Les maires contre Macron

François Baroin, président de l’AMF
(Photo AFP)

L’Association des maires de France (AMF) est réunie à la porte de Versailles, à Paris, pour son centième congrès. Le président de la République y fera jeudi un discours, après le Premier ministre, Edouard Philippe, qui intervient aujourd’hui. Entre les maires et l’exécutif, le contentieux est lourd depuis qu’Emmanuel Macron a accru la politique de réduction budgétaire des communes inaugurée par François Hollande.

LA GESTION des mairies est encombrée par un gros problème de financement, et elle s’est transformée en une pomme de discorde qui, chaque jour, éloigne un peu plus nos élus du pouvoir exécutif. Le ton des discours est à cet égard édifiant puisque les maires accusent le président de « détester » les communes et de pratiquer un centralisme jacobin qui les prive de toute initiative. Le gouvernement, à l’occasion de ce congrès, a lancé une campagne de charme auprès des maires en tentant de leur exprimer un amour sans réserves. Mais les mots comptent infiniment moins que l’argent. M. Macron ne reviendra certainement pas sur ses décisions. Il entend bel et bien poursuivre l’abolition partielle de la taxe d’habitation et il veut aussi que les maires s’engagent dans un plan de réduction des dépenses qui, au terme du quinquennat, leur ferait perdre 13 milliards.

Une guerre sans merci ?

Ce faisant, le président de la République a peut-être associé deux idées incompatibles : il supprime la taxe d’habitation parce qu’il la juge injuste, ce qu’elle est, (elle est calculée selon un mode qui remonte aux années soixante-dix), mais, même si cette suppression est progressive, elle prive les communes d’une recette globale de dix milliards. Simultanément, il exige des mairies qui, depuis Hollande, sont entrées dans une phase de diminution des dépenses locales, qu’elles trouvent encore en cinq ans 13 milliards, ce qui relève de la gageure et plonge les maires dans une colère noire. M. Macron aurait maintenu la taxe d’habitation que son plan d’économies aurait sans doute été mieux perçu par les mairies. Bien entendu, les édiles, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont désormais convaincus que l’exécutif conduit contre eux une guerre sans merci, qu’il souhaite leur ôter tout pouvoir et qu’il appauvrit la France.

L’argent introuvable.

Ils n’ont pas tout à fait tort, dans la mesure où les promesses du pouvoir de compenser cette brutale réduction du budget municipal par des transferts monétaires de l’État ne sont pas vraiment pris au sérieux. S’ils ne veulent pas être houspillés, vitupérés, sifflés au congrès de la porte de Versailles, le chef de l’Etat et son Premier ministre devront apporter des garanties de fer à leur audience. Mais où trouver tout cet argent ? Que les villes et villages de France aient une tendance à dépenser plus que leurs moyens ne les y autorisent est une vérité si forte qu’elle a même gagné l’esprit du socialiste Hollande. Depuis que l’ex-président a lancé les premiers efforts pour réduire les dépenses publiques, les communes ont fait l’objet d’un harcèlement plus systématique que celui auquel l’État a été soumis. La nécessité d’en finir avec les déficits et d’amorcer le désendettement relève maintenant d’une exigence absolue qui domine tous les débats. Les collectivités locales ont lutté contre l’austérité en tirant avantage des emplois aidés (lesquels sont appelés à disparaître) et ont fait, forcément, tout ce qu’ils pouvaient pour protéger leurs mandants contre une baisse de leur niveau de vie : c’est une évidence.
M. Macron livre avec constance une bataille contre la dépense dont les stratagèmes sont parfois injustes et l’effet psychologique regrettable. Cependant, le signal qu’il envoie à ses concitoyens est très fort. On ne plaisante plus avec la dépense publique et il va falloir que chacun de nous, actif, retraité, fonctionnaire ou dans le privé, s’y habitue. Nous devons, tout simplement, redresser les comptes nationaux. Peut-être le gouvernement est-il allé trop loin dans ce qu’il réclame aux mairies. Il a tout le loisir de corriger le tir. Mais il est indispensable que nous effacions en cinq ans le déficit budgétaire.

RICHARD LISCIA

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