Sur le prix de l’essence

Une sorte de prime de fin d’année
(Photo AFP)

Les prix à la pompe ont chuté, ce qui reflète la baisse énorme des prix du pétrole et du gaz. En quelques mois, le coût du baril de pétrole est passé de 115  à 60 dollars. D’aucuns montrent que les distributeurs ne répercutent pas complètement la baisse (qui affecte aussi tous les autres carburants), mais, pour les consommateurs, l’énergie nettement moins chère est la seule bonne nouvelle économique et sociale de cette année. 

L’ÉLÉMENT principal qui a déclenché la baisse des prix de l’énergie dans le monde est l’essor de la production de gaz et de pétrole de schiste aux États-Unis. Au nom du principe de précaution, nous avons légalement interdit l’exploitation des schistes en France, abandonnant aux Américains une industrie qui leur a permis de devenir en 2014 des exportateurs nets d’énergie. Le deuxième facteur de la baisse est la diminution de la demande mondiale, provoquée par le ralentissement des économies, y compris celle de la Chine. Le troisième facteur, c’est la volonté politique de l’Arabie saoudite de ne pas diminuer sa production. Elle contribue ainsi à une baisse qui devient vertigineuse et, si elle le fait, c’est uniquement pour affaiblir l’économie de l’Iran, pays sous embargo mais qui parvient quand même à exporter une partie de sa production de pétrole.

La vision d’Obama.

L’Arabie, en effet, craint l’Iran, pays chiite qui aspire à acquérir l’arme nucléaire, un danger qu’elle juge insupportable au même titre qu’Israël. Or Barack Obama ne désespère pas de trouver un accord avec l’Iran. Il vient d’accepter que les négociations sur le nucléaire avec l’Iran soient prolongées de six mois. La détermination du président américain est forte : au lendemain d’élections législatives qui lui ont fait perdre la majorité dans les deux chambres, il a lancé un plan qui légalise la situation de cinq millions d’immigrés clandestins aux États-Unis, et il a conclu un accord avec Cuba qui prépare une levée de l’embargo. De toute évidence, le chef de l’exécutif, qui n’a plus rien à perdre puisqu’il ne peut pas se présenter à un troisième mandat, entend utiliser les deux ans qu’il lui reste à la Maison Blanche pour accomplir un certain nombre de gestes susceptibles de laisser une trace historique. Un rapprochement avec l’Iran serait de cette nature, même s’il est condamné par Israël et par l’Arabie saoudite.

La baisse ne peut pas durer.

Celle-ci refuse donc de réduire sa production de pétrole tant qu’elle considèrera l’Iran, qui souffre à la fois de l’embargo et de la baisse des prix de l’énergie, comme un ennemi potentiel. Mais la baisse ne peut pas durer indéfiniment. À 60 dollars le baril en effet, la production américaine de gaz et de pétrole devient moins rentable et tend à diminuer. On constate déjà un ralentissement de l’extraction de gaz et de pétrole aux États-Unis. En même temps, la croissance américaine est vigoureuse (moyenne de 5 % au troisième trimestre) et la demande va augmenter. Elle finira bien par revenir en Europe aussi, sinon l’année prochaine, du moins en 2016, et les prix finiront par remonter. Entretemps, la baisse aura fait quelques ravages, par exemple en Russie, où Vladimir Poutine a reconnu l’existence d’une crise économique qui durera encore deux ans. De sorte que la Russie souffre moins de l’embargo des Occidentaux que de la diminution des prix de l’énergie.

RICHARD LISCIA

 

 

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