Retraites : une petite lueur

Ciotti et Larcher, arbitres de la réforme
(Photo AFP)

Plusieurs hypothèses envisagent une course vers le précipice de la réforme des retraites : recours à l’article 49/3 ou dissolution de l’Assemblée, mais un rapprochement est constaté entre la majorité relative et les Républicains. Il permettrait au gouvernement se sortir la tête haute du chaos parlementaire que la réforme a déclenché.

LE GOUVERNEMENT a trouvé en LR un partenaire sérieux, déterminé, sincèrement attaché à la réforme. Cela n’a pas été toujours le cas, d’autant que les frictions entre le président de la République et le président du Sénat, Gérard Larcher, n’ont pas amélioré les discussions. Depuis, M. Larcher est rentré en grâce à l’Élysée et le mouvement général du parti LR en faveur de la réforme porte ses fruits, soutenu qu’il est par les forces vives du conservatisme. MM Larcher, Retailleau, Ciotti, et d’autres ne sont pas du tout des macronistes.  Ils estiment que le président deux fois élu leur a dérobé la fonction.

Ciotti, ce héros.

Mais ils sont sensibles aussi aux censeurs qui leur reprochent de ne pas voter un dossier qu’ils se sont engagés à mettre en œuvre. Le député LR du Lot et vice-président du bureau, Aurélien Pradié, qui s’est déclaré hostile à tout pacte avec la majorité, a immédiatement été limogé par Éric Ciotti, président du parti. Ce Ciotti est celui qui a dit avant le premier tour qu’il voterait Zemmour plutôt que Macron, si les deux étaient sélectionnés. Son respect de la discipline de parti en a fait aussitôt un héros, l’homme dont les convictions ne varient pas selon les circonstances.

Majorité possible.

Bien entendu, le réflexe de LR est conforme au fait indiscutable que la gauche, malgré le spectacle qu’elle donne de ses divisions, est structurellement minoritaire. On aura d’ailleurs remarqué que M. Macron n’est pas allé à gauche rechercher son complément de majorité, mais à droite,  où siège un parti idéologiquement intransigeant depuis que le Rassemblement national lui taille des croupières. M. Pradié reste de marbre. « Je crains, a-t-il déclaré ce matin, que LR  se laisse rouler par Renaissance (le parti macroniste) ». On est donc en droit d’imaginer que, malgré quelques défections LR, Emmanuel Macron  finira pas trouver, grâce au Sénat, une majorité absolue, qui priverait de toute riposte partis d’opposition et syndicats.

La gauche responsable de ses déboires.

Ce serait un grand chambardement qui pourrait bien se traduire par un remaniement gouvernemental, lequel permettrait de recruter des ministres LR et ancrerait Renaissance, mouvement macroniste, à droite durablement. La gauche, dans de telles circonstances, serait en partie  responsable de ce recul. Elle a combattu le pouvoir avec une telle force, une telle hargne, avec des arguments tellement périmés et elle s’est alignée si honteusement sur les dogmes de Jean-Luc Mélenchon, qu’en définitive, elle ne fait que récolter ce qu’elle a semé.

Une fois votée, la réforme accentuerait le clivage droite-gauche. La constitution d’une force de droite additionnant d’innombrables tendances serait le meilleur moyen de défaire Marine Le Pen aux élections de 2027. La patronne du RN se voit déjà entrer à l’Élysée pour cinq ans. C’est une illusion que les démocrates de ce pays doivent lui faire perdre à jamais.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Retraites : une petite lueur

  1. Dominique S dit :

    Faute de frappe ? RN ? LR ?

    Réponse
    Erreur sérieuse. La réponse est RN et la correction a été faite. Mais une chatte n’y retrouverait pas ses petits.
    R. L. (pas RN)

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