Le PS dans l’étau

Un candidat qui change la donne
(Photo AFP)

Contrairement à 2012, la primaire du PS sera un échec quoi qu’il arrive. Elle le sera parce qu’elle ne désignera pas l’unique représentant de la gauche.

LES DÉBATS entre les sept candidats qui ont accepté de se soumettre à la primaire s’en ressentent. Ils comprennent que, en définitive, ils se sont donné un cap supplémentaire à franchir, alors qu’il est beaucoup plus simple, pour Jean-Luc Mélenchon, d’aller seul à la bataille de la présidentielle et, pour Emmanuel Macron, de se dispenser d’une étiquette dont on ne peut plus dire qu’elle représente un atout. La primaire socialiste aurait déjà été inutile si le président en exercice avait brigué un second mandat. À l’expérience, les acteurs de cette bizarrerie qui a été réinventée sous le nom de Belle Alliance populaire découvrent que, même sans François Hollande, il ne fallait pas organiser la compétition ; et qu’ils ont été floués en quelque sorte.

L’air du temps est glacé.

Le forfait du président, la course engagée par Manuel Valls pour le remplacer, les appétits multiples ouverts par une crise politique sévère rendaient l’exercice de la primaire particulièrement complexe cette année. À quoi il faut ajouter l’air du temps qui est glacé comme chacun sait, et qui fait que la multiplicité de l’offre ne suffit pas à satisfaire l’électorat ; lequel, de toute évidence, a besoin d’autre chose et le fait savoir. Tout à coup, la primaire, qui a été naguère une bonne idée et qui a si bien réussi à la droite en novembre dernier, est devenue un piège pour ceux qui, à gauche, ont consenti à passer par ce sas. M. Valls est engoncé et ne parvient pas à être lui-même, ce qui est un comble pour un ex-Premier ministre qui a toujours su tenir un langage direct et franc ; M. Peillon ne fait partie de la course que pour bloquer M. Valls, ce qui n’est pas, à proprement parler, une brillante vocation ; M. Montebourg se répète et continue à dénoncer une politique d’austérité qui n’a jamais été appliquée en France ; M. Hamon fait tout ce qu’il peut pour nous surprendre, mais il rêve éveillé d’un monde que l’on ne peut trouver que dans la quatrième dimension. Les autres candidats font de la figuration, même s’ils sont en tous points très estimables.

Le créneau de Macron.

Ce besoin d’autre chose, c’est, pour le peuple, l’envie puissante de jeter son bonnet par-dessus les moulins. Une envie d’être méchant pour faire partager ses désillusions à ceux qui sollicitent des suffrages. Une envie de se venger, de tout changer. Le Brexit, Trump, l’ascension de l’extrême droite en Europe, tous ces signaux expliquent la tentation des Français. Pas tous, mais une bonne partie d’entre eux, je dirais même une majorité probable qui se répartit entre M. Mélenchon et Mme Le Pen. De sorte que François Fillon lui-même est affecté par le mouvement. Il n’est déjà plus tout à fait le seul et unique représentant de la droite et du centre. Non que surgirait soudain un candidat nouveau. Simplement, la présence de M. Macron dans l’arène présidentielle correspond à une alternative à une politique économique et sociale qui sera nécessairement sévère avec M. Fillon, et même s’il en rabote les arêtes.
L’ancien ministre de l’Économie a trouvé un créneau remarquable pour plusieurs raisons : d’abord il est très jeune et renvoie presque à la ringardise les quinquas et les sexas ; ensuite, il est ce qu’il dit, ni de droite ni de gauche dans un moment historique où le phénomène probablement le plus important est la perte totale de confiance dans des idéologies qui ont appauvri notre société ; enfin, il apporte une fraîcheur, une conviction, des idées neuves, la certitude assumée que le temps de la redistribution est fini et qu’y recourir de nouveau serait suicidaire. Là où des candidats socialistes veulent nous faire croire que le retour au plein emploi est impossible parce que le nombre de postes de travail continuera à diminuer implacablement, voilà à un homme dont on sait qu’il consacrera toute son énergie à combattre le chômage avec des méthodes qui n’ont pas été utilisées à ce jour en France.
Politiquement, je rejoins donc tous ceux qui affirment que l’incertitude est totale. L’élection présidentielle se jouera dans les derniers jours de la campagne et pas forcément de la manière que nous avions imaginée.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le PS dans l’étau

  1. Num dit :

    On est en train d’assister à la mort du parti socialiste.

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