Immigration : rien n’est réglé

Migrants en mer
(Photo AFP)

La question de l’immigration est redevenue aigüe avec le cri d’alarme lancé par l’Italie, confrontée à des arrivées massives d’immigrants en provenance de Libye et dont quelques milliers sont morts en Méditerranée depuis le début de l’année.

TOUTES LES SOLUTIONS mises en oeuvre pour tarir le flot de migrants en Europe ont échoué, sauf l’accord germano-turc qui oblige les réfugiés venant du Proche-Orient et notamment de Syrie, à rester en Turquie. Le chaos militaro-politique qui règne en Libye permet aux passeurs de continuer à envoyer vers l’Italie sur des rafiots remplis à ras bord d’être humains qui risquent leur vie dans la traversée. Les Européens se sont montrés incapables d’organiser la répartition des nouveaux venus entre les divers pays membres de l’Union. Le plan européen qui prévoyait cette répartition a échoué, l’égoïsme national l’emportant sur tous les réflexes de solidarité. L’Italie est abandonnée à elle-même, isolée face à la crise, mais encore décidée à respecter les règles humanitaires d’assistance à personnes en danger. Elle poursuit sa tâche tout en réclamant une aide de ses partenaires européens, qui restent sourds.

Faiblesses françaises.

La France n’est pas près de lui porter secours. Elle tente d’empêcher les migrants venus de Libye de traverser la frontière italo-française. Elle n’y parvient pas dans tous les cas et des groupes se forment et se reforment, comme à Calais ou à Paris, où les autorités procèdent à des évacuations pour voir revenir, au bout de quelques semaines, ceux qu’elle avait dispersés ou envoyés dans des centres d’accueil. Les réfugiés semblent commencer à comprendre qu’ils ne parviendront pas à passer la Manche et que la Grande-Bretagne n’est pas l’eldorado qu’ils imaginaient. Du coup, beaucoup souhaitent rester en France et demandent l’asile. Ils sont les premiers à réclamer une assistance et des conditions d’accueil acceptables, sans mesurer les difficultés que soulève leur afflux massif en Europe.
Une bonne organisation des secours reposerait sur le respect du principe de dispersion des migrants entre les 27 États de l’Union. Le problème principal est la convergence de populations africaines vers le territoire libyen, zone anarchique dont les frontières, ensevelies dans le sable du désert, sont des passoires. Les passeurs y pullulent et, dans un certain nombre de cas, les ONG ont été accusées de les payer directement pour que les migrants soient recueillis en Méditerranée avant de faire naufrage. On comprend le désir des organisations de mettre un terme à une hécatombe qui n’honore pas l’Europe. On devine aussi que l’encouragement donné aux passeurs de Libye soulève la colère des Italiens, qui n’ont pas vraiment les moyens financiers de recevoir et d’héberger des dizaines de milliers de personnes chaque année.

Normaliser la Libye.

Dans ces conditions, le seul espoir est la normalisation politique de la Libye, qui fait l’objet d’efforts diplomatiques intenses, mais sans succès jusqu’à présent. Bien sûr, le mieux serait de fixer les populations africaines sur les territoires qu’elles occupent. On continue à vouloir distinguer les réfugiés politiques et les migrants économiques, mais une fois qu’ils sont arrivés en Europe, on commet la même injustice si on parvient, dans des cas rares, à les renvoyer chez eux, méthode à la fois cruelle et coûteuse. Il n’est pas plus facile d’investir en Afrique pour y créer les conditions de développement économique qui finirait, à très long terme, d’effacer le rêve européen dans l’esprit des Africains.
Il n’y pas pourtant de difficulté dont la relance, politique et économique, de l’Union européenne ne pourrait venir à bout. Il faut d’abord une explication franche entre ceux des membres de l’UE prêts à faire quelques sacrifices et ceux qui, notamment à l’est, veulent tous les avantages et aucun des inconvénients de l’UE. Il faut tarir le flux migratoire pour traiter d’une manière décente les migrants déjà arrivés.

RICHARD LISCIA

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