Hollande en terrain conquis


Hollande à Bamako
(Photo AFP)

Que François Hollande se soit rendu au Mali, alors même que les opérations militaires s’y poursuivaient, ne peut que recueillir notre approbation. À l’intervention française, il fallait ajouter une indispensable dimension politique : l’enthousiasme et la gratitude des Maliens contribuent à l’unité d’un pays affaibli. Que cette visite n’enlève rien à la tâche qu’il reste à accomplir, tout le monde en conviendra aussi, y compris le principal intéressé. Mais il ne faut ni bouder son plaisir, ni raisonner comme si l’échec était le corollaire du succès. 

LE PRÉSIDENT S’EST MONTRÉ d’autant plus courageux qu’il n’a pas hésité à annoncer son voyage avant de l’accomplir. Des raisons de pure sécurité interdisent, par exemple, d’informer les médias d’une visite en Afghanistan. Cette fois, au Mali, la présence imminente du chef de l’État a été signalée comme si toutes les conditions d’une sécurité absolue avaient été réunies. Façon supplémentaire de souligner une victoire dont les aléas politiques futurs ne sauraient diminuer l’impact. Comme l’offensive au Mali est comparée à la libération de la Libye par des moyens strictement aériens, on doit bien remarquer que la France, cette fois, a envoyé près de 4 000 hommes dans une bataille au sol. L’initiative doit être rapprochée plutôt de l’action française en Côte d’Ivoire où les résultats d’une consultation électorale risquaient d’être anéantis par le refus de Laurent Gbagbo d’en tenir compte.

Le chef de l’État a certes agi avec une promptitude, une détermination, une vigueur qui aura surpris tous ceux qui ne voyaient pas en lui l’archétype du chef de guerre. Il a mis fin aux palabres sur son indécision et son sens trop aigu de la synthèse. Il a accentué un rôle de la France qui la dépasserait presque. Il a rendu un fieffé service à tous ceux qui craignent le recul des libertés dans le monde. Les dissertations sur l’isolement de notre pays, qui n’a guère recueilli en Europe que des encouragements verbaux, les analyses profondes sur l’état du Mali, sur l’incapacité de son armée à défendre les frontières et sur sa capacité à troubler l’ordre démocratique, rien de tout cela n’empêchera de rappeler que l’immobilisme de la France lors de l’avancée foudroyante des djihadistes vers Bamako aurait eu de désastreuses conséquences auxquelles les Maliens et nous avons échappé grâce à l’armée française.

Des Maliens hostiles à l’islamisme.

M. Hollande a donc fait ce qu’il fallait faire. Et sur la suite militaire et politique de cette aventure militaire, il n’y a pas d’autre chose à dire que, en l’absence de l’intervention, la question de la réhabilitation du Mali ne se serait même plus posée.  Même si la réorganisation de ce pays par des élections parlementaires, par un retour des soldats maliens dans leurs casernes ou par leur positionnement aux frontières, même si la sécurité du Mali exige une présence militaire forte et efficace, qu’elle soit française ou africaine, le point de départ du retour à l’ordre est bien plus solide aujourd’hui qu’il ne l’aurait été avec les islamistes à Bamako.

Un certain nombre de nos concitoyens penseront peut-être que le Mali est lointain, que, depuis le début du retrait américain, aucun pays ne devrait être le gendarme du monde, que les États arabes et africains peuvent, après tout, adopter la société de leur choix, que l’islamisme et la charia, par exemple en Égypte, en Tunisie et en Libye, ne semblent pas être le dernier mot du printemps arabe. Il n’en demeure pas moins que, comme le communisme autrefois, il est extrêmement difficile de renverser l’islamisme au pouvoir. C’est ce que croient profondément les militants laïcs d’Égypte et de Tunisie, qui ne veulent même pas qu’il s’installe. La joie, le bonheur, la reconnaissance des dizaines de milliers de Maliens qui ont salué M. Hollande à Tombouctou et à Bamako montrent à quel point ils rejettent un islamisme soutenu par des bandes criminelles dont le premier réflexe, là où elles triomphent, est de couper des mains et des pieds, de violer des femmes, de recruter des enfants-soldats. On songe à l’Afghanistan où, au lendemain de la fuite des taliban, les fillettes sont allées à l’école et les femmes ont montré leur visage. François Hollande, conscient des limites d’une action militaire, voudra cette fois que la libération des Maliens soit irréversible.

RICHARD LISCIA

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