Entre divisions et union

Valls  dans l'hémicycle (Photo AFP)

Valls dans l’hémicycle
(Photo AFP)

Depuis le 13 novembre, les députés ont donné une image plutôt désastreuse de leur attitude face aux périls qui menacent la société française. Beaucoup, semble-t-il, sont restés obsédés par les élections régionales et n’ont pas voulu communier avec le gouvernement au moment où leurs mandants les pressaient pourtant de le faire. Heureusement, la représentation nationale s’est reprise : elle votera la loi sur l’état d’urgence.

IL EST LÉGITIME de poser des questions à l’exécutif sur les erreurs qu’il a commises, sur son impréparation alors même que les terroristes s’apprêtaient à lancer contre Paris l’assaut le plus meurtrier qui ait eu lieu en temps de paix, sur les leçons qu’il n’a pas tirées de attentats de janvier dernier, sur ses auto-congratulations et même sur l’éloge enthousiaste des forces de l’ordre, qui le méritent bien, mais dont l’efficacité serait encore plus grande si elles étaient plus nombreuses et si nous n’avions pas perdu dix mois avant d’adopter un système de sécurité plus draconien, sur le rôle joué par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui, faisant du maintien des libertés publiques en toute circonstance son seul objectif, semble bien mal adaptée aux inévitables décisions que le gouvernement doit prendre.

Humilité et réserve sont nécessaires.

Mais la violence des attentats, la résistance incroyable des terroristes dans leur bastion de Saint-Denis, la force inouïe qu’il a fallu utiliser (5 000 munitions, a dit le procureur Molins) pour en venir à bout suffisent à démontrer que nous sommes entrés dans une phase sécuritaire complètement différente des précédentes et que ce qui a pris par surprise le gouvernement et la totalité de la population n’a pas été prévu non plus par l’opposition. Les Français attendent donc de leurs élus un minimum d’humilité et de réserve, un ordre des priorités, la mise en veilleuse des conflits politiques et sociaux, l’adoption de dispositions à la fois exceptionnelles et utiles, l’espoir qu’une nation unie saura, grâce à sa détermination, se protéger. Bien entendu, tous les avis, surtout ceux qu’on lit sur Internet, ne convergent pas vers cet objectif essentiel, mais les députés sont censés disposer de moyens d’analyse supérieurs à ceux du commun des internautes.

Le consensus, enfin.

On dira à leur décharge que, tout en exprimant des réserves sur la révision de la Constitution qui, de toute façon, doit être étudiée par les experts et satisfaire aux critères les plus exigeants avant d’être soumise au Parlement, ils sont dans leur majorité d’accord pour prolonger l’état d’urgence de trois mois. On se satisfera d’un comportement dicté par l’instinct de conservation, pris dans toutes ses significations : il s’agit de préserver des vies et il s’agit aussi pour l’opposition de ne pas se dérober à son devoir, qui consiste à donner au pouvoir les moyens de lutter contre le terrorisme. La droite sait que, si elle porte la querelle avec le gouvernement à son paroxysme, elle sera condamnée par ses propres électeurs. Et comment pourrait-il en être autrement ? Ce n’est pas un parti ou une idéologie que le djihadisme attaque, c’est un modèle de société. Ce n’est pas à cause de la structure de notre budget, de notre engagement aux côtés de l’Amérique ou de la Russie, de notre politique économique, ou étrangère ou autre, qu’ils viennent assassiner des civils français. C’est parce qu’ils réprouvent notre mode de vie et que, en attendant de nous coloniser un jour, ce qui ne se produira jamais, ils espèrent soulever en nous une peur si intense qu’elle nous priverait de la joie de vivre. Notre message doit donc être: « Nous ne céderons pas. Nous resterons ce que nous sommes. Nous sommes libres pour toujours ».

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Entre divisions et union

  1. Michel de Guibert dit :

    Bien d’accord avec vous !

  2. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Et oui…Et certains députés (de droite, et aussi des écolo-gauchos et des gauchos tout court) ont fait une belle démonstration du fait que nous avons à la fois la droite la plus bête du monde (bien relayée par Marine Le Pen obsédée par son arrivisme), et la gauche la plus bête du monde….
    Vous avez parfaitement analysé et résumé les essentiels du moment.
    Merci.

    Dr Jérôme Lefrançois

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