Trump refait des siennes

Maître d’école
(Photo AFP)

Donald Trump a décidé de s’opposer aux importations d’acier au nom d’une très ancienne loi selon laquelle les Etats-Unis ne doivent pas dépendre de l’étranger pour leurs fournitures d’importance stratégique ou sécuritaire. Il s’est tiré une balle dans le pied.

LE PREMIER effet de son annonce a entraîné une chute brutale (moins 2 %) de la bourse de New York, mais aussi de celles d’Europe et du Japon. La mesure est en effet de type protectionniste : le Canada, l’Europe, le Japon et le Brésil sont les principaux exportateurs d’acier à destination des Etats-Unis. Si leurs productions sont surtaxées, ils seront bien obligés à leur tour  de prendre des mesures de représailles, lesquelles ne sont nullement souhaitables. Bref, Trump n’hésite pas à engager une guerre commerciale qui finira devant l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, qui régit les relations commerciales entre les Etats en concordance avec les traités internationaux ; et alors, de deux choses, l’une : ou bien Washington recule, ou bien il s’entête et le processus aboutira à un démantèlement de l’OMC et à une guerre protectionniste mondiale.

Il clame son innocence.

La chronique des frasques du président américain suffirait à meubler ce blog tous les jours. Cependant, il y a longtemps que l’effet de surprise d’une politique ancrée dans l’outrance a été atténué par l’habitude. Si Trump occupe encore, de manière presque obsessionnelle, les médias américains, on se contente, de ce côté-ci de l’Atlantique, de signaler ses comportements, déclarations ou tweets parce qu’ils amusent la galerie. La vraie question porte sur sa longévité politique, largement soutenue jusqu’à présent par une économie prospère et un chômage résiduel. Il résiste comme il peut aux soupçons relatifs à sa campagne électorale, et aux révélations sur ses attitudes sexistes, les compromissions probables de certains de ses collaborateurs et pas des moindres, avec la Russie, et  l’enquête du FBI qui le concerne. Il n’y a pratiquement pas de jour qu’il ne clame son innocence ou qu’il ne tente de bloquer les investigations.

Il a embauché beaucoup de monde à la Maison Blanche, mais il limoge souvent ceux qu’il encensait naguère. Le directeur de la Maison Blanche, H.R. McMaster, un ancien général semble décidé à retourner à l’armée. Trump le bat froid parce que le général ne veut pas gêner l’enquête du FBI. Mais le pire, peut-être, c’est sa manie de distribuer les bons et mauvais points à ses collaborateurs, comme un maître d’école juge ses élèves. Il peut aussi changer d’avis et stigmatiser un conseiller qu’il portait aux nues. Sa bête noire, aujourd’hui, c’est Jeff Sessions, l’attorney general, c’est-à-dire le ministre de la Justice, qui, lui non plus, ne veut pas s’opposer à l’enquête du FBI, affaire où il n’y a que des coups à prendre car ce qu’exige le président, c’est une obstruction de la justice que ne saurait engager le premier magistrat du pays.

La question des armes.

Bref, on en est là, mais si l’on continue à assister à de puissantes manifestations contre le harcèlement sexuel et le viol, et, depuis le carnage dans une école de Parkland (Floride), contre la National Rifle Association (NRA), première pourvoyeuse des assassinats de masse, on ne voit pas vraiment le camp démocrate s’organiser pour prendre la relève. La seule critique de Trump ne constitue pas un programme de gouvernement. On ne voit pas non plus émerger une personnalité forte et consensuelle, capable de remplacer le président américain le plus atypique de l’histoire des Etats-Unis. Il n’est pas du tout impossible que, à la faveur des mid-elections, élections législatives de novembre prochain, le parti démocrate arrache la majorité dans les deux chambres du Congrès. Mais ce dont le parti manque le plus, c’est un projet. Il n’est d’ailleurs pas normal que les démocrates ne se soient pas emparés des divers massacres à l’arme de guerre qui ont eu lieu ces derniers mois pour en faire leur thème de prédilection. S’ils ne le font pas, c’est parce qu’ils savent combien d’Américains sont attachés à leurs armes. Et ils ne peuvent pas s’aliéner ceux de leurs concitoyens qui en possèdent.

RICHARD LISCIA

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