Drogue : une polémique de trop

Peillon : mauvais timing
(Photo AFP)

Une affaire de blanchiment d’argent a donné lieu à l’interpellation de 17 personnes, dont la maire-adjointe écologiste du XIIIè arrondissement, Florence Lamblin, qui a une formation d’architecte. Mme Lamblin nie toute participation au réseau.

En fait, elle disposait en Suisse d’un héritage de 400 000 euros qui remonterait à 1920 et, sur le conseil de ses banquiers, aurait simplement voulu rapatrier cette somme, qu’elle a placée dans un coffre à la banque. Mme Lamblin a été mise en examen (il y a, pour le moins, fraude à l’ISF) et placée sous contrôle judiciaire contre une caution de 80 000 euros. Elle a refusé de démissionner, contre l’avis du maire de Paris, Bertrand Delanoë.

C’est une histoire plus qu’embarrassante pour le parti Europe Écologie-les Verts qui, notamment sous la houlette d’Eva Joly, a toujours porté sa vertu en sautoir. Bien entendu, c’est aussi un nouvel os à ronger pour la droite qui s’est jetée sur l’affaire comme la misère sur le pain. On n’a aucune envie d’accabler Mme Lamblin, mais personne n’oublie les leçons de Mme Joly et de nombre de ses amis sur  la complaisance de la plupart des Français, sauf la gauche, bien sûr, pour la corruption. Voilà nos professeurs d’éthique éclaboussés par une des leurs. Nous éviterons tout triomphalisme facile et laisserons nos censeurs d’hier se livrer à une longue méditation sur l’humilité.

Le coup de Vincent Peillon.

Il  reste le blanchiment de sommes élevées provenant du trafic de drogue, au moment où l’on nous annonce une saisie de huit tonnes de cocaïne pour une valeur marchande de quelque 500 millions d’euros. Ce qui en dit long sur les quantités de drogue qui passent les mailles du filet et le niveau de consommation de la cocaïne, produit extrêmement dangereux, en France et en Europe. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation, choisit ce moment particulier pour demander, à titre personnel, la dépénalisation du cannabis. Le chanvre indien est une drogue dite douce, par opposition à la cocaïne, drogue dure. Mais combien de toxicomanes passent de l’une à l’autre et, si on dépénalise le cannabis, dont les effets pervers pour la santé sont largement documentés, quel message envoie-t-on aux adolescents qui en consomment ? Il est vrai, comme l’a dit M. Peillon, que l’on n’est parvenu à aucun résultat par les moyens de la répression. Il est vrai que l’avantage de la dépénalisation, c’est la fin du trafic et une amélioration de la sécurité dans les quartiers. Il est vrai que la police et la justice, impuissants devant le développement de ce commerce scandaleux, sont en manque d’imagination.  Mais, Monsieur le ministre, c’est le timing qui n’est pas bon. C’est votre maladresse, aussitôt suivie d’un communiqué de Matignon indiquant qu’il n’est pas question de dépénaliser la marijuana, qui inquiète.

L’épisode renvoie aux dissonances croissantes d’un gouvernement que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, semble incapable de maîtriser (1). La cacophonie se produit quand une équipe dirigeante confrontée à des dossiers d’une urgence extrême, commence à ouvrir d’autres dossiers, plus anciens, moins brûlants, soit parce qu’elle est plus à l’aise dans les questions de société que dans la crise économique, soit parce que, confrontée à une actualité obsédante, elle trouve un répit dans un sujet périphérique sur lequel elle avait travaillé avant de se hisser au pouvoir et qu’elle estime mieux connaître. Le problème de la drogue est très ancien, et l’idée de la dépénalisation n’est pas neuve. Il faut savoir ce qui est le plus urgent, le cannabis ou le chômage.

RICHARD LISCIA

(1) Notre article dans  » le Quotidien du médecin  » d’aujourd’hui

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Une réponse à Drogue : une polémique de trop

  1. Dr Delphine Olivier dit :

    La dépénalisation de la marijuana devrait surtout s’accompagner d’un contrôle qualité. La simple marijuana d’antan a en effet vécu. Celle d’aujourd’hui est souvent enrichie de « produits complémentaires » qui dirigent le jeune en quête de sensations plus rapidement et plus sûrement vers la prise de drogues dures.

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