La minorité résiste

Larcher avec Macron
(Photo AFP)

Nous sommes au milieu, ou presque, du mois de septembre, et on ne peut pas décrire l’orientation des principaux partis. Le dilemme entre l’opposition frontale au pouvoir et une once de coopération avec lui entretient une confusion dont il n’est pas responsable.

LA DROITE et la gauche ont fait une rentrée qui a souligné davantage leurs hésitations, comme on le voit avec ce qui différencie, au sein de la Nupes, le PCF et la France insoumise, qu’un élan quelconque en faveur de l’action politique. Les oppositions ne s’entendent que sur le harcèlement anti-Macron, essayant de la sorte de tirer le plus grand profit de ce qu’il dirige une majorité « relative », au détriment d’une politique unitaire.

Ne comptez pas sur leur programme.

LE PS est divisé entre ceux qui se sont placés délibérément sous la tutelle de Jean-Luc Mélenchon et ceux qui préconisent, sans trop se faire entendre, un retour à la social-démocratie ; Fabien Roussel, chef des communistes, continuent à faire cavalier seul, ce qui ne grossit pas ses effectifs, et tient tête aux écologistes, qui sont indignés par son amour de la viande et de l’atome. On ne voit pas comment cette association hybride d’idées et de convictions pourrait parvenir à mettre au point le plan d’énergies renouvelables qui permettrait au pays de se passer du nucléaire.

Cette gauche aux accents dissonants traite le pouvoir avec le mépris factice que l’on réserve à une minorité. Elle vit sur cette illusion, comme si à elle seule elle pouvait assumer la gestion de la société française. Il y a loin de la coupe aux lèvres, et la menace qu’elle fait peser sur le gouvernement relève plus de la rhétorique que de l’action politique.

Le non de Larcher.

Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’exécutif ait les mains libres ; il gouverne désormais sans se soucier de sa popularité, comme on le constate dans le domaine de l’assurance chômage qui lui vaut les pires réflexions même s’il ne renonce pas à la réformer, avec l’idée à peine cachée de procéder ensuite à la réforme des retraites. Emmanuel Macron a organisé tambour battant son Conseil national de la refondation (CNR), et a trouvé assez d’organisations pour en faire partie et beaucoup d’autres qui ne veulent pas en entendre parler. Président du Sénat, Gérard Larcher a dit non, ce qui lui a été reproché, même au sein de la droite.

Macron prend des risques.

Qui se préoccupe sincèrement de l’intérêt général, dans ce concert fort peu harmonieux de critiques et de sarcasmes ? Certes, les Républicains voient dans le CNR une invention qui concurrence le Parlement et une manière à peine voilée de dissoudre le débat dans les parlottes. C’est ce qui s’est passé lors de la crise des gilets jaunes : le président de la République a tenu, en France profonde, de multiples et interminables débats qui ne laisseront pas une trace dans l’histoire, mais ont permis aux mécontentements de s’exprimer. Macron pense en outre à recourir au référendum à plusieurs reprises, notamment pour ses réformes les plus difficiles à accomplir. C’est un instrument dangereux car il donne l’occasion au peuple souverain de se débarrasser de lui avant le terme de son mandat.

On peut atténuer une crise.

Le projet de CNR a néanmoins le mérite de créer une tribune qui, sans ignorer la représentation nationale, peut amortir les plus criantes des dissensions. Il faut se souvenir que la hausse du prix des carburants à déclenché le mouvement des gilets jaunes. Aujourd’hui, le prix de l’énergie devient inaccessible, mais ils ne bronchent pas. Ils voient bien qu’il y a une guerre en Ukraine, que l’État paie une partie du prix de l’essence à la pompe et que c’est Poutine, pas Macron, qui régit le marché mondial des hydrocarbures. Comme quoi, avec l’un de ces débats fastidieux de plus, on peut minimiser une crise.

La nature se venge.

D’autant qu’aucun de nos concitoyens ne peut oublier cette année terrible, 2022, où le climat a basculé, grillant littéralement les citoyens, les jetant dans la fournaise, et les trempant dans la boue des inondations. L’essence n’est pas le crime des gilets jaunes, mais le défi à la nature, qui se venge. On ne parle pas trop de cette crise historique, incroyable et  affreusement malsaine. On en a peur. C’est l’occasion ou jamais de laisser les langues se délier et de faire comprendre aux drogués de l’essence qu’ils vont devoir s’en passer et se rallier au moteur électrique.

Le parti et le pays.

Le tableau général de cette rentrée politique, c’est l’ampleur des dangers qui nous guettent et les moyens minuscules que nous mettons en œuvre pour les écarter. Le CNR serait déjà utile pour qu’on se préoccupe davantage du réchauffement climatique. Macron dit que les absents ont toujours tort mais que la porte du CNR reste grande ouverte. Quant à M. Larcher, il a le droit de réfléchir, mais il est temps pour lui de penser au bien être de son pays plutôt qu’à celui de son parti.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La minorité résiste

  1. Laurent Liscia dit :

    Très bien vu. Cette peur intense face au changement de climat révèle aussi un sentiment d’impuissance totale qui risque de se convertir (qui se convertit déjà) en rage absurde. Nous avons besoin de Churchill, De Gaulle, Gandhi et Golda Meir du climat: des figures rassurantes mais implacables qui nous dictent la bonne conduite. Cela dit, on a appris aussi, à travers Zelensky en Ukraine, que les dirigeant(e)s découvrent leur calibre dans les passes les plus affreuses. Le problème, c’est que le changement de climat n’est pas un ennemi à visage humain.

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