Séisme : une catastrophe

Sauveteurs perplexes
(Photo AFP)

Le tremblement de terre en Syrie et en Turquie n’a pas fini de faire des morts (plus de 20 000 pour le moment), des centaines de milliers de blessés, et de solliciter notre indignation sur la façon dont les secours sont assurés, notamment dans une Syrie soumise à un régime autoritaire. La mobilisation, qui a permis de sauver des vies, d’enfants en particulier, cède la place au fatalisme.

C’ÉTAIT ÉCRIT ? Mais rien n’est écrit. En Syrie, Bachar a verrouillé son territoire et ne laisse pas les organisations humanitaires y pénétrer. Il préfère augmenter le nombre de ses victimes, conformément à une ligne de pensée qui prive la vie de toute signification. Voilà un pays où le tremblement de terre tuera des Syriens jusqu’à la dernière secousse, où la population subira les pires horreurs et où l’atrocité aveugle d’un phénomène naturel ajoute ses conséquences à une misère déjà grande, au dénuement et même à la famine.

Une vertu négative.

Bachar n’acceptera pas l’aide de l’étranger qui met en doute sa légitimité avec preuves à l’appui. Par sa faute, la Syrie était une terre de malheur, ne comptez pas sur lui pour tenter de s’amender. L’enfer frappe à notre porte et notre générosité, largement sollicitée, est une sorte de vertu négative. Nous ne pouvons pas la déverser sur cet état failli et la question des secours se pose moins, désormais, aux Syriens qu’à l’inévitable culpabilité à laquelle nous sommes exposés par notre impuissance.

Le recul de l’humanitaire.

De savoir depuis des siècles les ravages que peut produire un séisme nous a rendus encore plus indifférents à ses répétitions, secousse et répliques. Il y a partout un camp de l’indifférence qui réunit les Poutine, les Bachar et les Erdogan : circulez, il n’y a rien à faire.  Les petites gens, ceux qui se demandent pourquoi ils sont nés sur cette terre si cruelle, n’obtiendront pas de l’humanité le geste, simple et naturel qu’ils en attendent. Ils ont compris depuis longtemps que leur vie terrifiante se terminera par une mort violente et prématurée.

Circuler, c’est mourir.

L’histoire et la géopolitique se construisent sur cette terre friable qui promet de céder sous le poids des habitations. Le sort du peuple est déterminé par sa propre mobilisation : il participe à la construction pour mieux périr sous les décombres. Les films tournés sur place ont parfaitement décrit cette fatalité. Les voitures circulent dans des quartiers où les immeubles continuent de s’affaisser et de jeter dans les rues et les avenues des tonnes de gravats que les gens fuient en courant. À quelques mètres plus loin, des tours étincelantes pointent leurs derniers étages vers le ciel, intactes et inamovibles. C’est pile ou face : circulez, vous risquez d’en mourir.

Douze ans de massacres.

Aider Bachar ? Pour rester dans ses fonctions, il n’a cessé de s’abriter derrière le bouclier que les Syriens offrent de leur corps, victimes utiles à la perpétuation du pouvoir. Douze ans de massacres, douze ans pendant lesquels la démocratie a été tournée en dérision. Douze ans où les combinaisons fomentées par les Russes, la violence inexpiable du dictateur, tout s’est conjugué pour tuer du Syrien. Même le fatalisme.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Séisme : une catastrophe

  1. doriel pebin dit :

    Malheureusement merci pour ce triste constat. Il n’y a rien à ajouter devant ces dirigeants qui font de l’inhumanité leur credo.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.