Le sursaut vaccinal

Un soignant vacciné
(Photo AFP)

En vingt-quatre heures, deux millions de citoyens français ont pris rendez-vous pour leur première dose vaccinale, consécutivement à un discours présidentiel qui ne leur donne plus le choix de rester passifs face à la pandémie.

NOS CONCITOYENS semblent avoir compris que, s’ils voulaient échapper à une quatrième vague et à un nouveau confinement, ils étaient contraints de contribuer à l’immunité collective. Tout le monde ne croit pas que la vaccination constitue un devoir civique, mais les mesures annoncées par le président de la République ont forcé les « réfractaires » à obtempérer. Le timing, en un sens, était parfait : c’est au moment de l’été et des plaisirs qu’il prodigue qu’ils n’ont pas voulu rester enfermés.

Une polémique artificielle.

Nombre de réactions politiques et individuelles ont été très négatives, principalement celles qui sont appuyées sur la notion de « liberté ». On a pu entendre des soignants revendiquer, une fois de plus, l’atteinte ainsi portée, selon eux, à leur liberté de choix. Mais ce sont surtout le Rassemblement national et la France insoumise qui sont montées au créneau contre le « diktat » élyséen. Ils ne craignent pas de sombrer dans le ridicule, eux qui ne souhaitent exercer le pouvoir que pour nous priver des libertés individuelles offertes par notre Constitution ; et qu’ils n’essaient même pas de dire le contraire, car c’est la vérité. Qui peut croire une seule seconde Nicolas Dupont-Aignan quand il se met à clamer que Macron a procédé à un « coup d’État sanitaire » ? Quand cette logorrhée à la fois difforme et injuste s’arrêtera-t-elle ? La polémique a-t-elle la moindre utilité, alors que la campagne vaccinale repart de plus belle et que renaît l’espoir d’échapper à la quatrième vague ? Elle n’en a que pour les partis d’opposition voués à la perte du macronisme que la gauche et la droite croient à portée de la main depuis la défaite de la République en marche aux élections régionales.

Une énigme.

La dernière salve des oppositions en déroute ne parvient à cacher le retour en force de Macron. Il suffit d’un minimum d’objectivité pour savoir que la lutte contre le virus lui a donné l’occasion historique de redorer son blason. Il l’a fait, cette fois, avec doigté, en assouplissant par quelques concessions la brutalité d’une vaccination nationale qui ne tolère pratiquement aucune exception. On se souviendra du 12 juillet comme de la bataille des Ardennes : tout semblait perdu pour Macron et, tout à coup, rien n’est perdu. Comment sa stratégie de reconquête du pouvoir va s’accommoder d’un parti en lambeaux, c’est assurément une énigme. Mais, depuis 2017, rien, en matière politique, n’est plus impossible. Une brève réflexion nous rappellera que nécessité fait loi. De même que l’incendie des gilets jaunes n’a été éteint qu’en les arrosant d’argent, de même la vaccination pour tous est en train de s’imposer à toutes les consciences, et même à celles qui continuent d’en décrire les aspects « iniques ».

Les tabous s’effondrent.

Nous n’avons pas fini, en France, de céder à la logique la plus impérieuse. Il existe sans doute, dans notre population des éléments irréductibles à tous les compromis, y compris aux décisions les plus dures mais les plus indispensables. Pourtant, les Français commencent à comprendre. Ils comprennent d’abord que la liberté personnelle s’arrête quand elle nuit aux autres ; ils comprennent ensuite que, si irritantes que soient les réformes, elles seules proposent notre salut collectif ; et ils comprennent que les tabous sur lesquelles s’appuie leur propre logique s’effondrent comme un jeu de dominos. Ils ne veulent pas entendre parler d’une réforme des retraites fondée sur une mesure d’âge. Regardez bien le paysage social : on ne dit plus qu’une réforme qui prolonge les carrières est intolérable, on dit seulement qu’il n’est pas question d’en parler maintenant. Au moment fatidique, le tabou aura disparu et si, par exemple, la droite l’emportait à la présidentielle, c’est quand même Macron qui lui aura préparé le terrain.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Le sursaut vaccinal

  1. pernot françois dit :

    Vous êtes incroyable ! Maintenant que votre confiance en la victoire de Macron en 2022 commence un peu à s’ébranler, vous avez le toupet d’insinuer que si la droite était élue à sa place elle pourrait remercier Macron de lui avoir préparé le terrain pour réformer les retraites alors que c’était le projet phare de Fillon en 2017 et que précisément Macron ne voulait pas l’envisager ; je sais bien que vous me prenez pour un imbécile pour me l’avoir carrément envoyé dans la figure il y a quelques jours parce que je mettais en cause votre objectivité sur ce grand homme, que je suis loin de détester d’ailleurs comme vous vous l’imaginez à tort , mais là quand-même je trouve que vous y allez fort.

