LES CONSÉQUENCES sociales de l’amélioration du marché de l’emploi sont encore négligeables : les diminutions du nombre des chômeurs que l’on peut constater de mois en mois peuvent être attribuées tantôt à des créations d’emplois dans l’économie marchande, tantôt aux emplois aidés par l’État, tantôt par l’effort intense de formation qui est fourni depuis le début de l’année. Signe plus positif, la reprise des investissements privés, clé de voûte de la croissance, laquelle cependant a été nulle au deuxième trimestre, ce qui tend à montrer que la reprise économique en France est hésitante.
Le foisonnement des candidatures.
Dans ces conditions, il est peu probable que la baisse du taux de chômage soit suffisante pour apporter un souffle nouveau à la candidature de François Hollande en 2017. Pour une raison simple: elle ne sera pas assez massive pour soulager un nombre élevé d’électeurs. M. Hollande a toujours compté sur un retour cyclique de la croissance, elle est arrivée bien trop tard pour qu’il puisse triompher aujourd’hui, et d’ailleurs, il s’en garde bien. La fameuse « inversion de la courbe » a eu lieu avec au moins deux ans de retard. C’est un argument supplémentaire qui milite contre sa candidature en 2017. La crise sociale déclenchée par l’adoption à la hussarde de la loi Travail n’est pas terminée et la rentrée sera houleuse avec des manifestations syndicales dès le 16 septembre. La cohésion du gouvernement est remise en cause tous les jours par les divisions qui ne cessent d’apparaître au fil des affaires, comme celle du burkini, qui montrent des différences idéologiques entre les ministres. L’incroyable foisonnement des candidatures à gauche ne sera pas forcément réduite par la primaire, si Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon, comme il l’affirme, se présentent directement à l’élection présidentielle. Aucun ne sera élu, mais la dispersion des voix de gauche risque d’éliminer M. Hollande au premier tour.
Hollande pourrait-il abandonner ?
Des rumeurs sans doute prématurées soulèvent l’hypothèse d’un abandon du président, dont on sait qu’il prendra sa décision à la fin de l’année. Qui, alors, prendrait sa place pour représenter son courant? Bien entendu, Emmanuel Macron pourrait être sur les rangs, en tout cas, il fait tout pour apparaître comme une alternative, même s’il a cru bon de réaffirmer récemment qu’il n’est pas socialiste. Mais le plus logique serait d’envoyer Manuel Valls au combat, en dépit des sentiments peu amènes qu’il inspire à la gauche de la gauche, une addition de minorités minuscules qui finira par compter si l’enjeu consiste à écarter le Premier ministre de la course présidentielle. Il n’empêche que M. Valls peut se targuer d’avoir une bonne expérience de la gestion des affaires de l’État, qu’il s’y entend pour résister aux sirènes idéologiques de la gauche, qu’il ne manque pas d’autorité, qu’à aucun moment il n’a tenté de faire carrière au détriment de François Hollande, qu’il peut trouver un soutien au centre. Bref, il réunit un certain nombre de qualités qui font que sa candidature ne serait impensable que pour ceux qui, au PS ou au delà, ne cessent de lui faire un procès en droitisation.
Quoi qu’il en soit, on peut s’attendre à une saison animée de plusieurs coups de théâtre, par exemple si M. Hollande se déclare forfait et même s’il décide de courir sa chance, ce qui ne serait pas moins étonnant. Ce qu’il faut comprendre, c’est que, contrairement à ce que souhaitent M. Hollande et M. Sarkozy, la perspective qu’ils se retrouvent dans un match triangulaire avec Marine Le Pen, comme en 2012, n’est pas du tout une certitude. Tout ce que l’on peut dire aujourd’hui du second tour, c’est que seule Marine Le Pen est assurée dès aujourd’hui d’y être présente.
RICHARD LISCIA