Sur la réforme fiscale

Bartolone fait « avec » Ayrault
(Photo AFP)

Les bilans de l’année écoulée ne permettent guère les envolées lyriques ; et les prédictions pour l’année à venir sont forcément entachées d’incertitudes. J’ai réservé mon « bilan » pour  « le Quotidien du médecin » daté du 19 décembre. Pour aujourd’hui, je préfère consacrer mon blog à la réforme fiscale.

LE PRÉSIDENT de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui s’exprimait sur France Info ce matin, n’a pas vraiment affirmé sa solidarité avec le Premier ministre.  » Seul le président peut décider de changer de Premier ministre (…). Ayrault, l’Assemblée fait avec », a-t-il dit, confirmant que la personnalité de Jean-Marc Ayrault lui posait problème, d’autant plus qu’il voudrait bien se voir à sa place. En revanche, il a approuvé sans réserves la réforme fiscale lancée par M. Ayrault. Ce soutien au chef du gouvernement est en contradiction avec la prudence du président de la République qui, ces derniers temps, a freiné des quatre fers les projets de M. Ayrault, notamment celui qui prévoit la fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, et augmenterait l’imposition des revenus moyens et élevés. Le PS compte, à sa gauche, de nombreux élus, insensibles à la colère populaire, qui souhaitent soigner les maux de la France par un remède pire que le mal, l’accroissement des prélèvements obligatoires , lesquels, chez nous, sont pourtant les plus élevés d’Europe.

Le point de vue de Fabius.

Ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui n’est pas censé commenter les affaires socio-économiques, mais a exercé des fonctions ministérielles dans l’économie et le budget, estime, pour sa part, qu’une bonne réforme fiscale est celle qui diminue les impôts et que, pour compenser le manque à gagner il n’y a pas d’autre choix qui de réduire la dépense publique. Il ne faut donc pas perdre tout espoir : il existe, au sein de la majorité, des voix raisonnables. Et imaginer que François Hollande partage le point de vue de M. Fabius ne constitue pas une extrapolation excessive. « Le Figaro », quotidien militant de l’opposition, affirme ce matin que la réforme fiscale n’aura pas lieu. C’est bien possible. Tout le monde dit cependant que le système qui nous régit n’est ni fait ni à faire. Dans ces conditions, pourquoi le chef de l’État ne demanderait-il pas au Premier ministre de plancher sur un projet de réforme qui reprendrait les idées de M. Fabius ?

On ne reviendra pas ici sur le contexte politique dans lequel a germé l’idée géniale de M. Ayrault. Son objectif était moins le contenu de la réforme qu’une sorte de vitrification de la grogne générale par un énorme effet d’annonce. Mauvaise inspiration : on a jeté le bébé en gardant l’eau du bain. La fiscalité française mérite mieux qu’une manoeuvre politicienne destinée à protéger un homme harcelé de toutes parts, par ses adversaires et par ses amis. Il a voulu faire preuve d’autorité et, ayant reçu le feu vert d’un président surpris, il a enveloppé sa démarche dans un autoritarisme que l’on ne lui connaissait pas. Il est même sorti des rails quand il a traité Jean-François Copé d’irresponsable et de menteur sous le prétexte que le président de l’UMP avait levé l’étendard de la révolte au sujet du rapport sur l’immigration diffusé sur le site Internet de  l’Hôtel-Matignon.

M. Ayrault n’a pas changé : on l’ a connu très virulent quand il présidait le groupe socialiste à l’Assemblée et qu’il piquait le pouvoir de droite de ses banderilles. Mais l’affaire de la réforme fiscale risque de l’entraîner bien au-delà de ce que souhaite le président, bien au-delà de ce que supporterait l’opinion, et de le ranger dans le camp de l’aile gauche du PS alors que son rôle consiste à se hisser au-dessus des conflits de tendance.

RICHARD LISCIA

 

P S – Je prends quelques jours de repos. Je remercie tous ceux qui me lisent (et sont chaque mois plus nombreux) et je leur propose de me retrouver, s’ils le souhaitent,  le 2 janvier 2014. Bonnes fêtes de fin d’année à tous.

 

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Une réponse à Sur la réforme fiscale

  1. guinard dit :

    Bonnes fêtes également à vous et merci de vos commentaires toujours aussi avisés.

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