Hollande : l’ami italien

Renzi soutient Hollande
(Photo AFP)

François Hollande entend présenter des propositions nouvelles au conseil européen des 26 et 27 juin à Bruxelles. Il va réclamer une « nouvelle initiative de croissance », la convergence, tant attendue, des politiques fiscale et budgétaires, et, surtout, un rythme plus lent pour le retour à l’équilibre des comptes. Ces idées, il les a exprimées depuis le début de son mandat, mais il s’est heurté à l’intransigeance d’Angela Merkel. Aujourd’hui, il compte sur le soutien de Matteo Renzi, le président du conseil italien, dont les idées sont proches du président français.

LA CHANCELIÈRE allemande n’a pas l’intention de changer d’avis, pour une raison évidente : si la France avait fait des progrès sérieux, jusqu’à présent, dans la résorption du déficit budgétaire, elle n’aurait pas vu d’inconvénient à ce qu’elle relâche sa politique financière pour encourager la croissance. Malheureusement, la France n’a jamais atteint les objectifs budgétaires qu’elle s’était fixés pour les quatre années écoulées, pas plus qu’elle n’atteindra celui de 2014.  Le raisonnement du président français mérite d’être écouté : on ne peut diminuer le déficit budgétaire qu’avec de la croissance. Il faut donc relancer celle-ci plutôt que de faire des économies qui risquent, au contraire, de la ralentir. Le problème, concernant la France, vient d’une pression fiscale anormale (56 % du produit intérieur brut), pratiquement la plus élevée d’Europe. Elle aspire à peu près tous les fonds qui pourraient être investis dans des projets industriels. Il existe un déséquilibre fiscal spécifiquement français qui exige un traitement tout aussi spécifique.

Cause commune ?

Matteo Renzi, pour sa part, affronte des problèmes comparables mais pas tout à fait identiques. Sans le service de la dette, son budget serait équilibré. Le commerce extérieur italien est excédentaire de 30 milliards d’euros, quand le nôtre est déficitaire du double. Le taux de chômage en Italie est de 12 %, il est donc plus élevé qu’en France. M. Renzi a néanmoins bénéficié des réformes lancées par Mario Monti, à la demande des Européens.  Son pays a fourni des efforts qu’il peut relâcher provisoirement. Il est difficile de dire si M. Renzi a envie de faire cause commune avec M. Hollande. Il n’a pas de souci avec l’euro fort. Il a une dette supérieure à la nôtre mais dont il peut gérer le remboursement. Il a un réseau de PME très performantes que la France pourrait lui envier. Enfin et surtout, M. Renzi, qui vient de gagner brillamment les élections européennes, est dans une situation politique très favorable : pour le moment, il vit une lune de miel avec le peuple italien.

S’associer avec un chef d’État impopulaire, dont les résultats politiques, économiques et financiers sont à peu près nuls, et tenter de créer avec lui un bloc susceptible de faire contrepoids à l’Allemagne n’est peut-être pas une aventure dans laquelle M. Renzi a envie de s’embarquer. « L’ami italien », lorsqu’il a conquis le pouvoir, s’est empressé de rendre visite à ses aînés français et allemand. Car tous les Européens sont théoriquement amis. Mais devoir choisir entre Hollande et Merkel est une autre affaire. D’autant que la chancelière ne manquera pas de souligner que le cas de l’Italie n’est pas celui de la France, que la première a déjà plus réformé que la seconde, qu’il est temps pour les Français d’en finir avec leur intoxication nationale, l’endettement. De toute façon, un signe européen discret en faveur de la relance ne suffirait pas à tirer M. Hollande du guêpier où il se trouve : contrairement aux autres chefs d’État ou de gouvernement, il ne dispose pas d’une popularité suffisante pour imposer sa ligne de conduite aux Français.

RICHARD LISCIA

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