaudies par l’électorat. Le fait est pourtant que les électeurs de LR sont de plus en plus nombreux à voter pour le Rassemblement national. Le tableau du rapport de forces entre les partis politiques est présenté comme une fatalité. Ce n’est pas vrai : il est encore possible de renverser la tendance et de créer une coalition des droites et du centre qui meublera les dernières années du macronisme.

Détricotage ?

Toutefois, le risque existe que, sous pression de l’aile gauche de Renaissance, incarnée par Sacha Houlié, la majorité décide de détricoter les changements apportés par le Sénat afin de revenir au texte tel qu’il a été proposé par le gouvernement. L’intérêt de l’exécutif et celui de l’Élysée ne sont pas identiques. Ce qui fait craindre un retour à la case zéro, avec une nouvelle crise parlementaire et l’indispensable mais honni 49/3. On n’en est pas là. Pour M. Houlié, LR n’a pas d’autre ambition que d’imprimer ses idées dans un texte très important qui constitue la première préoccupation des Français.  Il n’y aura de loi sur l’immigration que si elle correspond à un compromis, qu’on se le dise clairement. Et au terme de l’examen de la loi par l’Assemblée et par le Sénat, on pourra compter les « busybodies et les crybabies », c’est-à-dire ceux qui préfèrent se plaindre au lieu de construire.

RICHARD LISCIA

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Juives martyres

Une ex-otage prend le thé avec une soldate
(Photo AFP)

La libération au compte-gouttes des otages israéliens, l’espoir d’une prolongation de la trêve à Gaza, la recherche d’une solution diplomatique sont autant de signes d’une détente relative au Proche-Orient. Mais le 7 octobre a été une journée hallucinante que l’opinion mondiale a tendance, déjà !, à oublier.

LA COMPILATION des récits proposés par la presse française fait apparaître une provocation laborieusement mise au point, avec de claires conséquences géopolitiques. L’hypothèse des deux États, le rôle diplomatique de Qatar, la fin probable du gouvernement de Benjamin Netanyahu, tous ces éléments préparent le grand tournant auquel la sauvagerie du 7 octobre nous exposait. Cependant, il n’est pas impossible d’ouvrir une page neuve au Proche-Orient sans le concours du Hamas. C’est même préférable. Car sa participation aux efforts de paix serait un scandale. Dans la journée d’hier, on assistait à la bienveillance et à la déférence des miliciens du Hamas pour les otages qu’ils étaient en train de remettre à la Croix-Rouge (non sans avoir failli faire capoter le projet pour des raisons qu’ils étaient les seuls à connaître). Et pendant ce temps, nous étions encore sous le coup de ce que nous avions lu sur le pogrom du 7 octobre.

Des femmes déchiquetées.

Tout le monde sait qu’une femme musulmane ne vaut pas grand chose pour les musulmans mâles. Mais les monstres du Hamas ont littéralement déchiqueté les femmes juives qui leur sont tombées sous la main, les ont torturées, violées en réunion, assassinées sous les yeux de leurs maris ou abattu leurs maris avant de s’en prendre à elles et de les violer sous les yeux de leurs enfants.  Des otages libérés ? Je ne crois pas que l’on doive remercier le Hamas pour son immense indulgence. Qui sait combien de temps il faudra à la psychothérapie pour soigner et guérir les victimes ? Les traumatismes subis dureront plusieurs années et handicaperont la vie des ex-otages. Et bien entendu, allez chercher les monstres qui ont commis ces crimes dans les gravats de Gaza.

Le juif des États.

