Verts : le bon choix

Jadot vainqueur
(Photo AFP)

Yannick Jadot sort vainqueur de la primaire des écologistes, avec 51,03 % des voix contre 48,97 % à Sandrine Rousseau. La victoire de M. Jadot est indéniable, mais elle n’ouvre pas une perspective réjouissante pour la transformation d’EELV en un parti de gouvernement ni celle d’une alliance avec la gauche.

FIER de son succès, Yannick Jadot, qui l’a emporté de justesse, va être sans doute combattu au sein même de son parti. Peut-être n’a-t-il pas acquis l’énergie cinétique suffisante pour s’imposer au reste de la gauche comme son leader naturel. Les socialistes ont d’ailleurs fait savoir que Anne Hidalgo ne négocierait avec le candidat Vert que sur la base d’une alliance dominée par la candidate. La lutte contre le réchauffement de la planète étant le nouveau paradigme qui va façonner la politique des années à venir, M. Jadot qui, depuis un an, ne cesse de répéter qu’il va gagner la présidentielle, rejette toute idée  d’« écologie d’accompagnement », ce en quoi il n’a pas tort : tout lui montre, et en particulier l’accélération alarmante du réchauffement climatique, qu’il faut être intransigeant désormais sur l’objectif des nations : pas plus de un degré et demi de réchauffement d’ici à la fin du siècle, un défi qui sera contrarié par nombre de pays, même si tous prétendent y adhérer.

Démocratie exemplaire.

La primaire des Verts aura été néanmoins un exemple de démocratie directe, avec des débats mesurés et un  résultat qu’aucun Vert ne discute, mais tout de même avec la démonstration que les divergences sont telles sur les mesures à adopter que, au fond, deux partis politiques cohabitent en un seul. Les battus sont presque aussi nombreux que les vainqueurs et n’hésiteront pas à le faire savoir quand il sera question de rechercher une coalition Verts-PS, la seule qui ait une signification stratégique mais pas forcément celle qui franchira le cap du premier tour. Le plus récent sondage, celui de Harris Interactive, montre que la plupart des candidats sont crédités de 13 à 15 % des suffrages au premier tour, y compris Éric Zemmour, avec deux exceptions : Marine Le Pen, tombée à 19 % et Emmanuel Macron, qui se situe maintenant entre 23 et 26 %, selon les cas de figure et les hypothèses du premier tour.

Vaste extrême droite.

On se hâtera de rappeler que les sondages ne rapportent que la photographie du moment où ils sont réalisés. M. Zemmour n’est pas encore candidat. S’il ne se présente pas, tout laisse penser que Marine Le Pen retrouvera son score de plus de 20 %. Mais il est clair que M. Zemmour a fait valoir une idée-force, à savoir que le camp de l’extrême droite est encore plus large qu’on ne croit et qu’il rassemble, à la louche, plus de 30 % des suffrages, autant que toute la gauche réunie. Pour le moment, M. Macron s’en sort parce que la répartition des voix de M. Zemmour lui profite, même si la plus grande partie de l’électorat de l’extrême droite entend rejoindre Mme Le Pen au second tour. Mais, s’il est réélu, le président sortant aura affaire à une opposition tout aussi hétéroclite que l’actuelle et encore plus féroce. Elle sera nourrie des forces qui, à 13 %, ne peuvent pas accéder au second tour, alors que tout le monde vote pour gagner.

Blessée, mais pas encore coulée.

Au regard des sondages, et tout en minimisant leur valeur, on constate que l’ascension de quelques talents, Pécresse, Bertrand, Zemmour, Barnier, n’a, au moins pour l’instant, aucune signification. Jamais les partis politiques n’ont excipé de leurs chances avec tant d’assurance. On se réfère aux européennes pour les uns, aux régionales pour les autres, et on voit dans les succès passés, mais considérablement amoindris par l’abstention, la clé de la prochaine présidentielle. Il n’en est rien. Le premier constat est que la participation sera plus grande, avec un électorat avide de voter. Le deuxième est que Macron, malgré un mandat affreusement éprouvant, reste le chef de file de tous les prétendants. Le troisième est que M. Zemmour a blessé la bête mais ne l’a pas achevée et que, dans ses efforts pour la remplacer, il risque d’accorder au président un score comparable à celui de 2017. Deux tiers, un tiers.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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Une réponse à Verts : le bon choix

  1. Laurent Liscia dit :

    Pour l’heure les Verts sont un parti parce que les partis traditionnels demeurent aveugles à la pensée écologique pourtant nécessaire à la survie de notre civilisation. Mais le politique va bientôt devenir l’écologie sous l’effet du réchauffement. Même Macron, s’il est réelu, sera bien obligé de penser un peu plus comme Jadot ou Sandrine Rousseau. Espérons que les Verts soient au centre de la nouvelle coalition allemande, ce sera motivant pour l’Europe.

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