L’échec de la CGT

Ciotti, l’as de la météo
(Photo AFP)

Peur d’un triomphalisme prématuré ou respect de cette démocratie directe qui favorise toutes les contestations, même les moins efficaces, aucun éditorialiste n’a voulu dire clairement ce matin que les rassemblements populaires contre la réforme du code du travail ont été un échec.

LA CGT explique (laborieusement) que le 12 septembre a été l’occasion de lancer un mouvement qui va grossir avec le temps, notamment grâce aux manifestations prévues pour les 21 et 23 septembre. On lui souhaite beaucoup de courage. La vérité est qu’il n’y a pas d’embrasement des foules, que les syndicats sont divisés, que le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et le chef suprême de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ne sont pas sur la même longueur d’ondes, montrant ainsi qu’il existe diverses façons d’être irréductible et que le premier rejette l’incursion de la politique dans le syndicalisme tandis que le second, qui croit à son destin, se voit à la tête de tout ce qui s’oppose en France à la « transformation » voulue par Emmanuel Macron.

Paralyser le pays.

Nous déchanterons plus tard si, à force d’attaques et de transgressions, M. Martinez ou M. Mélenchon parviennent à convaincre un nombre plus élevé de citoyens qu’ils doivent faire de leur corps un barrage à la réforme. Pour le moment, les ordonnances sont en place et le nouveau code du travail sera appliqué. En outre, la CGT sortira l’artillerie lourde le 25 septembre ; elle prévoit une grève des routiers avec blocage des dépôts de carburant, pour s’assurer ainsi qu’une fois de plus elle immobilisera partiellement le pays.
La vie sociale ne manquera donc pas d’être animée, à l’occasion, notamment, d’une nouvelle baisse des aides au logement HLM dont le Premier ministre nous a répété ce matin qu’elle sera totalement compensée par une diminution identique des loyers (il s’agirait de 50 euros par mois), de la confection du budget 2018, qui contraint le gouvernement à trouver au moins une vingtaine de milliards, de la réforme de la formation professionnelle, un tonneau des Danaïdes et, plus tard, de la réforme des retraites. Le pouvoir envisage non pas de reculer l’âge de la retraite, ce qui serait le seul moyen de dégager des masses financières importantes et correspondrait mieux à l’évolution de la démographie française et de la nature même du travail contemporain, mais de baisser le niveau des pensions.
Quinze millions de retraités descendront-ils dans la rue ? Méritent-ils une baisse drastique de leur pouvoir d’achat ? Aux yeux du gouvernement, ils présentent l’avantage de ne pas être organisés en une force de protestation, mais l’inconvénient de voter en plus grand nombre que les actifs. Il semblerait que le dossier ne serait pas examiné avant 2019. En conséquence, si la grande explication révolutionnaire devait avoir lieu sur le thème des retraites, ce ne serait pas avant 18 mois, ce qui permet d’étaler dans le temps les motifs de mécontentement.

La vieille politique.

A droite ou à gauche, les oppositions, en tout cas, s’expriment sur le mode de la continuité de la vieille politique, qui a toujours consisté à bloquer les infrastructures pour éviter le changement. Il y a beaucoup à redire sur chacune des initiatives gouvernementales qui contiennent leur part d’injustice, c’est-à-dire l’écrasement de la classe moyenne. Il appartient au président de corriger le tir et de trouver des solutions qui ne soient pas pénalisantes pour trop de gens. Le contournement de l’âge du départ à la retraite exprime davantage la pusillanimité de M. Macron que la sincérité de ses convictions. Il sait que la solution, c’est la retraite à 63 ou même 64 ans. Il sait aussi qu’il faut, à terme, instituer le permis à points pour les nouvelles générations, de façon à faire de la fin de la vie active le choix personnel de chaque citoyen.
Pour engager les réformes pour lesquelles il a reçu un mandat populaire (quoi qu’en disent ceux qui continuent d’affirmer qu’il ne représente qu’un quart des Français), il doit porter sur la réalité du pays ce regard lucide qui lui a été si utile pendant la campagne. La vieille politique, c’est fini. Démolir systématiquement l’action gouvernementale sans être en mesure d’exercer le moindre pouvoir est un médiocre exercice. On a en a vu un exemple grotesque quand Eric Ciotti, président du conseil général des Alpes-Maritimes, a dénoncé (lui aussi) l’impréparation du gouvernement au sujet du désastre provoqué par l’ouragan Irma, en expliquant que le cyclone, arrivant des côtes américaines, avait donné largement le temps au gouvernement de secourir les habitants des deux îles avant qu’is ne fussent sinistrés. Pour ce genre de bévue infantile, existe-t-il une punition, par exemple l’obligation de se taire pendant six mois (au moins) ?

RICHARD LISCIA

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