Depuis quelque semaines, chacun, en France ou ailleurs, y va de son couplet sur la présence de Netanyahu au pouvoir, sur les bombardements toujours « disproportionnés », sur les colons en Cisjordanie et sur la palette de tribunaux spéciaux qui pourraient juger Israël, son peuple et ses dirigeants. Ce sont les mêmes qui n’ont jamais discuté le sort fait aux femmes en Iran, en Afghanistan ou en Arabie saoudite. Les mêmes qui n’ont jamais prononcé un mot en faveur des Ouïghours ou des Rohingyas, jamais dénoncé les vols de fusées lancés par la Corée du nord, jamais critiqué les menées de la Chine. L’autre jour, un lecteur jugeait bizarre l’utilisation de l’expression État juif. Israël, en tout cas, est le juif des États, le pays du monde qui a la plus sale réputation, pire que la Russie, pire que la Corée du Nord, pire que l’Iran, que la Hongrie, que la Turquie, et j’en passe. 7 octobre, tournant historique ? Oui, dans le sens où il est devenu indispensable de se débarrasser du Hamas, avec lequel il ne peut y avoir de dialogue constructif.

Hamas, ennemi de la Palestine.

Dans « le Point », Bernard-Henri Lévy explique pourquoi il soutient Israël malgré le nombre élevé de victimes palestiniennes à Gaza. À sa place, je n’aurais pas pris cette peine. Les faits parlent d’eux-mêmes, ce sont les mémoires qui ne font pas le travail. On peut bien sûr entrer dans les détails, rappeler que Tsahal est la seule armée au monde qui avertisse une population de l’offensive qu’elle va lancer, ce qui est un handicap stratégique consenti au nom de l’éthique. Mais non, Israël commet des crimes de guerre, contre l’humanité ; Israël tue des civils, ce que les Alliés n’ont pas fait, n’est-ce pas ? en bombardant les côtes normandes, en déversant sur Dresde des bombes au phosphore, en lançant les deux premières bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Oui, bien sûr, il faut protéger les civils palestiniens. Oui, il faut leur donner un État. Mais leur pire ennemi n’est pas Israël, c’est le Hamas.

RICHARD LISCIA

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La première libération

Les rapatrier maintenant ? Bien sûr ….
(Photo AFP)

La trêve entre Israël et le Hamas a commencé ce matin à 6 heures. Dans la journée, 13 otages, dont des femmes et des enfants, seront remis aux forces israéliennes. D’autres libérations, jusqu’à un total de 50, auront lieu dans les quatre jours qui viennent. La guerre recommencera au terme de la trêve.

CEUX QUI se réjouissent sont nombreux: les familles, y compris celles qui n’ont pas été informées qu’elles retrouveraient leurs proches dans le premier groupe et qui continueront à  nourrir un espoir jusqu’au bout, le gouvernement israélien, qui peut produire son premier résultat et les Occidentaux, notamment les États-Unis qui ont lutté avec acharnement pour lancer ce début de détente. Il n’est donc pas question de critiquer l’accord (assorti de la libération de 150 Palestiniens détenus dans les geôles israéliennes), car il n’y a pas d’alternative, sinon l’unique recours à la force, source de chaos qui mettrait en danger la vie des otages.

L’accord le moins mauvais.

Mais il n’est pas possible qu’Israël, son gouvernement et sa population, se réjouissent d’un accord avec leur pire ennemi, au lendemain d’un carnage historique qui a modifié la donne au Proche-Orient. Il est évident en effet que, pour la libération des hommes israéliens et surtout des soldats de Tsahal, le Hamas jouera la surenchère et exigera plus tard que des centaines, des milliers de détenus palestiniens puissent regagner Gaza. Non seulement la nature de l’ennemi n’a pas changé mais le Hamas aura pour premier réflexe de renvoyer au combat les terroristes qu’il aura récupérés.  Bien entendu, les familles israéliennes ou étrangères concernées par le  kidnapping ne s’embarrasseront par de telles considérations. Et il est peu probable, dans ces conditions, que le Hamas soit anéanti par Tsahal. Disons que l’accord, s’il va au bout des espoirs qu’il a soulevés, est le moins mauvais possible.

Sur la valeur d’une vie.

