Du remaniement dans l’air

Fabius semble croire à un remaniement
(Photo AFP)

Le quotidien L’Opinion s’est hasardé à annoncer que le président de la République avait l’intention de changer de Premier ministre. Il s’agirait donc d’un remaniement gouvernemental majeur qui pourrait avoir lieu après les élections municipales. Il n’est pas rare que les organes de presse prennent date et publient des informations incertaines que le temps rend ensuite plus crédibles. Mais cette fois, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, n’a pas hésité à commenter la « nouvelle ».

QUOI DE PLUS naturel, pour un président, de changer de Premier ministre s’il change de politique économique et sociale ? Quoi de plus naturel si, de surcroît, le test des municipales se traduit par une déroute de la gauche ? Comme François Mitterrand, M. Hollande est à l’aise dans les institutions de la Vè République. Il ne devrait pas garder Jean-Marc Ayrault auprès de lui : le Premier ministre n’est nullement responsable de hésitations, ratiocinations et tergiversations du chef de l’État, mais il n’a pas toujours exercé sur ses ministres toute l’autorité requise ; il partage l’échec d’un programme qui, à ce jour, n’a produit que de très faibles résultats ; cerné de toutes parts par les ambitions de ministres qui se conduisent en divas, il s’est montré aussi fragile qu’ils affirmaient leur désir de conquête du pouvoir.

Le malaise de la majorité.

Cependant, François Hollande peut encore nous surprendre en gardant M. Ayrault. Après tout, François Fillon a tenu pendant toute la durée du mandat de Nicolas Sarkozy et ce qui lie M. Ayrault à M. Hollande est plus fort que ce qui réunissait les anciens président et Premier ministre. Plus sérieux, en revanche, est le malaise d’une majorité écartelée entre la nostalgie des recettes socialistes et l’impérieux pragmatisme auquel le pouvoir est acculé. Plus sérieuse est l’inquiétude de la gauche pour qui les élections municipales deviennent un cauchemar. Si ses positions sont bonnes dans certaines grandes villes, dont Paris et Lyon, elle craint de perdre une trentaine de villes de 100 000 habitants. La sanction de l’électorat risque d’être si sévère que le président de la République serait obligé de donner un gage important à l’opinion en sacrifiant son Premier ministre.

Supputations.

En fait, s’il est admis que les élections intermédiaires sont toujours difficiles pour le pouvoir en place, le risque existe d’un recul de la gauche, qui pourrait se transformer en déroute, malgré l’immobilisme et les divisions de l’UMP, tout aussi menacée que le PS par l’ascension irrésistible du Front national. Il n’est pas sûr, pour autant, qu’un changement radical résulte des municipales. Le scrutin majoritaire atténuera les effets de la mauvaise humeur de l’électorat. Une montée du Front ne lui apportera pas des centaines de villes sur un plateau d’argent. La droite bénéficiera de l’effet du vote de protestation. La gauche résistera dans des villes et présentera sa très relative solidité comme une sorte de victoire.

De là à penser que, pour appliquer une politique économique plus libérale, Jean-Marc Ayrault n’est pas moins indiqué qu’un Michel Sapin ou une Martine Aubry, il n’y a qu’un pas que le président-pépère serait tenté de franchir. Une autre façon de montrer que les municipales ne sont pas un désastre pour le PS, c’est en effet de ne rien faire sur le plan politique qui dramatiserait la situation. De sorte que, après l’article de L’Opinion et après le commentaire de M. Fabius (qui déclare souhaiter rester à la tête de la diplomatie, mais est-il sincère ?), on en reste au stade des supputations.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Du remaniement dans l’air

  1. Bayle dit :

    Est-il nécessaire d’avoir un commentaire « politique » dans un journal médical ? Les médecins semblent avoir leur propre conscience et n’ont pas besoin de thuriféraires.

    Réponse :
    Non. Ce n’est pas nécessaire. Et ce n’est pas non plus interdit.Thuriféraire de qui ?

    • Dr CLEMENT dit :

      Continuez, M. Liscia, dans ce monde obscur, votre avis nous éclaire de façon objective et sans la sacro-sainte langue de bois, ce qui manque dans la majorité des quotidiens.

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