Le choc Trump-Poutine

Trump à Hambourg
(Photo AFP)

La rencontre à Hambourg, à l’occasion du G-20, de Donald Trump et Vladimir Poutine, a eu lieu dans un climat tendu par de très fortes divergences politiques, sur l’Ukraine notamment, mais également sur la Syrie, où les deux pays sont en concurrence pour le contrôle de la région.

LES CARACTÈRES des deux présidents n’offrent pas vraiment un choix enthousiasmant. M. Poutine défend une analyse diplomatique fondée sur le recours à la force et sur l’ambition de rendre la Russie à sa grandeur d’autrefois (« Make Russia great again »). M. Trump, en revanche, est arrivé au pouvoir en affirmant que rien de particulier ne l’opposait à Moscou et qu’il voulait en faire une partenaire des Etats-Unis. Il lui a fallu déchanter, d’une part parce qu’il est menacé par diverses enquêtes sur les relations entretenues avec la Russie par son équipe de campagne électorale et d’autre part parce qu’il s’est laissé convaincre par ses conseillers qu’il est bien trop tôt pour estimer que la Russie n’est plus hostile aux États-Unis. Du coup, M. Trump est redevenu atlantiste, ne voit rien de plus utile que l’OTAN, et met en sourdine son protectionnisme. Il a d’autant plus besoin de contrer la Russie que le soupçon d’une collusion de son camp avec les dirigeants russes continue de peser sur sa présidence.

Mandat unique ?

Cependant, les quelque six mois que M. Trump a passés à la Maison Blanche montrent sa versatilité politique bien plus qu’un ancrage dans des idées fortes. Auteur de tweets incessants et multiples, il sait mieux exprimer son humeur du moment, quelques menaces sans lendemain (comme avec la Corée du Nord) et beaucoup de vulgarité que des orientations politiques sur lesquelles ses alliés peuvent compter. La tonalité générale de ses prises de position offre un peu d’oxygène à l’OTAN et à l’Union européenne, certes menacées de manoeuvres commerciales ou financières par Washington, mais qui commencent à s’habituer à des déclarations intempestives se limitant à des piques désagréables plutôt que constitutives d’une idéologie d’affrontement. La plupart des partenaires de l’Amérique attendent, en gros, que la présidence Trump se termine à la fin de son premier mandat, que d’aucuns souhaitent unique, en se protégeant aussi bien que possible, dans l’intermède, contre ses accès de mauvaise humeur désormais plus dirigés vers l’opposition intérieure que vers les amis habituels de son pays.

Macron à Trump : l’Amérique, c’est ça.

Emmanuel Macron, pour sa part, a eu l’habileté d’inviter M. Trump au défilé militaire du 14 juillet, à l’occasion du centième anniversaire de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne en 1917. M. Trump a accepté, et cette concession à l’amitié franco-américaine est tout un programme. En effet, des militaires américains participeront au défilé et le président de la République sera en mesure de rappeler à son homologue que ce qu’il réprouve aujourd’hui, à savoir les alliances de son pays, ses engagements en faveur de la paix et de la liberté, le culte du libre-échange constituent des valeurs sûres qu’il ne peut renier sans rejeter simultanément ce qui fait le ciment idéologique, économique et politique des nations occidentales. Bien entendu, même si Donald Trump se montre sensible à cette argumentation, cela ne veut pas dire qu’il va s’en imprégner durablement. Il peut rentrer chez lui et ignorer le sens de son voyage, surtout si les enquêtes qui se poursuivent aux États-Unis continuent à le mettre sur la défensive. Pourtant, d’une façon générale, ce deuxième périple de M. Trump à l’étranger sera reçu par l’opinion américaine comme une preuve que les liens historiques entre Occidentaux ne doivent pas être altérés dans un moment aussi incertain et dangereux des relations internationales.

RICHARD LISCIA

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