Le gouvernement israélien, dont on se demande pourquoi il est encore dirigé par Benjamin Netanyahu, principal responsable de la déroute du 7 octobre, doit donc se concentrer désormais sur la sécurité de la population israélienne qui est en danger partout, au nord, au sud, en Cisjordanie. J’ai souvent entendu sur les plateaux de télévision des journalistes qui insistaient sur le fait qu’une vie palestinienne valait bien une vie israélienne. Ce n’est pas tout à fait vrai quand, à partir d’aujourd’hui, on échange un Israélien contre trois Palestiniens.

Ah ! le Qatar…

Le Proche-Orient est le lieu unique de toutes les hypocrisies. On dénonce le dénuement des Palestiniens de Gaza, mais on apprend que le Hamas gagne un milliard d’euros par an, somme qu’il ne consacre guère au bien-être de ses compatriotes, dont il est un ennemi plus féroce qu’Israël. La recherche acharnée du centre nerveux du Hamas à Gaza par Tsahal nous semble dérisoire quand nous voyons les chefs des terroristes, dont Ismaïl Hanyeh, plastronner dans les grands palaces de Doha, pendant que Gaza est réduite en cendres. Enfin, les louanges qui pleuvent sur le Qatar, qui a si bien mené la négociation, qui a tant fait plaisir à Joe Biden, qui est un État admirable de tous les points de vue relève d’un optimisme outrancier.

Pantalonnade.

En effet, tous ces pays du Proche-Orient ont des liens étroits avec les pires terroristes, liens bien utiles quand il s’agit de récupérer des otages. Que font les Qataris pour parvenir à leurs fins ? Ils cajolent le Hamas ou bien ils le menacent ? Ils sont de quel côté ? Du leur exclusivement. Ils ont vu dans cette atroce affaire une occasion historique à saisir. Ils le font très bien. Vous me direz que Netanyahu agit de la même manière, quand il fait des concessions produisant des résultats positifs. Bref, tout ce que je dis, c’est qu’il vaut mieux avoir un regard lucide quand on participe à une pantalonnade.

RICHARD LISCIA

 

 

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La Hollande bascule

Geert Wilders hier
(Photo AFP)

Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV), formation d’extrême droite, a remporté les élections législatives en obtenant 35 sièges sur 150. Pour autant le chef du parti, le célèbre Geert Wilders, n’est pas assuré de devenir Premier ministre.

LA HOLLANDE est un pays éminemment démocratique qui, pendant 13 ans, a été dirigé par un  centriste, Mark Rutte. Les forces centrifuges auxquelles l’Union européenne sont soumises ont assuré la monté des extrêmes droites en France, en Italie, aux Pays Bas, en Allemagne, dans un contexte dominé par le problème de l’immigration. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne pour cette raison, l’Italie a mis l’extrême droite au poivoir. Mais les démolisseurs de l’UE et leurs pouvoirs n’ont rien changé à la crise migratoire. Les Hollandais ont préféré la mésaventure proposée par Gert Wilders au sérieux de Rutte. Ils s’en repentiront aussi sûrement que les Britanniques.

D’autres coalitions sont possibles.

Le triomphe de Wilders est relatif. Les autres partis, dans cette représentation nationale très morcelée, ne sont pas pressés de faire alliance avec lui. Les écologistes obtiennent 25 sièges, le centre droit 24. Comme on le voit, d’autres coalitions sont possibles. La victoire de Wilders, qui s’est agité comme un beau diable pour être enfin reconnu, risque de retomber comme un soufflé. De toutes façons, les démocraties se gouvernent au centre. Pieux : quand l’extrême droite arrive au pouvoir, comme en Italie, elle fait des choix centristes.

De l’eau dans le vin extrémiste.

