Un plan pour bloquer les prix

Castex hier à TF1
(Photo AFP)

Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé hier sur TF1 une série de mesures pour contenir les prix de l’énergie, gaz, pétrole et électricité, qui ont flambé pendant l’été et vont augmenter encore jusqu’en 2022.

L’INTERVENTION du chef du gouvernement était d’autant plus attendue que nos concitoyens sont accablés par la hausse des prix de l’énergie, lesquels, comme chacun sait, dépendent moins de nos dispositions intérieures que de mesures prises à l’étranger. La période post-Covid a été propice à une vive inflation dans le monde entier. Toutes les matières premières sont affectées. Les pouvoirs publics, en France, ont tressé un large filet pour lutter contre un phénomène qui, paradoxalement, risque de nuire à la reprise économique. Il est manifestement insuffisant et M. Castex a proposé, à la fois, d’augmenter le chèque énergie pour six millions de familles pauvres et de diminuer, mais pas avant décembre, la fiscalité de l’énergie.

Une baisse d’impôts serait hérétique.

Cela paraît simple, mais ce ne l’est pas. L’impôt sur le revenu n’apporte pas des recettes considérables, Bercy a toujours compté sur les taxes liées à l’énergie pour renflouer ses caisses. Cette stratégie ne se poursuivrait qu’au prix d’une grande agitation sociale, tout à fait insupportable en période électorale. On peut donc prévoir une forte diminution de la TVA sur le gaz et l’électricité qui, certes, coûtera à l’État mais permettra de limiter l’impopularité du président au moment de l’élection présidentielle. Le problème est qu’une baisse d’impôts cette année ou l’année prochaine, est tout simplement hérétique : elle arrive à contre-courant de la fin du « quoi qu’il en coûte » et empêche les pouvoirs publics de rééquilibrer le budget, au moins partiellement.

L’importance de l’énergie nucléaire.

Seule la croissance autorisera le gouvernement à récupérer, par le biais de la TVA et des divers impôts sur les revenus des sociétés, une partie des sommes qui auront été englouties dans la lutte contre l’inflation. Les économistes pensent que la hausse des prix de l’énergie atteindra un palier avant le printemps prochain. Dans l’intervalle, il y a des mesures politiques vitales à prendre, et le président ne l’ignore pas. Le fait que le prix du pétrole, du gaz et de l’électricité est fixé, la plupart du temps à l’étranger (sauf pour ce qui concerne l’électricité nucléaire) n’arrange pas les choses. C’est l’Europe qui négocie les prix avec les exportateurs, qui ont pris une trempée pendant l’épidémie et veulent se refaire une santé. Or l’Europe est affectée de façon diverse par la hausse des prix. En France, c’est le moment de s’apercevoir que nous sommes souverains en matière nucléaire et parfaitement en mesure de fixer nous-mêmes le prix de l’électricité.

L’Allemagne et son charbon.

Il est inutile de rappeler ici combien les membres de l’Union européenne ont été imprévoyants dans ce domaine et comment les politiques énergétiques de la France et de l’Allemagne ont été divergentes alors qu’elles auraient dû mettre au point un plan bilatéral pour prévoir les jours mauvais. Il n’en a rien été. L’Allemagne a supprimé sa production nucléaire d’électricité en un seul coup et s’est jetée sur le charbon, devenant ainsi le pays européen émettant le plus de CO2. Bien entendu, nous ne pouvions pas l’en empêcher. Dans le même temps, elle nous a demandé de fermer la centrale de Fessenheim, établie à sa frontière occidentale en territoire français. Toute l’histoire de l’énergie en France est jalonnée de compromis mortels avec l’Allemagne.

Pour faire face à l’inflation, le gouvernement réviser de fond en comble sa politique énergétique. Il doit la préserver d’une taxation trop élevée pour être viable et ne pas créer un mécontentement social de première grandeur. Il doit trouver ailleurs les ressources fiscales qui lui permettaient de diminuer l’impôt sur le revenu. En général, les impasses fiscales finissent pas une hausse d’impôts.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Un plan pour bloquer les prix

  1. Laurent Liscia dit :

    Comment les Allemands ont-ils pu penser que le charbon était la réponse au nucléaire defie l’entendement. Au-delà de l’énergie la flambée des prix tient à la rupture de la chaine logistique pendant le Covid. Tout ça va continuer à nous hanter pendant un an ou deux ; mais je comprends mal les récentes discussions à la Federal Reserve Bank sur la possibilité d’un retour de la stagflation. Il n’y aucune stagnation de l’économie, et les hoquets de la chaine logistique vont se résoudre. Si la Chine ne peut pas livrer, d’autres pays seront au rendez-vous. C’est d’ailleurs leur chance de briser le monopole chinois.

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