L’odieux Donald

Rien à espérer de lui
(Photo AFP)

Parce que cette chronique ne traite que d’un sujet à la fois, je n’ai pas pu, hier, commenter les propos insensés que Donald Trump a prononcés devant l’assemblée de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes américain. Son discours méritait pourtant une volée de bois vert. Je souhaite participer à la riposte.

CE N’EST PAS la première fois que Trump décrit la France comme un pays assiégé par les terroristes où l’on meurt à chaque coin de rue. Devant la NRA, l’autre jour, il s’est cru obligé de rappeler son soutien au libre commerce des armes dans son pays et, avec l’imagination débordante qui le caractérise, il est revenu sur les attentats les plus douloureux qui ont eu lieu en France, ceux du 13 novembre 2015. Comme il s’agit du plus simplet des chefs d’État, il est allé jusqu’à mimer le terroriste en action, qui choisirait ses victimes et les exécuterait une après une, afin de démontrer que, si les civils français portaient des armes comme aux États-Unis, les carnages ne pourraient pas se produire. Il n’y a rien, dans ce que dit ce soi-disant président, qui relève du bon sens. Premièrement, porter une arme n’empêche pas de tomber sous les balles des autres ; deuxièmement, le feu nourri des terroristes dans les rues de Paris nécessitait une sorte de contre-offensive militaire ; troisièmement, si les civils armés sont si efficaces, à quoi faut-il attribuer les massacres qui ont lieu périodiquement aux États-Unis, à Parkland, à Las Vegas, à Orlando, tueries comparables à celles de Paris mais bien plus fréquentes et qui, elles, ont eu lieu parce que, justement, n’importe quel illuminé peut acheter des armes ultra-dangereuses ?

Dénoncer l’outrage.

Comme le Donald ne sait pas ce qu’il dit, il a été si surpris par la consternation nationale et internationale provoquée par son discours à la NRA que, pendant deux jours, il a arrêté de diffuser ses tweets répétitifs et vengeurs. On attend ses excuses. Pendant ce temps, les Français ont réagi violemment, à tous les niveaux, à cette nouvelle provocation, inutile, lâche, méprisable et scandaleuse du président américain, incapable de comprendre qu’il doit, comme tout un chacun, un minimum de respect aux victimes, celles-là même qu’il a représentées vendredi comme des moutons à l’abattoir. François Hollande et Manuel Valls ont été les premiers à réagir à la forfaiture de Trump, suivis par un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le gouvernement et l’Assemblée doivent exprimer leur colère dans les termes que Trump mérite. Ils ne peuvent pas se contenter de le laisser parler.

Hollande fait de la politique.

M. Hollande, qui célèbre en grande pompe sa rentrée sur la scène politique, a voulu en profiter pour adresser une critique, une de plus, à Emmanuel Macron, dont il a rappelé qu’il avait des liens amicaux avec Trump. La raison l’a déconseillé de préconiser la rupture des relations diplomatiques, mais il ne nous a pas dit non plus ce qu’il faut faire. Répondre à l’injure par l’outrage ? Rappeler l’ambassadeur français à Washington ? Exiger que Trump fasse pénitence ?  L’intervention stupide, infantile, hors-sol, de Trump le condamne déjà et confirme que la plus grande puissance du monde est dirigée par un dangereux demeuré. Mais il n’est pas inutile d’exercer sur lui assez de pressions françaises pour qu’il ferme son clapet. Nous n’avons pas le pouvoir de donner aux Américains un président alternatif. Mais nous pourrions leur communiquer notre colère et leur faire comprendre que ni eux ni nous ne pouvons tolérer un tel dérapage et qu’il leur appartient de faire le ménage, sinon en destituant le président, en le mettant en garde contre toute récidive.

RICHARD LISCIA

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11 réponses à L’odieux Donald

  1. Scalex dit :

    Je ne fais pas partie des admirateurs de Donald Trump, mais je ne partage pas l’opinion générale sur cet épisode. Trump parle avec ses tripes et son sketch, probablement maladroit, fait ressortir de façon imagée l’horreur extrême vécue par les spectateurs du Bataclan. Je pense qu’en novembre 2015, nous avons tous imaginé la scène comme Donald Trump. Quand à la parade possible avec des armes dans la salle, la question mérite d’être posée. Sûrement pas dans la poche de tous les spectateurs, mais pourquoi pas dans celle des policiers hors service et du service d’ordre de la salle ? Pourquoi a-t-on si peu parlé de ce policier, « qui passait par là », et qui a neutralisé un premier terroriste avec son arme de poing ?

    Réponse
    On en a parlé et les scènes de massacres ne se sont pas du tout passées comme Trump l’a raconté. On ne peut pas se distinguer en approuvant Trump.
    R.L.