En réalité, et même si les électeurs néerlandais finissent par consacrer une autre coalition que celle dirigée par Geert Wilders, c’est l’invasion lente mais sûre de l’Europe occidentale par les extrêmes qui inquiète. L’immigration est constamment montée en épingle, alors que Georgia Meloni, présidente du conseil des ministres italien démontre tous les jours qu’elle n’est pas plus efficace dans la crise migratoire que ses prédécesseurs.  L’autre réalité, c’est que,  quand ils accèdent au pouvoir, les régimes de type autoritaire se plient à la discipline européenne et restent liés à l’OTAN.  Or, s’il n’y a pas de fracture au lendemain des élections, la présence de l’extrême droite au pouvoir risque d’être balayée par les élections suivantes.

À quoi sert-elle ?

C’est vrai pour la France, même si le raisonnement semble traduire l’illusion d’une continuité. Marine Le Pen a déjà renoncé à la récupération des instruments de la souveraineté française. Cela revient à augmenter ses chances de conquérir le pouvoir en 2027. Mais si son projet ne se distingue pas de celui d’Emmanuel Macron, elle ne fera qu’un mandat. Elle nie complètement être rentrée dans le rang. Ce qui ne l’empêchera pas d’appliquer les directives européennes. Dans ce cas, on sera en droit de se demander en quoi elle est différente de la droite classique. Elle a certes la possibilité de conquérir le pouvoir pour, ensuite, trahir son propre discours. Elle ne serait pas la première à annoncer un politique pour en faire une autre, une fois qu’elle aura été élue. Tout cela est bien compliqué.

RICHARD LISCIA

 

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Il y a 60 ans, Kennedy…

Jackie et son mari à leur arrivée à Dallas le 22 novembre 1963
(Photo AFP)

Le lecteur sait que je commente rarement les anniversaires qui, en général, n’apportent rien de neuf sinon, peut-être, une leçon d’histoire. Le cas de Kennedy a ceci de particulier qu’il reste d’actualité dans un monde d’une violence inouïe.

JOHN F. KENNEDY a emballé toute une génération de jeunes qui voyaient en lui un symbole de renouveau. Il n’en a pas moins été un politicien classique et il s’est battu contre ses adversaires avec férocité. Élu avec seulement 100 000 voix d’avance sur Richard Nixon, il n’a vraiment acquis se légitimité que lorsqu’il a empêché Khrouchtchev d’acheminer des missiles nucléaires à Cuba en 1962.Le 22 novembre 1963, Kennedy s’est rendu à Dallas (Texas) pour préparer sa campagne électorale en vue d’un second mandat. La mort l’y attendait.

Le rôle de Johnson.

On ne saurait évoquer Kennedy sans parler de Lyndon Johnson, son vice-président, qui a prêté serment dans l’avion qui ramenait la dépouille de Kennedy à Washington. Johnson, loin d’avoir la popularité de son patron, a tout de même appliqué à la lettre son programme, notamment sur le plan des inégalités, favorisant l’accès de millions de Noirs à la fonction publique et dans l’éducation, notamment au moyen du busing, méthode qui consistait à transporter les élèves noirs vers les écoles réservées aux Blancs. Cela ne s’est pas fait sans mal. Les Wasps (White Anglo-Saxon Protestants) se sont rués vers les écoles privées, mais, depuis, la mixité est devenue la normale. Le racisme n’est pas mort. En revanche, les instruments mis à la disposition des Noirs sont nombreux et efficaces, pour peu qu’ils ne tombent pas dans la délinquance.

Image d’Épinal.

Kennedy fut à son zénith quand il lança son ultimatum à Khrouchtchev : pas d’ogives nucléaires à Cuba, l’Amérique était prête à une guerre atomique à propos d’un épisode complètement fabriqué par les Russes. C’est à ce moment là que l’Occident fut rassuré et que Kennedy endossa son costume de héros. L’opinion mondiale commença à l’oublier quand on apprit, après sa mort, qu’il était malade, suite à une blessure de guerre et qu’il avait une affection aux glandes surrénales. Surtout, les révélations sur ses exploits d’alcôve ont mis un terme au souvenir émerveillé d’un président jeune, beau et riche qui avait épousé une dame très distinguée  qui lui donna deux beaux enfants. L’image d’Épinal est depuis longtemps jaunie et oubliée, à part peut-être le souvenir du petit John-John qui fit le salut militaire (à quatre ans) devant la dépouille de son père.

