Gaza : la trêve introuvable

 

Attentat aujourd’hui à Tel Aviv
(Photo AFP)

En dépit d’une très intense activité diplomatique à acteurs multiples (France, États-Unis, Égypte, Turquie, Nations unies), il a été impossible, jusqu’à présent, de conclure un accord sur une trêve à Gaza et a fortiori un cessez-le-feu. L’attentat contre un bus à Tel Aviv, qui a fait 17 blessés dont trois graves, complique la donne.

LES ISRAÉLIENS auront constaté avec fatalisme que, comme d’habitude, on compare les pertes infligées par les Palestiniens qui sont énormes (déjà une centaine de morts et de très nombreux blessés) et celles d’Israël, qui sont très inférieures, notamment parce que le système antimissiles Iron Dome qu’ils ont conçu est efficace. En fait, la bataille, cette fois, est beaucoup plus « équilibrée », si l’on peut dire, que lors des précédents affrontements, notamment celui de 2008. Des pluies de roquettes s’abattent sur le sol israélien et pas seulement dans le sud : Tel Aviv et Jérusalem ont été atteintes à plusieurs reprises. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius,  a fait à ce sujet une remarque essentielle en mettant en cause la livraison par l’Iran au Hamas de fusées sophistiquées ou à longue portée qui, désormais, mettent en danger tous les civils israéliens, puisque le Hamas n’attaque vraiment que les civils.

Du coup, on ne parle plus, comme autrefois, de roquettes « artisanales »,  jugées négligeables même si elles tuent aussi complètement que de meilleures armes. Mais le problème n’est pas que militaire, il est politique. L’Iran et le Hamas veulent établir avec Israël un rapport de forces qui contraindrait le gouvernement israélien à faire plus de concessions. Les dirigeants du Hamas ont en effet demandé, en échange d’une trêve, puis d’un cessez-le-feu, la réouverture de la frontière entre Gaza et l’Égypte qui, certes, permettrait à la population de s’approvisionner normalement mais se traduirait aussi par l’arrivée massive d’armes de l’étranger. Le Hamas ne perd pas de vue son objectif central : rendre la vie impossible aux Israéliens et peut-être les battre militairement.

Israël ronge son frein.

Personne n’est dupe des larmes de crocodile du Hamas qui noient une stratégie implacable. Il est toujours prêt à infliger les pires souffrances à la population civile de Gaza pourvu qu’il devienne, à terme, l’unique interlocuteur d’Israël. Les destructions et les pertes en vies humaines causées par l’armée israélienne à Gaza sont certes considérables, mais, dans ce tableau sinistre, le Hamas a su ajouter son grain de férocité en exécutant froidement plusieurs Palestiniens accusés d’avoir coopéré avec l’ennemi.

Or, contrairement à ce que l’on pouvait craindre, connaissant l’intransigeance du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, Israël, à ce jour, n’a pas lancé d’offensive terrestre contre Gaza (celle de 2008 avait fait 1 400 morts). L’État juif a cédé aux pressions américaines et françaises. De la même manière, contrairement à une analyse qui a fait le tour du monde, M. Netanyahou n’a pas provoqué les premiers incidents qui ont mis le feu poudre. On l’en accusait en rappelant que chaque fois qu’il y a une élection en vue en Israël, une bataille éclate avec Gaza. En réalité, le Premier ministre souhaite un cessez-le-feu,  parce qu’un regain d’insécurité en Israël créé par une guerre diminuerait ses chances, qui sont grandes, de gagner les élections anticipées de janvier 2013.

Malgré les morts de Gaza, Israël a bel et bien fait preuve de « retenue », le mot préféré des diplomates. Mais pas le Hamas qui ne contrôle pas les factions les plus irrédentistes de Gaza, ville où l’on s’est réjoui bruyamment de l’attentat de Tel Aviv, et où l’on tue des Palestiniens à défaut d’Israéliens. Bien entendu, il n’est pas impossible que, furieux de l’attentat de Tel Aviv et des bombardements de roquettes, Israël finisse par envahir Gaza. On dénoncera une fois encore la violence d’Israël sans voir ce qui crève les yeux, la barbarie toute nue des terroristes. Et le droit de chaque Israélien à la légitime défense.

RICHARD LISCIA

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