« J’Ai ABAISSÉ la fonction présidentielle », écrit M. Sarkozy à propos de cet épisode très malheureux au cours duquel il a lancé ces mots: « Casse-toi, pauvre c. » à un individu qui l’insultait. Il reconnaît que la soirée du Fouquet’s, qui a marqué le soir de sa victoire en 2007 n’était pas du meilleur goût. Et il regrette d’avoir pris trois jours de vacances sur le yacht de Vincent Bolloré avant de se rendre à l’Élysée pour commencer à travailler. Que faut-il faire de cette confession d’un homme qui a occupé la magistrature suprême et qui s’est humilié lui-même, en se conduisant comme un palefrenier et en le regrettant aujourd’hui par écrit ? Pourquoi de tels aveux relatifs à son caractère et à son intimité, qu’il aurait dû faire avant de briguer un second mandat en 2012 ? Pourquoi n’a-t-il pas cru alors qu’il devait en rendre compte à son électorat ?
Avoir raison avant tout le monde.
Pour le reste, M. Sarkozy n’a pas trop changé. Il regrette de n’être pas allé au bout de quelques réformes, comme la semaine de 35 heures et la suppression de l’ISF. On ne le lui fait pas dire. Sur d’autres chapitres importants, identité nationale, Schengen, nationalité, immigration, il estime avoir eu raison avant tout le monde. Il nous présente donc de possibles réformes, dictées par les circonstances, comme des dispositions indispensables et pérennes alors qu’elles ne devraient être que conjoncturelles. L’impôt sur la fortune, écrit-il doit disparaître parce qu’il n’est pas appliqué par les États membres de l’Union européenne, sauf la France, et que, en conséquence, il faut l’abolir pour des raisons de compétitivité commerciale. Est-ce là tout ce que l’on peut dire du projet européen, si malmené par l’immigration sauvage, la dislocation de Schengen, la déflation, l’irrésistible ascension du populisme, le renoncement progressif aux valeurs démocratiques et républicaines ? Pour M. Sarkozy, avoir raison avant tout le monde, c’est encore tenter de couper l’herbe sous le pied du Front national. C’est se battre contre l’immigration par des moyens qui diviseraient la société française. C’est sacrifier l’unité européenne aux nécessités d’un moment, alors que c’est en la renforçant qu’à terme nous la défendrons le mieux.
Ce qu’il dit des autres.
L’ancien président prend bien soin de nous informer que, par ce livre, il ne fait pas acte de candidature. Chaque chose en son temps, ce temps qu’il est si difficile de gérer avant la primaire de la droite en novembre. L’ouvrage n’est peut-être pas plus intéressant, sur le fond, que celui de François Fillon (« Faire ») ou les deux qu’a publiés Alain Juppé ; mais, déjà tiré à 100 000 exemplaires, il se vendra beaucoup mieux à cause de la personnalité, toujours controversée, de Nicolas Sarkozy et des formidables aveux qu’il contient. Si le public risque d’être indifférent aux idées exprimées par l’ex-président, il sera souvent conquis par ce qu’il révèle de lui-même, de ses pulsions négatives, de son mariage avec Carla, de ses rapports avec M. Fillon ou M. Juppé, de la mauvaise manière de François Hollande, en qui il reconnaît une « bête » de campagne électorale, le jour de la transmission des pouvoirs à l’Élysée.
La vraie question est la suivante : « La France pour la vie » peut-il remettre en selle un candidat distancé dans les sondages par son principal concurrent ? D’une part, le fait qu’il a fallu sans doute lui dire mille fois que le « Casse-toi », le Fouquet’s et le yacht étaient d’insignes erreurs avant qu’il ne le reconnaisse enfin neuf ans plus tard ne plaide pas vraiment en sa faveur ; d’autre part, au lieu de nous dire combien il avait raison, il devrait nous faire savoir comment il va sauver la France et l’Union européenne, menacées par le même déclin. L’idée d’une renaissance figurera probablement dans ses discours de campagne. En attendant, on ne voit pas, malgré tout ce qu’il raconte, pourquoi il faudrait voter pour lui. Il nous dit par exemple qu’il ne remettra pas en question le mariage pour tous, ce qui a fait hurler les anti-homosexuels de France et réjouit ceux qui militent contre les divisions de la société. C’est, pour lui, un virage idéologique d’autant plus important que le Front national, derrière lequel il n’a cessé de courir, a tiré de la loi sur le mariage homosexuel un avantage électoral énorme. Mais le message général est brouillé, et la tactique incompréhensible : qui, des électeurs du Front, lui donnerait sa voix au second tour ?