Et Joe Biden ?

Ce qu’on a appris sur Kennedy après sa mort, on l’apprend aujourd’hui sur les présidents en exercice. Le privilège de manipuler la communication a disparu : les présidents doivent rendre des comptes pendant l’exercice de leur mandat. En somme, Kennedy ne mérite ni un excès d’outrages ni un excès de louanges. Il avait une idée très solide de l’ordre mondial mais il appartenait à une période où le silence était roi. Il n’a pas été le meilleur président depuis Roosevelt, pas plus que Barack Obama, encensé et réélu, mais qui laisse aussi un souvenir mitigé, celui d’un président qui ne savait pas prendre ses responsabilités. Il est à la fois curieux et logique qu’un président soit très populaire pendant son mandat mais qu’il soit discuté quand il a quitté ses fonctions. Vous aurez sûrement remarqué que Biden est contesté, moqué, et récusé. Quand il sera parti, qu’il soit réélu ou non, on s’en souviendra comme le meilleur président des États-Unis depuis 1945.

RICHARD LISCIA

 

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Accord sur les otages

De la farine pour les civils palestiniens
(Photo AFP)

Le Hamas annonce un accord avec Israël sur la libération d’une quarantaine d’otages en échange de quelques centaines de détenus palestiniens. Le gouvernement israélien ne dit mot, mais Joe Biden, président des États-Unis, confirme l’existence de l’accord. 

L’ÉCHANGE de prisonniers aurait lieu à la faveur d’une pause dans la bataille de Gaza. Il montrerait que la libération des otages demeure l’objectif principal de l’État hébreu. L’application  de cette mesure entraînerait une forme de détente, avec un cessez-le-feu très provisoire et le rappel de la nécessité de trouver une solution politique. Les réactions seront variées. Les Israéliens seront soulagés mais poursuivront leur campagne pour la libération de tous les otages. Les « durs » du gouvernement à Jérusalem exigeront que la campagne se termine par une victoire de leur pays.

Un mélange de guerre et de diplomatie.

On n’en est pas là. S’il semble que l’apurement du contentieux Israël-Hamas peut être liquidé, la présence de Benjamin Netanyahu à son poste de Premier ministre deviendra de plus en plus fragile. Il est trop tôt pour ce genre de spéculations, mais il paraît clair que les instruments de la guerre et de la diplomatie sont étroitement mêlés. Le Hamas a bien sûr intérêt à présenter comme une victoire la libération de détenus palestiniens. En revanche, M. Netanyahu ne pourrait se prévaloir d’aucune avancée majeure, étant entendu que, pour les familles israéliennes, ce qui compte, c’est le rapatriement de tous les otages.

Un Hamas sauvage mais politique.

Il est temps d’admettre que la sauvagerie du Hamas repose aussi son rôle politique. Il a remis sur la scène politique mondiale le sort des Palestiniens de Cisjordanie, il a infligé à l’État juif des dommages de nature historique et il sait que, pour Israël, rien ne sera plus comme avant. Cependant, le Hamas ne sortira pas de l’affrontement sans dommages considérables. Le conflit lui a coûté très cher, la défiance des Palestiniens commence à croître, de sorte qu’il aura œuvré à son insu à la remise en scène de Mahmoud Abbas et du Fatah. Les relations entre Hamas et Fatah sont mauvaises depuis au moins deux décennies et des affrontements entre les deux groupes se sont soldés par la mort de nombreux combattants palestiniens. Or le projet qui fait consensus, c’est une entité Cisjordanie-Gaza dirigé par Mahmoud Abbas après des élections.

Le Hezbollah neutralisé.

