Chômage : la bonne nouvelle

Sapin  : un budget peu impressionnant (Photo S. Toubon)

Sapin : un budget peu impressionnant
(Photo S. Toubon)

Le chômage a baissé de 0,7 % en septembre, avec une diminution de près de 28 000 demandeurs d’emplois. On peut toujours bouder une bonne nouvelle, mais si on ne s’en félicite pas quand elle arrive, quand le fera-t-on ?

PRUDENT, le gouvernement a évité tout triomphalisme. Une hirondelle ne fait pas le printemps, ce que la ministre du Travail, Myriam El Kouri, s’est empressée d’expliquer ce matin. Il est vrai qu’il peut s’agir d’une embellie passagère, qu’une rechute est toujours possible, qu’il faudra attendre plusieurs mois pour savoir s’il s’agit de l’ « inversion de la courbe du chômage » nécessaire à la candidature du président de la République en 2017. Toutes ces nuances, la presse de droite s’est hâtée de les souligner. Elle sait pourtant que François Hollande fera le meilleur usage politique de cette baisse tout de même significative du chômage.

À point nommé.

Elle tombe à point nommé, à quelques semaines à peine des élections régionales. La gauche pourrait en tirer un léger bénéfice, elle qui craint une terrible déroute car elle ne s’attend pas à emporter plus de trois régions sur treize. En outre, la baisse, si elle se poursuit, est due à plusieurs facteurs, taux d’intérêt bas, politique accommodante de la Banque centrale européenne, baisse du prix de l’énergie, baisse de l’euro, sur lesquels le gouvernement français n’a pratiquement aucune influence. Mais si la baisse du chômage se confirme en octobre et a fortiori en novembre, il n’hésitera pas à affirmer que sa politique économique a porté ses fruits, alors qu’elle reste éminemment contestable. Le gouvernement est en train de faire approuver au Parlement un projet de budget pour 2016 qui n’est pas marqué par l’audace ou l’innovation. Le budget est en outre basé sur des paramètres plus qu’incertains, une croissance de 1,5 % (on verra), une hausse de plus de 5% du commerce international et une inflation de 1 %, alors que l’Occident subit une désinflation historique qui complique les comptes de tous les États.

Il faut de la croissance.

Si la baisse du chômage en septembre s’est produite dans un contexte de croissance très faible, chacun sait que, pour inverser durablement la courbe, une croissance forte est indispensable. Le gouvernement ne fait rien pour accélérer la croissance en France. Il a baissé les impôts pour les plus pauvres, rejetant le paiement des impôts sur les classes moyenne et moyenne supérieure, celles qui épargnent et investissent et dont le revenu a chuté de plus de 5 % depuis 2012. Mais surtout, le ministre de l’Économie, Michel Sapin, annonce une réduction de la dépense publique de l’ordre de 14 milliards alors qu’il se contente de freiner sa progression et qu’il aurait dû viser au moins 30 milliards cette année. Rien de sérieux n’est donc fait pour diminuer l’obésité de l’État, pour encourager l’investissement privé, pour réduire le nombre de fonctionnaires (il va encore augmenter en 2016) et la dépense publique atteindra 57,5 % du produit intérieur brut, ce qui privera le pays des moyens d’assurer la relance économique par l’investissement public.

RICHARD LISCIA

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