RICHARD LISCIA
Il ne me semble pas que les « bonnes feuilles » du Figaro suffisent à tirer des conclusions définitives !
Je ne suis pas Sarko Addict mais j’attendrai lundi pour juger… Sans illusion ni de sa part, ni d’aucun challenger Mais il faudra bien en élire un !
Vous écrivez : « Il nous dit par exemple qu’il ne remettra pas en question le mariage pour tous, ce qui a fait hurler les anti-homosexuels de France et réjouit ceux qui militent contre les divisions de la société »…
Quelle caricature simpliste !
Les personnes qui étaient hostiles à la loi Taubira dite du « mariage pour tous » ne sont pas des « anti-homosexuels » ; ils pensent simplement que le mariage est l’union d’un homme et d’une femme et non de deux personnes du même sexe.
Quant à ceux qui militent contre les divisions de la société, ce ne sont certainement pas ceux qui ont pris le risque de diviser gravement la société en forçant le passage de cette loi sans consulter le peuple.
Il y avait d’autres types d’union pour prendre en compte les souhaits d’une partie des personnes homosexuelles que de singer le mariage.
Trop facile de dire que les citoyens opposés au mariage pour tous sont favorables aux homosexuels. J’espère qu’en écrivant ces mots vous saviez que les lecteurs ne seraient pas dupes. Dans toute action d’exclusion, il y a l’expression pure et simple de l’intolérance. Je trouve formidable de dénoncer une « caricature simpliste » et de se poser en donneur de leçons.
R.L.
Pardon ? on peut très bien être opposé au mariage pour tous et être indifférent ou même favorable à l’homosexualité : ça n’a rien à voir ! L’homosexualité est une particularité marginale (de l’ordre de 5 à 10% de la plupart des populations) du comportement sexuel, le mariage des homosexuels une bouffonnerie…
Quelques mots sur le mariage homosexuel dans une analyse qui parlait de l’ensemble du bilan de M. Sarkozy et les passions se déchaînent. Si on est indifférent ou favorable à la position d’une minorité de 5 à 10 %, on ne les traite pas de « bouffons ».
R.L.
Mais ce n’est pas la minorité que l’on traite de bouffon ! C’est le mariage ! Le fait qu’il soit, dans les circonstances actuelles, politiquement-irréprochable, n’exclue pas la bouffonnerie. Les exemples pullulent !
Quelques mots seulement certes, mais des mots lourds de malentendus et de procès d’intention…
Et à nouveau : votre contradicteur, quand il parlait de « bouffonnerie » (et non de « bouffons ») parlait du mariage des homosexuels (et non des homosexuels).
Réponse
Ce qui revient strictement au même. Pourrions-,vous en finir avec cette discussion ? Merci de bien vouloir cesser votre harcèlement.
« Ce qui revient strictement au même » : oui, évidemment, si vous ne comprenez pas la différence, ce n’est pas la peine de confronter les opinions. Et puis, comme de coutume, cela permet d’éviter toute contestation. La presse veut bien ouvrir des discussions, mais uniquement à ceux qui pensent comme elle, ou à peu près ! Dont acte.
Réponse
Ce n’est pas M. de Guibert qui s’adressait à vous, mais l’auteur du blog. Je vous réponds donc : la presse veut bien ouvrir des discussions à condition qu’elles se terminent. Vous avez tout à fait le droit de donner une opinion, et d’ailleurs vous l’avez donnée. Cela ne veut pas dire que le contenu d’un blog doive être noyé dans des avis contraires, sinon il ne reste plus aux lecteurs qu’à écrire le blog eux-mêmes. Je constate que vous-même n’aimez pas du tout qu’on vous contredise et que vous tenez à avoir le dernier mot. Je publie tous les avis, mais il me semble que j’ai le droit de rappeler la ligne défendue par le blog pour qu’il n’y ait pas de doute dans l’esprit des lecteurs sur les idées que j’exprime. A la fin des fins, c’est mon blog et je suis libre.
R.L.
Pas facile de voter pour quelqu’un qui avoue se tromper sur tout !
Curieusement Nicolas Sarkozy fait son « mea culpa » sur des petites maladresses ou des dérapages grossiers de sa part, mais il semble occulter complètement des fautes autrement plus graves qui relèvent de sa fonction de chef d’État comme l’état dans lequel il a laissé la Libye, avec les conséquences dramatiques que nous voyons aujourd’hui sur l’Afrique sahélienne et le Moyen-Orient.