En dehors d’une violence exceptionnelle et d’un nombre très élevé de victimes, la géopolitique a fortement évolué : Israël, l’Iran, les États musulmans s’inscrivent dans un rapport de forces qui non seulement peut déclencher un nouveau conflit mais risque d’aller, du côté iranien, à la menace du recours à l’arme atomique. Des systèmes militaires ont été en place par les États-Unis pour contrecarrer l’agitation en Iran et au Yémen, de sorte que, pour le moment, le Hezbollah libanais, qui prend ses ordres à Téhéran, est neutralisé.

L’effacement du droit.

2023 a modifié les rapports de force, renforcé les régimes autoritaires et les dictatures et plus rien ne se produit dans le monde qui ne résulte d’une guerre ou d’une bataille. Laboratoire de l’avenir immédiat, Israël se défend contre l’adversité en s’inspirant du cynisme et de l’indifférence de ses ennemis ou adversaires. Nous sommes tous prévenus : nous avons affaire, depuis l’invasion de l’Ukraine, inséparable de la guerre de Gaza, à un effacement complet du droit international. De ce point de vue, il n’est pas logique de ne blâmer qu’Israël, État qui se voit contraint et forcé de s’adapter à un contexte particulièrement violent.

RICHARD LISCIA

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La frustration des maires


David Lisnard au meilleur de sa forme
(Photo AFP)

Le cent-cinquième Congrès des maires de France est ouvert depuis ce matin à Paris sous la présidence de David Lisnard, maire LR de Cannes, qui brigue un deuxième mandat. Dix mille élus se sont donc retrouvés pour se plaindre de ce que, malgré leur immense popularité, ils soient le lieu géométrique de tous les abus et de toutes les violences. 

BIEN qu’ils soient dotés d’une incontestable autorité grâce à la proximité avec leurs électeurs, les maires de France sont contestés, parfois menacés, souvent frappés pour diverses raisons liées à la montée de la violence dans la société française et au besoin des administrés de trouver un bouc émissaire. Le comportement des gilets jaunes n’est pas étranger à l’agressivité des attitudes, de même que les intercommunalités, qui ont pour effet de réduire le respect que les maires inspiraient naguère.

« Vous êtes flic ? »

Les exemples de violence anti-maire sont nombreux : pour une question de tapage nocturne ou de vol dans un magasin, on appelle le maire, qui n’est pas un policier. Un maire, récemment, qui tançait un ivrogne sur la voie publique, a répondu à la question : « Vous êtes flic ? » et, comme il disait qu’il était maire, il a été tabassé.  Une flambée de violence causée par la mort d’un jeune homme a valu l’incendie de sa maison à un maire. Des centaines d’édiles ont démissionné, et le Congrès fera la somme des difficultés qui ont déclenché le mécontentement général.

Absence de Macron.

Emmanuel Macron a décidé de ne pas se rendre au Congrès, ce qui augmente le désarroi des maires, convaincus que son absence sera comprise comme une preuve d’indifférence de la magistrature suprême à l’égard de leur travail. C’est d’autant plus regrettable que, lors des manifestations de gilets jaunes, les grandes réunions organisées par l’Élysée autour du président de la République ont été beaucoup plus prisées par les maires que par le public en général.

Le maire, c’est le tissu social.

Le maire, aujourd’hui, marche sur une corde raide. Il est aimé par ses électeurs mais blâmé et méprisé par les spécialistes du désordre. Il sait qu’il ne mérite pas d’être ainsi brimé, et il cherche des soutiens institutionnels qui le mettraient à l’abri des violences. Il est vrai que dans le domaine de la décentralisation, le chef de l’État a beaucoup donné et que crises et guerres dans le monde retiennent davantage son attention. Mais le maire, c’est le tissu social. S’il ne va pas bien, c’est sa commune qui en souffrira.

Évitons de croire à des solutions miracles, du genre mettre des policiers partout. C’est impossible. La seule chose qui soit utile, c’est l’amélioration du financement des communes. Autre cercle vicieux : le déficit budgétaire et le montant de la dette publique ne favorisent guère les largesses.

RICHARD LISCIA

 

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