PSA-Fiat : nouveau géant

Carlos Tavares
(Photo AFP)

La fusion de PSA (Peugeot, Citroën et Opel) avec Fiat-Chrysler fait de nouvelle entité le quatrième groupe automobile du monde, valorisé à plus de 40 milliards d’euros. Le gouvernement soutient la fusion tout en se déclarant « vigilant » sur l’emploi.

PROMIS, juré, aucune usine ne sera fermée pour cause de concentration industrielle. La CGT n’est pas de cet avis qui, échaudée par de précédents licenciements, craint que, même si toutes les usines de PSA restent fonctionnelles, on peut y comprimer les effectifs. Car, quel est le but de l’opération, sinon de faire des économies ? Certes, il s’agit principalement de donner aux deux groupes, franco-allemand et italo-américain, la taille critique qui leur permet de rester compétitifs sur le marché au moment où l’industrie automobile mondiale doit affronter l’avenir, c’est-à-dire le passage aux voitures électriques. Carlos Tavares, le P-DG de Peugeot, a déjà prouvé ses talents de manager. Il a rétabli les comptes de Peugeot qui, au moment où il est arrivé, allait mal, à la faveur d’une reprise de la croissance qui n’enlève rien à son intuition et à son autorité. Il a racheté Opel, marque allemande, qui avait besoin d’une bouffée d’oxygène. Mais, aujourd’hui, le grand patron du groupe résultant de la fusion, c’est le descendant du prestigieux capitaine d’industrie Giovanni Agnelli, John Elkann, qui en devient  le P-DG, alors que Tavares est directeur général.

Une bonne et mauvaise nouvelle.

On soupçonnera donc M. Elkann, quand il sera aux commandes, de sacrifier plus de salariés français que de salariés italiens. Mais la fusion entre les deux entreprises correspond à une forme de vitalité européenne : les groupes nationaux sont voués à grossir et à acquérir une taille mondiale. On a vu, par exemple, que le magnifique succès d’Airbus résulte de la coopération entre plusieurs pays de l’Union, Grande-Bretagne comprise, ce qui, avec le Brexit, jugé inéluctable, pose aujourd’hui un problème pour les fusions de grands groupes. Comment, dans une France déprimée par le chômage, assaillie par toutes les concurrences possibles, peu encline à la cohabitation, les ouvriers de PSA vont-ils accueillir la nouvelle, bonne pour les capitalistes, mauvaise pour les employés ?

On imagine que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, est sincère quand il insiste sur la « vigilance » de l’État. Mais on a déjà vu à l’œuvre des mouvements capitalistiques beaucoup vigoureux que les États. Et on sait en outre que les fusions d’entreprises font partie des procédés européens. Le moment venu, on nous chantera la vieille rengaine : mieux vaut assurer la survie de l’entreprise, quitte à licencier quelques centaines ou quelques milliers d’employés, que de se battre dans le périmètre du dernier carré, ce qui est le signe avant-coureur d’une défaite en rase campagne et une fermeture d’usine. C’est assez dire que la logique capitaliste ne fait pas bon ménage avec celle des salariés et de leurs syndicats. Le mot rengaine est très péjoratif mais il correspond, hélas, à une réalité implacable contre lequel l’humanisme et la solidarité ne disposent que de la parole, et pas de l’influence.

RICHARD LISCIA

 

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