RN : la poussière sous le tapis

Marine Le Pen
(Photo AFP)

Le Rassemblement national, à l’occasion de son congrès à Perpignan, a décidé de ne pas s’appesantir sur son échec aux élections régionales et départementales et de ne rien changer à son programme. Il a réélu Marine Le Pen triomphalement à la tête de son parti. 

CET ENTHOUSIASME apparent était la seule issue formelle aux vicissitudes que rencontre le RN, qui ont été délibérément ignorées. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ont disparu. Comme Emmanuel Macron qui, lui aussi, est le grand perdant du dernier scrutin avant la présidentielle, l’extrême droite a contourné la défaite pour repartir sans ciller et sans discuter du problème posé par l’abstentionnisme, vers le seul rendez-vous électoral qui ait de l’importance à ses yeux. Ce qui vaut pour la République en marche vaudrait donc  pour le RN. Sauf que celui-ci ne se contente pas d’une défaite. Il est probable que son électorat est miné par l’absence d’une partie de ses électeurs, par la bizarre concurrence d’Éric Zemmour, par les commentaires haineux de Nicolas Dupont-Aignan, par ses difficultés financières et par ses prises de position plus centristes que radicales. L’échec des 20 et 27 juin méritait d’être examiné non comme un incident de parcours mais en tant que dérive suspecte, susceptible de s’aggraver.

Un désarroi général.

Cela dit, M. Zemmour n’est pas sûr d’aller au bout de sa démarche, et la meilleure façon de trouver des financements nouveaux, c’est de gagner une bataille électorale ou deux. Le tableau général de la politique en France montre un désarroi général qui n’est nullement circonscrit au RN, il s’est installé à gauche et à droite, chez les Verts (qui n’accoucheront d’un  candidat que dans la douleur), à l’extrême gauche, dont la stratégie est simplement suicidaire. Des formations cabossées, quelque peu découragées par la pléthore de candidats, l’incapacité des uns et des autres à concevoir un programme commun, le primat de l’acteur-candidat sur la pensée structurante, tout concourt à une incertitude qui risque de durer jusqu’en avril prochain, le mois de l’élection présidentielle. Certes, il valait mieux gagner que perdre et les Républicains s’égosillent à nous le faire savoir. Et ils ont pratiquement un candidat naturel, Xavier Bertrand ! Mais, allons, ce n’est pas si simple : comment faire pour désigner LE candidat sans  créer de nouveaux ressentiments ?

Parcours légal.

Il n’est pas interdit de raisonner, comme le RN, selon l’analyse suivante : si Macron n’a pas bronché d’un cil et poursuit sa campagne comme s’il avait conquis la moitié des territoires, pourquoi Marine Le Pen n’en ferait-elle pas autant ? On lui répondra qu’elle n’est pas, justement, Emmanuel Macron, l’homme qui a déjà réussi un score élevé sur la base d’un enthousiasme aussi soudain et violent que l’une de ces inondations torrentielles et abondantes dont le réchauffement climatique a le secret. Chez Macron, l’électeur  arrive après sa candidature. Chez Marine Le Pen, il a fallu des décennies pour qu’elle s’impose en tant que figure politique nationale, qu’elle trouve ses financements, qu’elle se débarrasse de son père, que Bruno Mégret, puis Florian Philippot quittent le navire, qu’elle arrive en tête de plusieurs scrutins intermédiaires, dont les européennes. Pour la combattre, il faut savoir le fond de se pensée, l’ordre qu’elle entend imposer, la France cynique et glacée qu’elle souhaite créer, mais elle n’a cessé de suivre le chemin de la légalité.

Un variant du Covid.

Pourquoi,  dans ces conditions, faudrait-il lutter contre les deux extrêmes ? Parce qu’ils sont les facteurs de la régression de notre pays. Parce qu’ils nous emmèneront de mésaventure en mésaventure, parce qu’ils emprunteront des chemins douteux, jalonnés par le cynisme, la conversion aux anti-valeurs, le rejet de la démocratie, le refus du consensus, du compromis, et même de la raison. L’indifférence pour l’ascension des extrêmes est une forme de destruction de ce qu’elles appellent le « système » mais n’est pas autre chose que la cuirasse qui protège nos libertés. On retrouve dans le soutien au RN et à LFI la même souche que dans le refus de la vaccination. Ce sont les mêmes qui préfèrent la superstition à la science et la démolition des structures démocratiques à l’art du consensus.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à RN : la poussière sous le tapis

  1. Laurent Liscia dit :

    De plus, ces deux extrêmes sévissent à travers le monde. Il faut les combattre localement et les dénoncer globalement. Sans quoi, on ne pourra pas lutter contre le changement de climat.

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