    • Guy Renault dit :

      Pourquoi disqualifier a priori tout commentaire n’allant pas dans le sens de votre analyse ?

      Réponse
      Je ne disqualifie personne. Cet espace contient une ligne bien définie qu’on peut retrouver tous les jours. Certains jours, les commentaires négatifs (ou hostiles) occupent plus de place que le blog lui-même. Cela ne signifie pas que je n’ai pas le droit d’y répondre et que je doive laisser d’autres messages remplacer le mien. Si c’était le cas, j’arrêterais aussitôt cette chronique, qui ne vaut que parce qu’elle contient une analyse spécifique. J’ajoute que la plupart de mes correspondants sont anonymes. Ils ne courent aucun risque alors que je suis clairement identifié.

      • Guy Renault dit :

        Que signifie alors votre phrase: « On ne peut pas se distinguer en approuvant Trump ».
        N’est-ce pas un refus a priori de toute forme de débat?
        Je constate que les réponses à votre blog n’ont pas manqué, et de manière non anonyme.

        Réponse

        On ne peut pas se distinguer en approuvant Trump, parce que sa politique fait l’objet d’une réprobation mondiale et que, malheureusement, il n’y a pas d’alternative à la critique en ce qui le concerne. Comment ne pas être révolté par sa séquence sur le terrorisme en France ? J’ai publié 1 351 blogs à ce jour, j’ai publié 2980 commentaires, et un système de protection automatique a arrêté 15 641 commentaires suspects, anonymes et douteux. Mais ne me dites pas qu’il n’y a pas de débat : près de trois mille commentaires publiés au total en cinq ans, cela me paraît suffisant. Vous-même participez à une forme de harcèlement très commun sur Internet en exigeant de moi, et de manière insistante, un mot de contrition. Ma réponse est non. Je ne changerai pas un iota à ce que j’ai écrit.

  2. admin dit :

    LL dit :
    Et pour couronner le tout : Oliver North (ancien conseiller de Reagan, compromis dans une affaire de trafic d’armes), nommé président de la NRA. Une autre manière de percevoir les événements, c’est de dire que, avec le relâchement de la parole et des actions, les gens se révèlent tels qu’ils sont. Le public américain ne pourra pas se déclarer berné aux prochaines élections. Il a toutes les cartes en mains. Voyons ce qui se passe aux prochaines législatives, en novembre prochain.

  3. Michel de Guibert dit :

    D’une certaine manière, ce que mimait Trump sans bien sûr s’en rendre compte c’était bien davantage les détraqués auteurs de toutes ces tueries de masse aux Etats-Uni, à Parkland, à Las Vegas, à Orlando, tueries rendus possibles justement parce que ces détraqués possédaient une arme.
    Tenir ces propos et faire ces gestes devant la NRA, d’une certaine manière si on sait lire les signes au-delà des apparences, c’était involontairement la plus radicale des dénonciations du libre commerce des armes.
    Comprenne qui pourra !

  4. PICOT dit :

    Encore Hollande ? Mais que fait il encore? Il devrait se taire une bonne fois pour toutes. Avec ses propos et son bouquin, il essaye de se persuader lui-même qu’il a été un bon président. C’est une thérapie.

  5. Michel de Guibert dit :

    Donald Trump s’est encore illustré ce soir de manière totalement irresponsable en dénonçant l’accord sur le nucléaire iranien…

  6. aupy dit :

    Mais avec un peu de bon sens il faut bien admettre que si quelqu’un (un serveur, par exemple) avait été en possession d’une arme et qu’il s’en serve pour riposter immédiatement, les victimes auraient été sûrement moins nombreuses. Réfléchissez calmement.

    Réponse
    Merci pour le conseil. Pour arrêter le massacre du 13 novembre, un serveur armé n’aurait guère été utile. Réfléchissez à votre tour. Je m’attendais à tout sauf à trouver des concitoyens favorables à la généralisation du port d’armes.
    R.L.

  7. ostré dit :

    Moi aussi, je suis très étonné de voir que des gens du milieu médical soutiennent le port d’arme.

  8. JMB dit :

    La fourchette basse des morts par armes à feu aux États Unis est de 30 000 par an. La France a une population égale à 21% de celle des États Unis. Une législation sur les armes similaire à celle des États Unis entraineraient 6 300 morts par armes à feu en France.
    Le deuxième amendement auquel les pro-armes se réfèrent est inscrit dans un texte du XVIIIè siècle. Les colons prenaient leur indépendance vis-à-vis de la mère patrie le royaume d’Angleterre, et devaient la défendre en étant armés et mobilisables en tout temps.
    Les conditions justificatrices de l’époque sont révolues.
    Progrès humain et progrès technique ne sont pas synergiques.

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