Emploi : le patronat en question

Gattaz  mis en garde (Photo AFP)

Gattaz mis en garde
(Photo AFP)

Manuel Valls, pour la première fois lundi, a remis en cause les avantages que le gouvernement a accordés aux entreprises pour les inciter à créer des emplois. Comme chacun sait, cette politique qui, à ce jour, a coûté une quarantaine de milliards, n’a pas empêché une progression du nombre des chômeurs, alors que, dans le reste de l’Europe, le chômage est en recul.

C’EST le pacte de responsabilité que le Premier ministre a remis en cause en annonçant qu’il songeait à poser des conditions à l’octroi d’aides dans le cadre du pacte. Les « frondeurs » du PS ont salué la mise en garde lancée par le chef du gouvernement aux patrons, mais il serait surprenant que le changement de politique économique qu’ils espèrent devienne une réalité. Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures, dont le pacte de responsabilité, pour apporter de l’oxygène aux entreprises, principalement en allégeant leurs charges sociales. L’idée générale est simple : il s’agit de diminuer le coût du travail pour améliorer les marges des sociétés et les inciter à embaucher. La plupart des entreprises ont effectivement réussi à rétablir leurs profits, ce qui en soi est une bonne nouvelle pour l’économie française qui menaçait de périr d’asphyxie. Malheureusement, pour l’instant, les patrons semblent considérer que le retour à l’équilibre de leurs sociétés ne les autorise pas encore à embaucher.

Le volontarisme ne suffit pas.

Il est indéniable qu’il existe une frilosité exceptionnelle chez le patronat français dont le président, Pierre Gattaz, se promenait il y a peu avec un pin’s où était gravée l’impérissable devise : « Un million d’emplois ». Il y a renoncé pour ne pas sombrer dans le ridicule. Le fait est que le patronat n’a pas tenu sa promesse de recommencer à embaucher bien que le gouvernement ait amélioré l’environnement fiscal des entreprises. Bien entendu, les frondeurs du PS se sont félicités aujourd’hui de la menace brandie par Manuel Valls. Mais le Premier ministre n’est pas près de changer la politique économique incarnée par Emmanuel Macron. Le retour aux vieilles lunes du socialisme ne permettrait pas, de toute façon, de créer des emplois d’ici aux élections générales de 2017. À l’allègement des charges des entreprises et au CICE (crédit impôt compétitivité emploi) le gouvernement a ajouté ce que j’appellerai les « mesures dictées par le désespoir » : des emplois publics qui coûtent cher au pays et qui sont dictés par le volontarisme bien plus que par la nécessité économique.

Des réformes trop timides.

En dépit de l’échec du pacte de responsabilité et du CICE, le gouvernement ne peut pas changer de monture au milieu du gué. En réalité, si les deux dispositifs n’ont pas produit les résultats escomptés, c’est probablement parce qu’ils sont insuffisants et trop bureaucratiques. Il fallait sans doute donner à l’économie française, lors de la nomination de Manuel Valls à la tête du gouvernement en 2014, un coup de fouet capable de marquer les esprits. Nos réformes ne sont pas nulles, mais elles sont relativement timides par rapport à ce qui s’est fait en Italie par exemple. Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, a procédé à des réformes plus profondes que les nôtres et le chômage commence à refluer dans la péninsule. M. Renzi ne manque jamais de se dresser contre la politique d’austérité prônée par la Commission de Bruxelles, bien que la dette italienne soit largement supérieure à celle de la France. Mais on ne peut pas dire que notre gouvernement ait lutté avec férocité contre les déficits. Avec l’accord de Bruxelles, il a limité l’ampleur des économies et il a été beaucoup aidé par la baisse de l’euro.
Le chômage en France apparaît donc comme plus tenace que celui de nos voisins européens. Les entreprises, à n’en pas douter, doivent commencer à prendre des risques si on veut que le produit national augmente et créer des emplois. Malheureusement, le coup de grisou sur les marchés financiers fait maintenant craindre une nouvelle crise.

RICHARD LISCIA

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