La France en récession

Un Ayrault résigné
(Photo AFP)

En 2012, la croissance française a été nulle. Au dernier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a régressé de 0,3%, ce qui laisse imaginer que nous avons commencé 2013 dans l’atonie, sinon dans la contraction. Pendant toute la journée de mercredi, diverses déclarations ministérielles semblaient se contredire au sujet de notre capacité à limiter, à la fin de 2013, les déficits budgétaires à 0,3% du PIB. Le verdict est tombé le soir de la bouche de Jean-Marc Ayrault : nous n’y parviendrons pas.

FAUT-IL se flageller à cause de ce nouveau « coup du sort »? L’ascension du chômage, les difficultés des familles, la précarité, l’impossibilité croissante de se loger, le pays subissait les conséquences de la récession avant même qu’elle fût établie par les services de la statistique. Ce n’est pas du tout une surprise. Ce n’est pas davantage, comme la droite veut le faire croire, une conséquence de la politique économique de François Hollande. Certes, l’augmentation des impôts est excessive, mais elle n’est appliquée que depuis le début de l’année et n’a pu avoir l’an dernier que l’impact psychologique lié à l’effet d’annonce. Il est certain qu’elle a entraîné une hausse sensible de l’épargne de précaution et affaibli une économie fondée essentiellement sur la consommation intérieure. Mais elle ne produira des effets, récessionnistes ou pas, que dans les prochains mois.

De la résignation au renoncement.

Le gouvernement de M. Ayrault est résigné. Il va devoir très vite renoncer à la prévision d’une hausse de 0,8% de la croissance en 2013 ; il renonce aux 3% de déficits publics ; il réaffirme toutefois que l’objectif de 0% de déficit à la fin du mandat de François Hollande sera tenu. Ce n’est pas sûr du tout. Plus on part de loin, plus la réalisation de l’objectif prend du temps. En même temps, sa résignation peut entraîner le pays dans une dérive plus forte. Si le déficit 2013 ne dépasse pas les 3,5%, ce n’est pas trop grave. S’il est proche de 4%, nous serons sanctionnés par Bruxelles et par les marchés. Il ne faut pas que  le constat d’aujourd’hui nous conduise au renoncement. Plus que jamais, il est nécessaire de diminuer les dépenses publiques, exercice acrobatique s’il en est, dès lors qu’une réduction des paiements sociaux se traduit elle aussi par une perte de pouvoir d’achat pour la population.

Cependant, le gouvernement, qui a chargé la barque fiscale, ne peut se tourner maintenant que vers l’autre volet du rééquilibrage des comptes. C’est un effort de longue haleine, douloureux, forcément farci d’injustices. On ne peut en limiter les effets négatifs sur la croissance qu’en mettant en oeuvre une politique de l’offre : innovation, réindustrialisation, investissements dans les technologies de pointe. Ce qui est sûr, c’est que l’effort aurait dû être fourni dès l’arrivée au pouvoir de François Hollande et qu’un temps précieux a été perdu, justement parce que son gouvernement craint l’effet récessif du redressement financier. Il a cru que, en répartissant l’austérité grâce à une forte hausse des impôts directs, il ne porterait pas atteinte à la croissance et qu’il pouvait donc différer la réduction des dépenses publiques. Il s’est trompé sur ce point et, pour le moment, nous n’avons pas de perspective encourageante de retour progressif à l’équilibre budgétaire et pas davantage de croissance.

RICHARD LISCIA

 

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