Social : l’affrontement

Hollande occupe le terrain (Photo AFP)

Hollande occupe le terrain
(Photo AFP)

François Hollande a ouvert ce matin la quatrième conférence sociale de son mandat dans un climat alourdi par les déboires d’Air France, le refus de la CGT et de FO de signer l’accord sur les retraites complémentaires et l’absence de la CGT à la conférence. Tôt ce matin sur RTL, il a insisté sur la nécessité de « vivre dans une société apaisée ».

LE CHEF DE L’ÉTAT occupe le terrain. Dimanche, il est allé féliciter les policiers pour une saisie colossale de résine de cannabis. Son intervention sur RTL avait pour objectif de convaincre l’opinion que rien n’est laissé au hasard, qu’il a des objectifs précis et qu’il met en oeuvre sa politique en dépit de l’hostilité des syndicats, des sarcasmes de l’opposition et des attaques incessantes du Front national. Mais il n’avait rien de précis à annoncer. Il considère l’accord sur les retraites complémentaires comme une affaire réglée, même si le financement des pensions demeure quelque peu incertain ; il estime que la croissance sera de 1,1 % cette année, ce qui est insuffisant ; il présente le futur compte personnel d’activité comme une grande réforme, ce qui n’est pas faux, mais ne correspond pas à ce que les Français attendent de l’exécutif : des mesures drastiques et urgentes capables de relancer l’économie.

Un risque d’explosion.

Il est normal qu’il reste imperturbable quand le secrétaire général de la CGT annonce dans le « Journal du dimanche » qu’il existe un risque d’explosion sociale (menace plutôt que constat), mais il ne semble pas se rendre compte du niveau de la colère syndicale qui risque à tout moment de déborder dans la rue et de compliquer encore un peu plus, si c’est possible, la gestion du pays pendant les 18 mois à venir. Non, affirme-t-il, on ne peut pas résumer le dialogue social à l’affaire d’Air France. Pourtant l’incident sérieux qui s’est produit lors de la réunion du comité d’entreprise pèse sur les relations entre le gouvernement et les syndicats qui, loin de reconnaître que des militants ont dépassé les bornes lorsqu’ils s’en sont pris physiquement à deux cadres d’Air France, réclament pour eux une forme d’amnistie, comme si la loi n’était pas la même pour tous. De la même manière, M. Hollande ne semble pas avoir mesuré l’impact des multiples déclarations d’Emmanuel Macron sur le parti socialiste, pas plus que le chef du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ne semble comprendre que son référendum sur l’unité de la gauche aux élections régionales ne convainc personne, en tout cas pas les principaux intéressés, écologistes, parti de gauche et PC, qui rejettent tout accord électoral avec le PS.

Sur le renoncement de Hollande.

Le président de la République s’efforce, en réalité, de défendre, face à l’opinion, une position qui n’est si vivement contestée que parce qu’elle n’a pas, après trois ans et demi de mandat, fourni de résultats probants. On lui rappelle sans cesse son renoncement aux promesses qu’il a faites pendant la campagne électorale de 2012. C’est en effet son péché originel. Mais ce renoncement était, sinon salutaire, indispensable. La France a besoin d’une réforme très profonde qui n’a commencé qu’à la marge. C’est ce début de réforme qui casse le PS, pousse écologistes et gauchistes à l’hystérie et met les syndicats sens dessus-dessous. La CGT n’aurait pas pris fait et cause pour ceux de ses militants qui ont attaqué les cadres d’Air France si elle n’avait le sentiment que le gouvernement applique une politique de droite. Il est vrai que, en attaquant un gouvernement de gauche, elle contribue à son affaiblissement, ce qui ouvre une voie royale à l’opposition.
Cette crise dans les rapports sociaux, ce blocage insensé de la société civile et la confusion idéologique qu’ils entraînent sont extrêmement préjudiciables au pays. Pour tout observateur, ce que montre la crispation de l’extrême gauche et des syndicats, c’est l’impossibilité viscérale de ce pays à s’orienter vers des choix pragmatiques, vers des méthodes susceptibles de sortir le pays du marasme. L’autre explication du conservatisme social, c’est peut-être la faiblesse intrinsèque des syndicats, qui ne représentent que 8 % des salariés, mais surtout leur analyse qui date du siècle dernier. Ils ne font pas confiance au patronat qui, sans doute, n’a pas su les convaincre et ils estiment que tout changement se fera au détriment des travailleurs. Ils ne comprendront jamais, par exemple, ce paradoxe qui veut que, si les entreprises doivent embaucher, elles doivent avoir la garantie qu’elles peuvent licencier plus facilement.

RICHARD LISCIA

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