Une tragédie routière

Premiers secours (Photo AFP)

Premiers secours
(Photo AFP)

L’accident d’autocar survenu ce matin dans le Sud-Ouest français et qui a fait au moins 43 morts est le plus grave depuis 33 ans. Dans notre pays soucieux et angoissé, ce genre de tragédie ajoute à la consternation nationale.

L’ACCIDENT a rendu dérisoire tout le reste de l’actualité. Le gouvernement s’est mobilisé comme il se doit. François Hollande, qui se trouvait en Grèce, a prononcé un message de condoléances. Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, nombre d’élus se sont rendus sur les lieux. Un autocar transportait des retraités qui se rendaient dans les Landes pour y passer la journée ; il a heurté de plein fouet un semi-remorque qui, au sortir d’un virage, donc invisible pour le conducteur du car, s’était déporté sur le côté gauche d’une petite route sinueuse. Le car a pris feu, ce qui n’a guère laissé de chances aux passagers, dont cinq ont pu s’extraire du véhicule parce que le conducteur, dans une manoeuvre ultime, avait débloqué l’ouverture des portes.

Sept kilomètres.

La collision s’est produite dans la commune de Puisseguin, sur la route départementale 17, au nord de Bordeaux. L’ampleur de la catastrophe, l’horreur de l’incendie, la fin tragique et atroce de passagers qui n’avaient parcouru que les sept premiers kilomètres de leur itinéraire ont frappé la France de stupeur. Mais, comme chaque fois que se produit un accident aux conséquences graves, on cherche déjà des responsables. Élu de la région, Noël Mamère a dénoncé l’insuffisance de la sécurité sur les petites routes alors qu’on dépense de l’argent dans des travaux parfois pharaoniques. Sans doute a-t-il raison dans l’absolu, mais l’émotion devrait l’emporter sur l’indignation quelques heures seulement après l’accident. D’autres jugent anormal le départ de feu et pensent que les transports publics devraient être protégés contre l’inflammation du carburant ou rouler avec des moyens ininflammables. Des esprits plus froids diront qu’il n’existe pas de risque zéro sur la route, d’autant que l’on se perd en conjectures sur les raisons qui ont déplacé à gauche le camion (dont le chauffeur est mort).

Secours immédiats.

L’accident s’est produit à 7H30 et les secours sont arrivés presque instantanément. Soixante pompiers étaient sur place. La France dispose d’un réseau d’assistance très performant en cas de collision routière. Le gouvernement réagira probablement à l’émotion nationale en prenant diverses mesures de sécurité supplémentaires. Mais la vérité est qu’il est impossible de prévoir que des véhicules puissent rouler à gauche. La responsabilité du chauffeur de camion est donc immense. D’aucuns rappellent que le voyage en autocar est en général très sûr, alors que la loi Macron encourage ce mode de transport. De toute façon, le train, la voiture personnelle et l’avion causent eux aussi des accidents. L’idée que la modernité et la rapidité des transports doivent nécessairement être complétés par une sécurité absolue n’est pas raisonnable. Les polémiques seront donc stériles. Il s’agit d’un deuil national et de rien d’autre.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Une tragédie routière

  1. Num dit :

    Eh bien, voyez-vous, au risque de contraster avec le conformisme ambiant et malgré le caractère tragique de cet accident, je ne vous rejoins pas quand vous écrivez « le gouvernement s’est mobilisé comme il se doit ». Que tout le gouvernement se rende sur place, c’est trop ! On a l’impression que les politiques ne servent plus qu’à ça: se rendre sur les lieux des catastrophes. Que c’est leur seul rôle. Le préfet, éventuellement le ministre de l’intérieur (et encore…), suffiraient.
    Ce qui est désolant, c’est que cela donne le sentiment que 1/ le gouvernement n’a rien d’autre à faire (attendre le prochain drame) et que 2/ c’est la seule façon d’être populaire.
    Cette tendance a été inaugurée par Sarkozy et, bien que critiquée au départ, adoptée par tous.
    Désolé si je choque mais j’attends du président qu’il préside et du gouvernement qu’il gouverne, qu’ils réforment, aient une vision de l’avenir, dirigent le pays et non qu’ils inaugurent les chrysanthèmes.

    • sarcelle dit :

      D’accord à 150 % : que va faire le président de la République là bas, n’a t-il donc rien d’autre à faire ?

      Réponse
      Un peu de respect pour les victimes.

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