L’énergie reste nucléaire

Prudente Ségolène
(Photo AFP)

La ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a fait ce matin en Conseil des ministres une communication sur la loi de transition énergétique. Elle a présenté un grand nombre de dispositions nouvelles, mais l’avenir de l’atome en France est le coeur de son projet. La première impression qui se dégage de sa communication est que la part de l’atome dans la consommation nationale de l’énergie diminuera davantage par le développement des énergies durables (qui vont donc augmenter en proportion) que par le démantèlement des centrales nucléaires.

LE PROJET de Mme Royal, qu’on a connue plus ambitieuse mais qui semble s’être ralliée à l’idée que l’atome est moins polluant que d’autres sources d’énergie, ne mentionne même pas la disparition de la plus vieille de nos centrales nucléaires, celle de Fessenheim, pourtant prévue pour la fin de 2016. Il a bien fallu tirer la leçon de l’expérience de l’Allemagne, où le renoncement au nucléaire entraîne le recours au charbon, avec des dégâts considérables à l’environnement. Plusieurs écologistes, notamment Nicolas Hulot, qui ont âprement discuté le texte de Ségolène Royal, font bonne figure : ils affirment que les orientations du gouvernement sont bonnes et y voient « un beau moment d’espoir pour la France », selon Nicolas Hulot, envoyé spécial du président Hollande pour la planète.

Diminuer la consommation de moitié.

Tous ceux qui souhaitent que la transition énergétique ne porte pas préjudice au développement industriel de la France, seront soulagés. Quelque quatre vingts articles prévoient un chèque énergie pour les ménages les plus modestes, une obligation de rénovation énergétique quand de gros travaux sont entrepris, l’installation de sept millions de bornes électriques, de nouvelles aides fiscales. Le clou du projet, c’est la réduction de 50 % de la consommation d’énergie d’ici à 2050, une diminution de 30 % des énergies fossiles d’ici à 2030, et 32 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2030. Si ces résultats sont atteints, la part de l’atome sera considérablement diminuée. Mais la capacité nucléaire installée restera au niveau actuel, à 62 gigawatts.

Éviter le charbon.

Nicolas Hulot insiste sur la vigilance avec laquelle doit être surveillée l’application des décrets. Mme Royal a affirmé que le projet serait financé, mais on verra sans doute à l’usage que les difficultés économiques freineront l’application des dispositions. Il est peu probable qu’Europe Écologie les Verts salue le projet. D’aucuns pensent que, si Cécile Duflot et Pascal Canfin ont quitté le gouvernement, c’est parce qu’ils ne voulaient pas être associés à une loi de transition énergétique qu’ils auraient de toute façon jugée insuffisante dès lors qu’elle ne hâterait pas la fermeture des centrales nucléaires. La question est posée de savoir si le passage aux énergies renouvelables n’est pas trop sérieux pour être confié aux Verts : d’une part, ils sous-estiment les conséquences d’une transition trop rapide ou trop radicale sur l’économie et l’emploi ; d’autre part, la cohérence politique de leur propre programme et de leur parti est douteuse. Ils continuent à rêver d’une société dépolluée, quel qu’en soit le prix, alors que le pays doit tenir compte de priorités tout aussi urgentes.

L’étalement dans le temps des mesures relatives à l’énergie est le moyen le plus sûr de parvenir à des résultats tangibles sans provoquer des conséquences économiques négatives et sans augmenter les atteintes à l’environnement qu’entraînerait le recours aux énergies classiques, comme le charbon. Bien sûr, il n’y a pas que le charbon, il y a le gaz. Mais la France tout entière est opposée au gaz de schiste. Ce qui ne l’empêchera pas un jour d’acheter celui que produisent les États-Unis.

RICHARD LISCIA

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