Les mauvaises manières

Touche pas à mes flics ! (Photo AFP)

Touche pas à mes flics !
(Photo AFP)

Le syndicat Info’com de la CGT a publié sur son site Internet le 16 avril une affiche montrant une matraque et un insigne de CRS, près d’une flaque de sang, avec ce titre: « La police doit protéger les citoyens et non les frapper ». Le gouvernement et le PS ont exprimé leur indignation.

LA CGT, qui tient congrès en ce moment, est un syndicat fascinant parce qu’il passe son temps à fermer toutes les portes ouvrant sur des réformes et que, de cette manière, il contribue puissamment au manque d’emplois et de croissance. Qu’il ait un avis sur le chômage et les salaires, fût-il négatif, n’est cependant que naturel. Qu’il se préoccupe de la sécurité ne figure pas dans ses attributions, sinon qu’il peut avoir son mot à dire sur la répression des manifestations qui tournent au chaos. On remarquera, en l’occurrence, que la CGT ne s’intéresse pas au contexte de ses prises de position. Dénoncer les CRS au moment où le terrorisme fait des ravages, où l’on demande à la police des efforts surhumains, où les larmes des familles des victimes ne sont pas séchées, où, de surcroît, les fantaisies du genre « Nuit debout » et manifs anti-loi du travail se multiplient grâce à l’inconscience des organisateurs, c’est, en quelque sorte, priver de protection les Français qui veulent circuler en ville et aller au café, au spectacle ou au restaurant.

Les policiers écoeurés.

En effet, comment croyez-vous que les policiers, soumis à des horaires interminables, épuisés par la surveillance de chaque instant qu’ils exercent sur tous les coins du territoire, contraints de combattre la délinquance et le crime de droit commun, mais aussi la menace de barbares décidés à nous étriper, réagissent à l’insulte de la CGT ? À leur lassitude s’ajoute le dégoût que leur inspire une manoeuvre dictée non pas par le souci de l’intégrité physique des jeunes, mais celui de combattre encore et toujours le gouvernement quoi qu’il fasse ou dise. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a entendu les CGTistes réunis en congrès crier : « Les socialistes, dehors ! », et en conclut que le syndicat, par ailleurs en perte de vitesse, se gauchise de plus en plus. Est-ce vraiment une question d’idéologie, n’est-ce pas plutôt un syndrome national ? La CGT court après le vent du moment, qui emporte les partis, les institutions, les fameuses valeurs, toujours invoquées, jamais respectées, et tous ces robots de la politique qui ne cessent de faire campagne en se caricaturant eux-mêmes. Mais un vent qui emporte aussi des syndicats incapables de contribuer à la baisse du chômage. Avec un aplomb qui ne trompe personne, des militants jouent à la révolution, laquelle, comme chacun sait, commence par la destruction des instruments de l’ordre.

Pas un cadeau.

Ce n’est pas que des bavures policières ne se produisent pas ou que les policiers soient tous des saints. Mais il n’y a pas moins de saints à la police que chez les manifestants ou à la CGT. En 2015, huit policiers sont morts et 18 000 ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Cela devrait donner au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, l’occasion de réfléchir. Quant à M. Cazeneuve, très en colère, car il ne faut pas désespérer ses fonctionnaires, il est contraint de jouer les Joseph Fouché contemporains en réprimant, mais verbalement, de pseudo-révolutionnaires auxquels il est temps de rappeler que la patrie est en danger. Il est vrai que ce gouvernement déçoit beaucoup, mais il est vrai aussi que le comportement des acteurs de la politique est tellement dominé par les bouleversements historiques, tellement imprévisible, tellement bizarre que, lorsqu’on y pense, ce n’est pas un cadeau de gouverner.

RICHARD LISCIA

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