De Flamanville à Turin

L’écologie vue par Hollande
(Photo AFP)

La nouvelle aura douché tout le monde : la centrale EPR de Flamanville coûtera 2 milliards d’euros de plus pour un coût total de 8,5 milliards. Les écologistes n’ont pas perdu de temps pour dénoncer ce projet pharaonique et inutile à leurs yeux. Deux jours plus tôt, ils condamnaient le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin, inauguré par un accord signé en grande pompe par François Hollande et Mario Monti.

LA FRANCE ne manque pas de courage qui, pour mettre au point une filière nucléaire civile plus propre et moins risquée, l’EPR, en a essuyé tous les plâtres : en Finlande où la première centrale est en cours de construction à un prix exorbitant qui dépasse toutes les prévisions ; et à Flamanville, dans la Manche, où nous devrons ajouter deux milliards pour un projet dont, selon les écologistes, nous devrions nous dispenser en consacrant nos dépenses aux énergies renouvelables. Sur ce point, comme sur tant d’autres, la position du gouvernement est ambigüe et même contradictoire : à quoi bon finir l’EPR de Flamanville si, dans le même temps, nous programmons la disparition de Fessenheim et, à terme, celle de toutes nos centrales nucléaires ? Les Verts ne cessent de dénoncer le grand écart politique du gouvernement, mais Delphine Batho, ministre de l’Écologie et de l’Énergie, a confirmé aujourd’hui que la centrale EPR serait en service en 2016.

La grande bataille de l’environnement.

C’est le troisième front qui s’ouvre dans la bataille de l’environnement en quelques semaines. Tout a commencé avec les manifestations violentes autour du projet de nouvel aéroport près de Nantes. Après une courte période de répression, les pouvoirs publics tentent maintenant d’ouvrir le dialogue, avec un succès mitigé par la détermination des manifestants. Avant Flamanville, la deuxième pomme de discorde, c’est le train Lyon-Paris, encore plus combattu par les écologistes italiens que par les défenseurs français de l’environnement. Quand on fait la somme de ce que les Verts ne veulent pas, on craint la disparition de ces grands travaux soutenus par l’Union européenne qui permettent de lutter contre le chômage. Forts des données inquiétantes sur le réchauffement de la planète et sur les conséquences désastreuses qu’il entraîne déjà, les écologistes exigent que l’on revoie de fond en comble la politique énergétique et que l’on en fasse la structure même de la croissance en sélectionnant les énergies renouvelables, du solaire à l’éolien.

L’EPR fait partie de la transition.

Il s’agit d’une reconversion sans précédent qui implique une transition difficile dans un contexte économique et social devenu insupportable. Le Lyon-Paris est l’exemple même du projet assurant des milliers d’emplois pendant plusieurs années, avec des investissements, réalisés par la France et l’Italie, mais aussi par l’Europe : logiquement,  des fonds structurels devraient être débloqués pour une réalisation éminemment européenne. Laquelle présente en outre des avantages pour l’environnement puisque la  nouvelle ligne ferroviaire aura pour objectif de transporter des camions et évitera donc la pollution d’une région montagneuse et fragile.

Peut-on, d’ores et déjà, au nom d’énergies coûteuses dont la production risque d’être insuffisante au regard des besoins humains, renoncer au train, à l’énergie nucléaire, à la croissance des transports? Les écologistes en prendraient le risque allègrement, mais le gouvernement actuel, pas plus que le précédent, ne semble prêt à assumer une telle responsabilité au nom d’un avenir plus imaginé que certain. L’achèvement des projets en cours ou même à peine commencés est nécessaire. Il fait partie de la transition, au même titre que le démantèlement des centrales ayant atteint la limite d’âge. Si nous renoncions prématurément aux activités de la « vieille » économie, nous perdrions tout espoir de relancer la croissance dans un pays qui en manque désespérément.

RICHARD LISCIA

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