Le printemps du terrorisme

L’un des deux assassins
(Photo AFP)

L’attentat commis hier à Londres par deux jeunes gens d’une vingtaine d’années a été d’une sauvagerie exceptionnelle. Ils ont renversé un jeune soldat en civil de leur âge avec leur voiture, puis se sont acharnés sur son corps, allant jusqu’à le décapiter. Après quoi, ils ont harangué la foule au sujet de leurs motivations. Des policiers accourus ont été contraints de les abattre. Grièvement blessés, ils sont à l’hôpital.

BIEN ENTENDU, l’émotion est à son comble au Royaume-Uni, où l’on n’avait vu d’acte aussi atroce depuis les attentats de 2005, qui avaient fait de nombreuses victimes. Mais la Grande-Bretagne n’est pas le seul pays confronté à la résurgence du terrorisme. Au Niger, aujourd’hui, un double attentat à la voiture piégée a visé un camp militaire à Agadez et un site d’Areva à Arlit. Au moins treize employés du groupe nucléaire français ont été blessés, mais Paris parle de « personnes décédées ». À Agadez, on compterait en effet plus de vingt morts chez les militaires nigériens.  Battus au Mali, où ils ont essuyé de lourdes pertes, les djihadistes tentent de reprendre la main au Sahel.

Terroristes solitaires ?

Depuis l’attentat de Boston, on devine que des individus isolés passent à l’acte en s’inspirant des préceptes et conseils d’Al Qaïda, sans nécessairement appartenir à un réseau, ce qui complique encore la prévention des actes terroristes. On sait aujourd’hui que près de 800 Français se battent à l’étranger. En Syrie, le Hezbollah participe à la défense du régime de Bachar Al-Assad ; dans une récente bataille, le mouvement aurait perdu de nombreux combattants. En Tunisie, non seulement les salafistes s’efforcent chaque jour de déstabiliser le régime, pourtant dominé par les islamistes d’Ennahda, mais l’armée se bat dans l’ouest montagneux du pays où des éléments lourdement armés lui causent des pertes relativement importantes. Il en va de même en Égypte, où le pouvoir assuré par les Frères musulmans, est soumis à la surenchère de salafistes dont la doctrine est beaucoup plus radicale que la leur.

On ne peut plus se contenter de dire que le printemps arabe ne peut donner naissance à des démocraties parlementaires qu’après avoir éliminé les scories de la révolution. La Tunisie et l’Égypte ne manquent pas d’hommes et de femmes courageux qui manifestent presque chaque jour pour que les droits de l’homme soient enfin reconnus et appliqués. Mais le désordre permanent, dans ces deux pays, s’accompagne d’un appauvrissement de la population qui risque de se traduire rapidement par une explosion sociale. Quant à la Syrie, il devient clair que, grâce au soutien militaire de la Russie, le régime ne semble plus menacé de disparition, qu’il n’existe pas de solution par la force ou par l’intervention extérieure et qu’une négociation éventuelle aboutira au partage du pays entre deux ou trois entités différentes.

De la Syrie à l’Irak.

C’est aussi ce qui se passe en Irak, où le pouvoir chiite, loin de s’être réconcilié avec les sunnites, tente de les éliminer des circuits politiques, de sorte qu’ils ne peuvent se faire entendre qu’en multipliant les attentats. Déjà, au nord de l’Irak, les kurdes ont organisé ce qui ressemble fort à un État relativement prospère et l’affrontement entre les deux courants religieux, sunnite et chiite, finira par une partition. Pendant que le Liban, où se produisent des heurts entre partisans et ennemis de Bachar Al-Assad, revient progressivement à la guerre civile.

Al Qaïda et ses nombreuses franchises, les mouvements radicaux qui ne cessent d’émerger, la haine que continuent d’inspirer l’Europe et l’Amérique dans le monde arabo-musulman laissent craindre une déstabilisation durable au Proche-Orient et en Afrique, alors qu’il est urgent, pour ces régions, de se développer et de nourrir leurs populations. Le sombre tableau de la situation montre que l’assassinat de Ben Laden n’a pas du tout suffi à réduire une mouvance terroriste qui nous menace au premier chef mais  pose aussi un sérieux problème à des pays comme le Liban, la Turquie et la Jordanie.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le printemps du terrorisme

  1. GERALD dit :

    La Fraternité n’est-elle pas la seule solution ? Se détester ne conduit qu’à la partition, aux clans, ou aux communautés « opposées ». Ou encore à la création de groupe de pressions.
    La manif pour tous, la gauche, la droite, ici.
    Les sunnites, les chiites, là-bas.
    Al-Qaïda ici, là le Mali, là encore le Sahel.
    Je vous tends la main volontiers. Mais pas l’autre joue.

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