Le confinement sera prolongé

Jean-François Delfraissy
(Photo AFP)

C’est maintenant clair : le confinement général de la population française sera prolongé d’au moins quinze jours et sera même renouvelé tant que le pic de la contagion ne sera pas franchi.

LA BATAILLE engagée contre le Covid-19 est de longue haleine. Elle n’a de signification que si elle « gèle » le fléau. En attendant un traitement et un vaccin encore hypothétiques, le confinement constitue le seul instrument de lutte contre l’épidémie, comme en témoignent les appels répétés et sévères que le Pr Jean-François Delfraissy, président du Comité d’éthique et du conseil scientifique formé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, a  adressés hier soir sur France 2 à la totalité de la population nationale. S’il est vrai que 100 000 policiers et gendarmes ont été déployés sur le territoire pour empêcher les Français de sortir de chez eux sans raison valable et que nous en sommes à quelques milliers de verbalisations, il demeure qu’il est impossible de surveiller 66 millions de Français. Cependant, la réaction collective du public correspond globalement à ce que le gouvernement en attendait, une discipline largement partagée après une courte rébellion, comme l’exode vers la campagne et le défi des consommateurs qui vont encore dans les marchés en plein air. Le confinement est désagréable, ce qui explique les grognements d’une foule soumise à la discipline par la force dune amende de 135 euros. Mais il est infiniment plus acceptable que la contagion avec des effets qui, certes, peuvent être bénins, mais n’en rempliraient pas moins les hôpitaux de malades nécessitant une réanimation pour laquelle nous n’avons pas tous les lits nécessaires en cas d’aggravation de l’épidémie.

Regain du civisme.

En dépit d’une plainte générale où se mêlent le manque de masques ou de gel hydro-alcoolique et les difficultés d’une vie recluse (même les enfants ne sont pas censés sortir et, sur une période d’un mois, ce sera très compliqué pour les parents), le rappel (d’ailleurs aussitôt suivi d’effet) de médecins retraités et volontaires, ce qui montre que, contrairement à ce qu’on aurait pu penser au début de la crise sans précédent que nous traversons, le civisme est remarquable. Bien que la popularité de l’exécutif n’ait guère  augmenté, les sondages d’opinion révèlent que nos concitoyens font confiance au gouvernement. Après tout, ils n’ont que celui-là pour le moment, et ils ont enfin compris qu’ils ne pouvaient pas se passer de lui, qu’ils ont besoin d’être orientés, et que, malgré les ratés de l’expérience, il vaut mieux être protégé par lui que d’être laissé à l’abandon. Nombre de Français ont estimé qu’il était temps de rendre hommage aux soignants, ce qu’ils ont fait depuis leur fenêtre et qui a un peu rasséréné médecins, infirmiers et aides-soignants, lesquels ont renouvelé leurs efforts alors qu’ils étaient déjà exténués par le chaos des urgences, le manque de moyens et l’insuffisance des investissements publics dans les structures hospitalières.

Quelques informations positives.

Il y a donc quelques notes positives dans un paysage extrêmement sombre. Positives sur le plan moral et civique et aussi sur le plan financier. La Banque centrale européenne qui, sous la houlette de Christine Lagarde, avait refusé en début de semaine d’inonder les marchés financiers, s’est reprise et s’est engagée dans la poursuite du quantitative easing, technique de rachat des dettes qui s’accumulent. Cela permettra aux entreprises de trouver de l’argent à très bon marché. De son côté, l’Union européenne met sur la table la somme énorme de 750 milliards d’euros pour empêcher l’effondrement économique du continent. Après quelques hésitations, les experts de la banque et de la finance ont enfin compris qu’il fallait mettre l’argent au service de la santé publique, ou plus exactement au service de la bataille contre le chaos économique et social qui ne manquerait pas de compléter la crise sanitaire si aucune mesure n’était appliquée. La leçon s’adresse à ceux qui nient toute valeur aux institutions européennes, alors qu’elles viennent de démontrer qu’en addition au courage national il est indispensable de lâcher la bride aux financements collectifs. Nous ne savons vraiment pas quand et comment nous allons nous sortir de la crise, mais nous savons déjà que le salut viendra des efforts de tous et non pas d’un pays isolé.

RICHARD LISCIA

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9 réponses à Le confinement sera prolongé

  1. Michel de Guibert dit :

    Oui, on en prend pour au moins deux mois de combat contre cette épidémie… il était de bon ton de critiquer l’Italie, qui est aux avant-postes du combat, nous la suivons avec une huitaine de jours de décalage…

    • D.S. dit :

      Combien de temps est-on porteur du virus, donc contagieux (porteurs sains, malades bénins, malades graves)? Si la réponse est 15 jours, un confinement absolu de 15 jours pourrait en théorie, permettre d’y voir plus clair.

      • Michel de Guibert dit :

        Mais nous ne sommes pas dans un confinement absolu…

        • D.S. dit :

          Exact. Mais si nous avions décidé un confinement absolu il y a un mois (0 malade), que ferions nous aujourd’hui avec toute la population sous cloche ? J’ai plutôt l’impression que la contamination progressive est souhaitable. Mais laissons sous cloche les plus à risque d’entre nous. Ces derniers ne sont pas les plus utiles à l’économie. Et renvoyons les autres au travail.

  2. Francoise F de C dit :

    Comment faire entendre raison aux parents d’enfants qui laissent jouer tous les enfants ensemble dans le jardin d’une résidence privée. Si les parcs et jardins publics, les crèches et écoles sont fermés c’est pour éviter ces échanges viraux.
    Je fais la guerre mais je ne peux passer mon temps sur mon balcon ! Et en plus je me fais agresser !

  3. Laurent Liscia dit :

    Exactement, on suit l’Italie. Et maintenant la Corée du Sud et la Chine essuient les plâtres du retour de leurs concitoyens malades. Le plan fédéral américain prévoit un calendrier de 18 mois, donc le confinement pourrait même durer 6 mois.

  4. RADIGUET DE BASTAIE dit :

    la question principale (je m’avance un peu) sera la balance confinement/retour à la vie « normale » dans un ou deux mois. On sera à genoux économiquement. Espèrons que l’été sera aussi bénéfique que pour le H1N1.

  5. Alain Basle dit :

    J’en suis désolé mais moi, ce sera 15 jours ; après, ils font ce qu’ils veulent, mais je vis seul et ne voir personne ni parler à personne je ne pourrai pas tenir plus longtemps. Déjà, au bout de 3,jours je commence à avoir du mal. Alors un mois, pas la peine. Ils veulent quoi, que le niveau de suicide augmente ?

  6. OMAN dit :

    Il vo mieux être vivant chez soi que mort pour avoir voulu jou& au con. Il faut penser aussi aux autrex qui ne demandent qu’à vivre et au médecins qui s acharnent à sauver des vies tous les jours. Encore merci aux personnes qui sont là pour nous.

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