    Réponse

    Le projet phare de Fillon était mort-né dès lors que l’ex-Premier ministre était corrompu. En 2017, Macron a annoncé qu’il réformerait les retraites en prenant une mesure d’âge. Vous le savez, mais vous prétendez le contraire. Je crois que vous ne trouverez jamais rien de bon dans ce que j’écris, parce que je ne suis pas assez à droite à votre goût. Je ne peux quand même pas écrire des choses que je ne pense pas. Enfin, là où VOUS allez un peu fort, c’est que vous livrez des textes en abrégé. Je ne crois pas que mon sens de la liberté d’expression doive aller jusqu’à vous réécrire.
    La chronique que vous vilipendez ne dit que la vérité, même si celle-ci vous embarrasse. La vaccination obligatoire est une affaire qui marche. C’est donc tout le contraire de ce que vous affirmez : je ne suis pas « ébranlé », comme vous dites, je dis justement que la décision de Macron va le faire progresser politiquement. Et si vous n’êtes pas content, rien ne vous force à me lire, et encore moins à réagir, sinon le goût de la provocation.
    R. L.

  2. francois pernot dit :

    Je n’ai jamais été contre la politique sanitaire du gouvernement et je l’ai même toujours défendue même sur l’histoire des masques car je ne le rends nullement responsable de la pénurie de masques de la phase de début et contrairement à beaucoup je ne crois pas que ce soit lui qui ait soufflé à mes confrères passant à la télévision qu’il ne servait à rien d’en porter pour cause cachée de stock insuffisant ; je suis peut-être naïf mais je l’assume ; je crois tout simplement que tout le monde a été pris au dépourvu et s’est débrouillé comme il a pu ; j’ai soutenu sa ténacité à éviter le deuxième confinement et ne lui ai pas reproché d’avoir finalement cédé car la situation hospitalière devenait impossible à gérer ; j’ai participé dès le début à la campagne de vaccination (bénévolement du fait de mon âge) et suis prêt à recommencer si ma présence devait être à nouveau utile et dans les mêmes conditions ; vous imaginez donc bien que je suis favorable à ses dernières préconisations dans ce domaine. Comme la majorité des candidats potentiels de la droite classique d’ailleurs. Alors vous me direz pourquoi ne pas le choisir pour les prochaines élections ? Tout simplement parce que je ne suis pas d’accord sur plein d’autres sujets ; enfin je ne me force pas à vous lire ; vous écrivez bien et clairement ; je vous reproche surtout un évident parti-pris qui quelquefois m’agace, mais ne m’empêche pas de dormir quand-même ; mais évidemment vous avez le droit d’avoir vos opinions , et puisqu’il est possible de laisser un commentaire je me donne le même droit de donner mon avis sur ce que vous écrivez ; ce qui n’a rien à voir avec le goût de la provocation … et encore moins du scandale : mot un peu fort en l’occurrence ; ne trouvez-vous pas ?

    Réponse
    Mes mots ne sont pas plus forts que les vôtres, d’autant qu’ils ne vous empêchent pas de dormir. Mon parti-pris, c’est uniquement de ne pas céder au vôtre, et surtout de ne rien laisser passer qui soit contraire à la vérité. Ce qui est sûr, c’est qu’une place énorme vous a été accordée dans cet espace, ce qui est parfaitement conforme au principe du dialogue.
    R. L.

  3. Laurent Liscia dit :

    Allez, un peu de polémique, c’est sympathique ! Quant au coup d’État sanitaire, c’est le refrain qu’on nous serine dans toutes les démocraties occidentales, où, après nous avoir expliqué que le port du masque etait une atteinte aux libertés (aux US, Marjorie Taylor Greene a eu le culot de comparer le masque à l’étoile jaune – énorme confusion des genres), c’est maintenant le vaccin qui menace l’individu. Il y a cinquante ans, on ne se posait pas de questions sur le vaccin contre la varicelle, et on a sauvé des millions d’enfants. Sous la crise sanitaire, couve une crise morale : une incompréhension totale de la relation entre droits et devoirs. La démocratie n’est pas un self-service.
    Réponse
    Très bien dit.
    R. L.

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