PS : coup de théâtre

Changement de cap pour le président (Photo AFP)

Changement de cap pour le président
(Photo AFP)

La décision prise par François Hollande (et annoncée par le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis) d’organiser une primaire à gauche était complètement inattendue. Elle témoigne d’un changement stratégique considérable pour l’élection présidentielle de 2017.

IL ÉTAIT logique de penser qu’une primaire au PS ne favorisait pas les intérêts du président de la République, parce qu’elle le forcerait à se mesurer à plusieurs candidats qui n’ont pas sa stature. Il peut y avoir deux raisons, l’une positive, l’autre négative, pour le virage à 180 degrés du plan de campagne du chef de l’État. La première est qu’il se fait fort de devancer ses concurrents, étant admis que Manuel Valls ne se présentera pas et qu’Emmanuel Macron, s’il se présente, sera un candidat libre. Il espèrerait donc refaire l’unité du PS, frondeurs compris, autour de sa personne. La seconde est qu’il n’est pas sûr du tout de se présenter et qu’il laissera ses concurrents en découdre en janvier pour que le PS ait un candidat viable.

Un aveu de faiblesse.

La décision d’organiser une primaire traduit surtout la faiblesse du candidat Hollande. Il s’agit, pour lui, de rassembler son camp en incluant les écologistes qui ont quitté EELV, les radicaux de gauche, bien sûr, et les frondeurs. M. Hollande n’a rien à attendre de Jean-Luc Mélenchon qui recueille un nombre d’intentions de vote au moins égal à celui du chef de l’État (environ 14 %), ni du parti communiste, ni même des écologistes tendance Duflot. Tous ont dit qu’ils ne participeraient pas à une primaire socialiste. Son influence ne dépasse donc pas un espace relativement étroit mais dont il doit être sûr s’il demande un second mandat. Quelles chances a-t-il de l’emporter à la primaire contrer Marie-Noëlle Lienemann, contre Arnaud Montebourg, contre Benoît Hamon et, hypothèse peu probable, contre Martine Aubry ? Bien qu’il vienne d’annoncer sans le dire qu’il n’est plus le candidat « naturel » de la gauche, il espère qu’un nombre élevé de candidats éparpillera l’électorat de gauche à son avantage. Ce qui ne diminue en rien la menace que feront peser EELV, le PC et les mélenchonistes dès le premier tour, en privant M. Hollande d’un nombre précieux de suffrages. Si la tactique de M. Hollande consiste à franchir le cap du premier tour, elle ne paraît pas convaincante.

Hollande peut renoncer.

L’autre option, c’est le renoncement. François Hollande a déjà indiqué qu’il dirait à la fin de l’année s’il serait candidat ou non. S’il ne l’est pas, il est logique qu’il donne à la gauche une chance de rassembler ses forces contre l’opposition actuelle. Avantage tactique : la primaire de la droite aura lieu en novembre de cette année, celle de la gauche se déroulera en janvier de l’année prochaine, ce qui fait que l’opinion sera concentrée sur la gauche juste avant l’élection présidentielle. On peut très bien considérer que le président a voulu se donner diverses options, qu’il feint de renoncer au privilège du candidat naturel et introduise une forme de démocratie supplémentaire dans la vie politique à gauche, on ne voit pas distinctement où le conduit son nouveau plan de campagne. Il est vrai qu’il ne pouvait pas affronter à la fois cette partie du PS qui est entrée en dissidence, l’extrême-gauche et une partie des écologistes, et que la primaire a au moins l’avantage de faire taire les frondeurs, mais seulement si M. Hollande l’emporte, ce qui n’est pas sûr. Il demeure que, dès le premier tour, la candidature de M. Mélenchon plombera de toute façon celle de M. Hollande. Il ne reste plus au chef de l’État qu’à monter en puissance. Cependant, la primaire n’a rien à voir avec la cote de popularité du président : de bons résultats au niveau de la croissance et de l’emploi feraient remonter ses chances au détriment de Jean-Luc Mélenchon. Rien n’est encore démontré.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à PS : coup de théâtre

  1. RCdoc dit :

    Démocratie entre tous ces arrivistes carriéristes par les primaires égale petits jeux entre initiés, bien loin de la démocratie républicaine telle qu’on peut l’imaginer. Démagogie politicienne et électoraliste, ambitions individuelles sous couvert de grands desseins affichés. Tout cela pue vraiment et ne convainc plus personne sérieusement. La prochaine élection présidentielle approche dans un grouillement stérile d’individus qui fondamentalement ne sont plus représentatifs de rien (à commencer par nos dirigeants actuels). Ecoeuré et pas prêt à aller voter pour des fantoches démasqués.

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